La cavale de "Vico"en Thaïlande aura vite tourné court. Arrivé le 11 octobre, le pédophile présumé recherché par Interpol a été arrêté vendredi par la police thaïlandaise dans la province de Nakhon Ratchasima. Néanmoins, l'enquête continue pour déterminer le nombre de victimes thaïlandaises du pédophile présumé
Christopher Paul Neil alias "Vico"pris par les caméras de surveillance des services de l'immigration de l'aéroport de Bangkok Suvarnabhumi le 11 octobre alors qu'il arrivait de Séoul
Le visage recouvert d'un vêtement pour échapper aux caméras et aux nombreux photographes qui l'attendaient, l'un des hommes les plus recherchés au monde est arrivé menotté à l'état-major de la police à Bangkok pour y être interrogé.
Christopher Paul Neil, le Canadien de 32 ans accusé par Interpol d'agression sexuelle sur 12 enfants, a été arrêté tôt vendredi dans une maison de la province de Nakhon Ratchasima, qu'il louait avec un ami thaïlandais de 20 ans.
Traqué pendant 8 jours par une police thaïlandaise fortement mobilisée
Professeur d'anglais en Corée du Sud, Neil avait été vu pour la dernière fois à son arrivée à l'aéroport de Bangkok le 11 octobre dernier, en provenance de Séoul.
Dès le suspect identifié, la police thaïlandaise a aussitôt mobilisé plusieurs divisions dans une traque qui a commencé à Pattaya. La police du tourisme a rassemblé des informations dans la rue et les lieux de divertissements nocturnes de la station balnéaire qui ont d'abord permis de savoir que Neil vivait avec un travesti thaïlandais de 20 ans nommé Oam, indique The Nation. Les enquêteurs ont ensuite appris que le couple venait de se rendre à Chaiyaphum, la ville natale du jeune Thaïlandais. A l'arrivée des policiers, le couple avait déjà déguerpi. Mais grâce aux enregistrements téléphoniques du mobile d'Oam les enquêteurs ont pu remonter jusqu'à eux dans une maison louée à Long Lawiang dans la province de Nakhon Ratchasima.
La police cherche d'autres éventuelles victimes thaïlandaises
Vendredi, après son arrestation, Neil a refusé de coopérer et de répondre aux questions de la police dès lors qu'elle portait sur ses agissements présumés. Il a été ensuite incarcéré dans la prison Remand de Bangkok. L'enquête aura néanmoins révélé qu'il avait également enseigné l'anglais en Thaïlande, à Hong Kong, et au Viêtnam. De plus, Bangkok avait lancé jeudi un mandat d'arrêt contre Neil pour "enlèvement, détention illégale et agression sexuelle sur mineur", après avoir recueilli le témoignage de deux adolescents thaïlandais, qui ont indiqué avoir été ses victime il y a plusieurs années.
La police thaïlandaise cherche maintenant à déterminer le nombre total d'enfants thaïlandais qui ont pu tomber dans les griffes de Neil. Elle a pour cela lancé un appel aux victimes éventuelles de Vico pour qu'elles se manifestent afin de compléter le dossier en vue du procès.
Le Major Général Wimon Pao-in, commandant de la Division pour la Suppression des Crimes contre les enfants, la jeunesse et les femmes, s'est dit confiant de pouvoir rassembler suffisamment de preuves pour punir Neil en Thaïlande. "S'il est reconnu coupable en Thaïlande, alors le procès se tiendra en Thaïlande jusqu'à la fin, a souligné l'officier".
Un juge de la Cour criminelle de Bangkok a signé l'ordre de prolonger sa détention à douze jours. Elle pourrait être prorogée jusqu'à 84 jours.
Néanmoins, plusieurs organisations de lutte contre l'abus des enfants rappellent que cette affaire, rondement menée par les autorités locales, ne doit pas faire oublier que les pays de la région restent un terrain privilégié pour les pédophiles locaux et venant du monde entier, les lois et les mesures de répression manquant encore beaucoup de rigueur.
(lepetitjournal.com avec AFP) lundi 22 octobre 2007
Jugé en Thaïlande et ailleurs
Inculpé samedi pour enlèvement, détention illégale et agression sexuelle sur mineur, Neil va donc être confronté dans un premier temps à la justice thaïlandaise. Mais l'homme pourrait ensuite faire face à d'autres accusations et être ensuite extradé, a indiqué l'un des responsables de la police thaïlandaise, le Major Général Wimon Pao-in. Le pédophile présumé fait aussi l'objet d'une enquête dans sa province natale de Colombie-Britannique, selon des médias canadiens. Mais aucune accusation formelle n'aurait encore été portée contre lui. Ottawa dispose depuis quelques années d'une loi sur le "tourisme sexuel"lui permettant de poursuivre ses ressortissants qui exploitent sexuellement des enfants à l'étranger et devrait donc demander son extradition. Dans la foulée du mandat d'arrêt lancé jeudi par Bangkok, Interpol avait diffusé le même jour une "red notice"(avis de recherche international en vue d'extradition).
Christopher Neil a fait savoir à la police thaïlandaises hier qu'il ne voulait pas être extrade vers le Canada.
Retour sur la traque mondiale lancée par Interpol
Le 7 octobre Interpol lance un appel à témoins mondial pour tenter d'identifier un homme vu abusant sexuellement plusieurs enfants sur plus de 200 photos obscènes diffusées sur Internet. L'initiative constitue une première pour l'organisation internationale de police criminelle dont le siège est à Lyon. Interpol précisera par ailleurs que "les spécialistes allemands du Bundeskriminalamt (BKA)"ont permis d'obtenir "une image exploitable"des photographies originales, retouchées par l'intéressé ou par ses complices afin que son visage ne soit pas reconnaissable.
Le 11 octobre, grâce à l'appui des autorités sud-coréennes et thaïlandaises les enquêteurs déterminent que le suspect a pris un avion à Séoul à destination de Bangkok.
Le 15, Interpol annonce avoir déjà identifié l'homme surnommé "Vico", grâce aux informations provenant de 350 réponses à l'appel mondial ainsi que la collaboration de ses bureaux du monde entier.
Le 17, Mick Moran, l'un des enquêteurs d'Interpol, appelle le suspect à se rendre immédiatement aux autorités. "Il est connu maintenant internationalement et il n'y a aucun endroit où il puisse se cacher", dit-il.
Le 18, Bangkok lance un mandat d'arrêt contre Neil pour "enlèvement, détention illégale et agression sexuelle sur mineur", après avoir recueilli le témoignage d'un garçon thaïlandais de 14 ans, qui a indiqué avoir été sa victime il y a plusieurs années.
Dans la foulée du mandat d'arrêt lancé par Bangkok, Interpol diffuse le même jour une "red notice"(avis de recherche international en vue d'extradition).
Le 19, la police thaïlandaise appréhende Neil en compagnie d'un jeune travesti dans une maison de Nakhon Ratchasima.
"Nous sommes extrêmement satisfaits de son arrestation", a commenté à l'AFP Mick Moran, l'un des enquêteurs d'Interpol. "Le fait que nous ayons publié sa photo et lancé un appel général a été décisif"dans son interpellation", a-t-il ajouté.