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RECHERCHE — L’Europe veut se mettre dans la peau des pays d’Asie du Sud-est

Écrit par Eric DESEUT
Publié le 5 février 2013, mis à jour le 22 octobre 2018

Avide d'informations de qualité sur l'Asie du Sud-est, l'Union Européenne a officiellement lancé le 1er février un programme de recherche dont l'originalité consiste à s'appuyer sur des acteurs locaux.

"Nous voulons comprendre comment les autres se voient", indique Philippe Keraudren, cadre de la Direction générale de la recherche et innovation auprès de la Commission européenne.

Conjurer le tropisme occidental

Bien qu'il s'agisse ici de tisser des liens pacifiques avec une région en pleine croissance économique, le spectre du gâchis irakien illustre le type de démarche à éviter. Si les États-Unis ont fait la preuve de leur ignorance du pays au cours de cette aventure guerrière, c'est qu'ils se sont appuyés sur leurs propres spécialistes dont la vision est forcément déformée par le prisme occidental. C'est pour éviter cette ornière que l'U.E. met donc en œuvre l'alliance de cinq institutions européennes (École française d'Extrême-Orient et les universités de Cambridge, Hambourg, Milan et Tallin) et de quatre universités d'Asie du Sud-est (université thaïlandaise de Chiang Mai et universités de Gadjah Mada en Indonésie et de Sains en Malaisie ainsi que l'académie vietnamienne des sciences sociales). L'Europe consacre un budget de 2,4 millions d'euros à ce projet intitulé SEATIDE ("Intégration en Asie du Sud-est. Trajectoires d'inclusion, dynamiques d'exclusion") qui va intégrer des communautés scientifiques sur une période de trois ans.

Europe et ASEAN : besoins mutuels et expériences à partager

La soif de connaissance se double d'un besoin mutuel de repères tant la construction européenne et l'évolution de l'Association des nations d'Asie du Sud-est (ASEAN) partagent une trajectoire comparable en dépit de contextes historiques très différents. Les européens engagés dans un projet unique dans l'histoire de l'humanité et les nations d'Asie du Sud-est qui s'apprêtent à initier leur propre version d'un marché économique commun en 2015 ont donc soif de partager leurs expériences. Les deux entités sont confrontées aux mêmes types d'arbitrages entre intégration et résistances locales. Un besoin de réglage illustré par une insistante actualité, qu'il s'agisse des velléités de divorce du premier ministre britannique en Europe ou de l'assistance aux réfugiés Rohingyas qui devrait être gérée au niveau de l'ASEAN, selon son ex-secrétaire général Surin Pitsuwan. Par ailleurs le récent rappel à l'ordre du Laos par des députés de l'ASEAN après la disparition toujours inexpliquée du militant Sombath Sompone démontre que les nations d'Asie du Sud-est commencent à définir timidement la marge de manœuvre de leurs sociétés civiles. "Les chercheurs impliqués dans le projet SEATIDE ne sont pas des intellectuels en chambre, mais des gens dotés d'une solide expérience de terrain", souligne Yves Goudineau, directeur de l'École française d'Extrême Orient à Chiang Mai qui coordonnera la recherche.

E.D. mardi 5 février 2013

Publié le 5 février 2013, mis à jour le 22 octobre 2018

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