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Plusieurs milliers de manifestants se préparent pour défiler à Bangkok

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REUTERS / Athit Perawongmetha - Plusieurs milliers de manifestants anti-gouvernement se sont rassemblés le 19 septembre 2020

Quelques dizaines de milliers de personnes ont participé samedi au premier acte de ce qui était annoncé comme un grand week-end de manifestation, applaudissant les appels à réduire les pouvoirs de la monarchie et à destituer du poste de Premier ministre l'ancien chef du coup d'État Prayuth Chan-O-Cha.

«Tant que la monarchie n’est pas régie par la Constitution, nous n'obtiendrons jamais une vraie démocratie», a déclaré le leader de la protestation et avocat des droits humains Arnon Nampa à la foule rassemblée près du Grand Palais au centre de Bangkok.

«Encore, encore», a scandé la foule après qu'Arnon Nampa a appelé à des coupes dans le budget royal et à des modifications de la Constitution pour placer le roi sans aucune ambigüité sous le contrôle de la juridiction constitutionnelle.

«Les gens peuvent protester, mais ils doivent le faire pacifiquement et dans le respect de la loi», a réagi le porte-parole du gouvernement Anucha Burapachaisri.

Arnon Nampa a annoncé que les manifestants dimanche déclareraient que "le pays appartient au peuple, pas à la monarchie" et placeraient une plaque commémorative en laiton, faisant écho aux paroles des dirigeants de la révolution de 1932 qui avait mis fin à la monarchie absolue.

Grande manifestation a Bangkok pour l'anniversaire du coup d'Etat
Les manifestants ont commencé à se rassembler dans l'après-midi autour de l'esplanade de Sanam Luang devant le Grand Palais et aux abords de l'université Thamassat. REUTERS/Athit Perawongmetha

Les manifestations qui se sont multipliées depuis la mi-juillet ont brisé un vieux tabou en critiquant la monarchie tout en demandant une nouvelle constitution et des élections.

Les autorités thaïlandaises ont réagi en soulignant que critiquer la monarchie est inacceptable dans un pays où le roi est constitutionnellement "intronisé dans une position de vénération". La loi de lèse-majesté, qui figure parmi les plus sévères au monde, prévoit de lourde peine de prison pour quiconque insulte la monarchie.

"Ne parlez pas du roi"

Les conservateurs sont horrifiés par les attaques ces dernières semaines à l’encontre de la monarchie.

"Vous pouvez chasser le Premier ministre, mais ne parlez pas du roi", a commenté sur Facebook un internaute alors que les discours étaient diffusés en direct de la manifestation.

Les journalistes de Reuters ont estimé la foule à au moins 30.000 personnes, tandis que la police a déclaré qu'il y en avait 18.000. Les organisateurs disent que la manifestation de samedi a rassemblé plus de 50.000 protestataires - ils avaient annonce 50 à 100.000 personnes. Quoiqu’il en soit, il s’agit du plus grand rassemblement depuis que Prayuth Chan-O-Cha a pris le pouvoir par un coup d'État en 2014.

Les manifestants ont annoncé qu'ils marcheraient vers la Maison du gouvernement dimanche matin.

Le roi n'est pas en Thaïlande. Il passe une grande partie de son temps en Europe depuis qu'il a pris le trône après le décès de son père en 2016.

Manifestation anti-gouvernement a Bangkok
REUTERS/Soe Zeya Tun

Les orateurs de la manifestation ont critiqué le roi pour son absence et pour son comportement, des commentaires qu’il eut été impensable de prononcer en public il y a quelques mois encore.

"Les gens sont des êtres humains, pas de la poussière sous vos pieds royaux", a déclaré dimanche matin la leader étudiante Panusaya Sithijirawattanakul à la manifestation. "Le peuple veut un roi qui protège la démocratie, pas un qui trahit la démocratie du peuple."

L'armée, qui s’auto-proclame défenseur de la monarchie et de la stabilité nationale, a mené plusieurs répressions sanglantes contre les manifestants depuis la fin de la monarchie absolue en 1932 ainsi que 13 coups d'État réussis.

Le 19 septembre est l'anniversaire du coup d'État de 2006 contre l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra. Parmi les manifestants samedi, se trouvaient de nombreux partisans de Thaksin, des membres du mouvement des "chemises rouges" des années 2008-2010, violemment réprimé par l’armée il y a dix ans sous la supervision de Prayuth Chan-O-Cha.

Manifestation anti-gouvernement a Bangkok
REUTERS/Soe Zeya Tun

"Je suis ici pour me battre pour l'avenir de mes enfants et petits-enfants. J'espère qu’ils deviendront libres avant que je disparaisse", a déclaré Tasawan Suebthai, 68 ans, ex-chemise rouge portant des amulettes autour du cou censées repousser les balles.

Les dernières manifestations jusqu'ici se sont déroulées de façon relativement pacifique, mais plus d'une douzaine de dirigeants de la manifestation ont été arrêtés puis libérés sous caution. Aucun n'a été inculpé en vertu de l’article 112 du code pénal, la fameuse loi de lèse-majesté que les manifestants entendent également faire retirer – en juin, Prayuth Chan-O-Cha avait déclaré que le roi avait demandé à ce que la loi de lèse-majesté ne soit pas utilisée.

Les manifestants veulent également à réduire les pouvoirs constitutionnels du roi et son contrôle sur la fortune du palais et les unités de l'armée.

Les medias thailandais rapportent que les policiers ont saisi un camion qui devait livrer 50.000 recueils des revendications du mouvement sur les reformes de la monarchie. Selon le journal Prachathai, la police aurait aussi fait pression sur les services de toilettes ambulantes pour qu’ils ne desservent pas la manifestation.
 

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