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L'opposition thaïlandaise taxe le chef de l'armée d'inciter à la haine

Apirat-Militaire-ThailandeApirat-Militaire-Thailande
Reuters
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 13 octobre 2019, mis à jour le 13 octobre 2019

Le parti d'opposition thaïlandais Anakot Mai (Nouvel Avenir) a accusé samedi le chef de l'armée de s'immiscer dans la politique et d'inciter à la haine, répliquant à une attaque de ce dernier lancée la veille contre des politiciens et des universitaires.

Le régime de la junte militaire qui gouvernait la Thaïlande depuis 2014 a officiellement pris fin en juillet. Mais la nouvelle administration civile est toujours dirigée par l'ancien chef de l'armée ayant mené le coup d’état qui a renversé le précédent gouvernement élu il y a cinq ans.

Le général Apirat Kongsompong, l’actuel chef de l'armée qui avait assuré à plusieurs reprises que l'armée s'était retirée de la politique, a vivement critiqué vendredi les hommes politiques et les universitaires de l'opposition, les accusant de conspirer pour laver le cerveau des jeunes et les mobiliser, et d'avoir des idées "communistes" visant à renverser la monarchie.

Il n'a pas identifié les personnes mais deux images de silhouette détourée qu'il a montrées au cours de son discours passionné laissaient facilement reconnaitre Thanathorn Juangroongruangkit, leader charismatique du parti Anakot Mai (Nouvel Avenir), très populaire auprès des jeunes thaïlandais.

En réponse à cette attaque, le secrétaire général du parti, Piyabutr Saengkanokkul, a déclaré que le chef de l'armée s'immisçait dans la politique et dépeignait les gens ayant une vision progressiste comme des ennemis de l'État afin d’inciter à la haine.

"Le discours tend à renforcer les conflits et les divisions. Nous avons vu pendant la guerre froide que les personnes étiquetées communistes devinrent ennemis de l'État, désignées pour être éliminées par tous les moyens", a rappelé Piyabutr, faisant référence au massacre de l’université Thammasat en 1976.

"Vous essayez d'évoquer une autre guerre froide dans ce pays alors qu’il n'y en a pas", a déclaré Piyabutr, ancien universitaire en droit.

Le 6 octobre 1976, les forces de l’ordre thaïlandaises et des groupuscules royalistes s’en étaient pris à un groupe d'environ 2.000 étudiants de l'université de Thammasat. Ils avaient tué plusieurs dizaines d’entre eux, les accusant de sympathiser avec les mouvements révolutionnaires de gauche qui faisaient rage dans la région à l'époque.

La loi thaïlandaise fait que la monarchie du royaume ne peut faire l’objet d’aucun reproche. Le parti Anakot Mai a démenti les accusations selon lesquelles il serait un parti anti-monarchie, affirmant que l’institution est intouchable.

Piyabutr estime que par ce genre de rhétorique Apirat essaye de créer l’illusion qu’une crise existe afin de donner à l'armée le prétexte d’invoquer des pouvoirs spéciaux et de justifier son ingérence dans la politique.

"Il faut toujours qu'il y ait une crise pour que l'armée demeure puissante... Cette crise, il faut la concevoir puis l’instiguer", a déclaré Piyabutr.

Il a également appelé à des réformes pour faire en sorte que le rôle et l’action de l’armée soient en ligne avec les valeurs démocratiques.

"L'armée ne s’inscrit pas en ligne avec la démocratie, s'ingère constamment dans la politique, se tient toujours prête à prendre le pouvoir", a-t-il déclaré.
 

Publié le 13 octobre 2019, mis à jour le 13 octobre 2019

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