Les Nations unies se sont déclarées mardi "consternées" par les sentences "disproportionnées" prononcées ces derniers mois pour des cas de lèse-majesté en Thaïlande, citant notamment deux condamnations vendredi à 28 et 30 ans de prison, alors que le nombre de poursuites explose depuis la prise de pouvoir par la junte.
"Nous sommes consternés par les peines de prison incroyablement disproportionnées prononcées au cours des derniers mois pour des cas de crime de lèse-majesté en Thaïlande", a déclaré mardi un porte-parole pour les Nations unies dans un communiqué.
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L'ONU a notamment évoqué les deux dernières condamnations, parlant des plus "sévères peines" infligées depuis 2006 quand les Nations unies ont commencé à suivre les procès pour lèse-majesté.
Le 7 août, un homme a été condamné à 30 ans de prison et une femme à 28 ans après avoir publié plusieurs messages sur Facebook jugés insultants pour la famille royale.
La monarchie thaïlandaise est protégée par une des lois de lèse-majesté les plus sévères du monde, ayant pour conséquence une importante autocensure des médias, y compris étrangers.
Et depuis le coup d'Etat de mai 2014, les poursuites et condamnations pour lèse-majesté sont en constante augmentation.
Selon iLaw, une organisation locale de défense des droits de l'homme qui suit les affaires de lèse-majesté, il y avait seulement deux cas de poursuites pour lèse-majesté à la veille du coup d'Etat. Le nombre d'affaires en cours actuellement est d'au moins 56.
Les militaires au pouvoir ont fait de la lutte contre le crime de lèse-majesté leur cheval de bataille, dans un contexte de grande incertitude liée à la succession du roi.
La vive condamnation onusienne intervient alors que le roi Bhumibol Adulyadej est hospitalisé et soigné pour une infection à la poitrine et une hydrocéphalie, d'après un communiqué du palais publié lundi.
Le roi est présenté comme un demi-dieu et le bienfaiteur de la nation depuis des décennies. Il est de fait perçu aujourd'hui comme le ciment d'une nation très divisée.
L'ONU se dit également "alarmée par l'aggravation des difficiles conditions de détention" et par le fait que "les tribunaux militaires ne respectent pas les normes internationales des droits humains, notamment le droit à un procès équitable".
"Nous appelons à la libération immédiate" de toutes les personnes en "détention préventive prolongée pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression", ajoute l'ONU, qui demande une modification de la loi.
"Le discours impitoyable de la junte pour protéger la monarchie encourage les cyber-justiciers à traquer les suspects de crime de lèse-majesté. C'est un triste constat quand des civils sont emprisonnés pour des décennies pour avoir simplement exprimé leurs opinions", estime Andrea Giorgetta de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH).
La loi prévoit que n'importe qui peut déposer plainte pour lèse-majesté et la police se doit d'enquêter.
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