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SCANDALE - Deux haut-gradés écroués dans une affaire qui a coûté son titre à la Princesse Srirasmi

Deux officiers de police thaïlandais, impliqués dans le réseau de corruption qui a conduit à la disgrâce de la Princesse Srirasmi, ex-épouse du prince héritier, ont été emprisonnés vendredi pour crime de lèse-majesté.

Pongpat Chayapun, ex-chef du Bureau central des investigations, et son ancien adjoint Kowit Vongrongrot avaient été arrêtés courant novembre, en compagnie de plusieurs haut-gradés de l'armée thaïlandaise dans un scandale de corruption impliquant des proches de la Princesse Srirasmi, alors épouse de l'héritier de la couronne, le Prince Maha Vajiralongkorn.

Ce dernier lui a ensuite retiré son titre royal avant de divorcer d'avec elle dans une intrigue de palais opaque et dramatique qui a choqué l'élite du pays alors que la santé du monarque vénéré est de plus en plus préoccupante.

Les deux policiers ont été condamnés à six ans d'emprisonnement vendredi, après avoir reconnu leurs fautes, pour crime de lèse-majesté, selon le fameux article 112 du code pénal thaïlandais et pour corruption, selon un membre du tribunal.

"Il (Pongpat) a plaidé coupable des accusations contre lui, dont l'insulte envers la monarchie, et le juge l'a condamné à cinq ans plus douze mois d'emprisonnement", a confirmé à l'AFP un responsable de la cour criminelle de Bangkok, qui a souhaité garder l'anonymat.

"Sa peine a été réduite de douze à six ans parce qu'il a avoué aux juges", a-t-il ajouté.

Un second membre du tribunal a quant à lui rapporté que l'ancien adjoint de M. Pongpat, M. Kowit, a également été condamné à une peine de six années d'emprisonnement.

En vertu de la loi thaïlandaise sur le crime de lèse-majesté – l'une des plus sévères au monde – toute personne coupable d'insulte(s) envers le roi, la reine, l'héritier ou la régence encourt une peine pouvant aller jusqu'à quinze ans de prison pour chaque chef d'accusation.

Au moins 17 personnes ont été arrêtées au cours de l'enquête pour corruption visant ce groupe, accusé d'amasser illégalement de véritables fortunes, par le biais de réseaux de jeux d'argent et de trafic d'essence.

Les autorités thaïlandaises doivent désormais démontrer en quoi ces personnes entendues pour corruption ont diffamé la couronne.

Au moment de leur arrestation, Pongpat et ses proches auraient émis de "fausses déclarations". Ils auraient dit travailler pour le compte d'un membre de la famille royale sans accepter de le nommer.

Mais les officiers de police en charge de l'enquête ont laissé entendre qu'ils n'étaient pas en mesure d'obtenir plus de détails de peur de violer la loi sur le crime de lèse majesté.

Les médias du pays -- thaïlandais ou non -- se doivent d'être très précautionneux dans leurs reportages sur le roi et ses proches, choisissant parfois de s'autocensurer pour éviter de violer la loi. La simple répétition de détails concernant une affaire peut être considérée comme une atteinte à l'article 112.

Des associations de défense des droits de l'homme dénoncent le fait que les sanctions vis-à-vis du crime de lèse-majesté ont été considérablement accrues depuis le coup d'État de mai 2014, tandis que de nombreux universitaires estiment que la loi est instrumentalisée pour nuire au mouvement des "chemises rouges" -- partisans de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra.

La famille royale est un sujet particulièrement sensible dans un Royaume à l'actualité politique tourmentée. Le Roi Bhumibol Adulyadej, 87 ans -- le plus long monarque en activité -- est vénéré comme un demi-dieu, alors qu'il entame ce que beaucoup considèrent comme le crépuscule de son règne.
 

lepetitjournal.com bangkok
Publié le 1 février 2015, mis à jour le 22 octobre 2019

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