Quelques jours après le décès du dugong Mariam, mort d'avoir ingurgité des déchets plastiques, un cerf et une tortue ont connu le même sort. La Thaïlande est l’un des pays qui consomment le plus de polymères, causant chaque année la perte de centaines d’animaux.
Mariam, un bébé dugong - aussi appelé vache marine -, était devenu une star des réseaux sociaux et l’annonce de son décès le 17 août dernier des suites d’une infection aggravée par des déchets plastiques trouvés dans son estomac, a suscité un émoi planétaire. L’acteur américain Leonardo DiCaprio, ardent défenseur de l’environnement, a partagé la photo de Mariam sur Instagram pour attirer l’attention sur ce décès tragique.
Quatre jours plus tard, un cerf était retrouvé mort dans le parc de Khao Yai avec 3 kilos de plastique dans l’estomac. Ces dernières semaines, quatre tortues imbriquées, une espèce protégée, ont succombé au large des plages de Chonburi selon Thai PBS, pour avoir ingéré du plastique.
Thon Thamrongnawasawat, biologiste marin et défenseur de l’environnement, déclarait à l’AFP que chaque année au moins 300 animaux marins, dont des baleines, des tortues de mer et des dauphins meurent dans les eaux thaïlandaises après avoir ingurgité du plastique.
La Thaïlande fait partie des cinq pays les plus pollueurs de la planète avec la Chine, l’Indonésie, les Philippines et le Vietnam. À eux seuls, ils sont responsables de plus de la moitié des huit millions de tonnes de plastique rejetées tous les ans dans les océans, selon un rapport de 2017 de l’ONG Ocean Conservancy.
La fin du plastique en 2022 ?
Les Thaïlandais utiliseraient au moins 3 sacs en plastique par jour, ce qui représente près de 76 milliards de sacs en plastique par an! Le département du contrôle de la pollution (PCD) a récemment publié un rapport dans lequel il annonce une réduction de près de 2% (soit 1,5 milliard de sacs) entre le mois d’août 2018 et août 2019 grâce aux différentes campagnes de sensibilisation de la population. Une réduction modeste, mais le mouvement semble engagé, même si pour les environnementaliste la gravité de la situation nécessite des mesures drastiques d'urgence.
Lors du sommet de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) qui se tenait à Bangkok fin juin, les pays d'Asie du Sud-Est se sont engagés à lutter contre la pollution des océans,.
De son côté, si le Premier ministre Prayuth Chan-o-cha a affirmé sa détermination à protéger la vie marine contre les déchets, il a en revanche refusé de répondre aux appels des environnementalistes demandant l'interdiction immédiate des sacs en plastique à usage unique.
Dans sa feuille de route qui vise à réduire la pollution, les plastiques à usage unique, et améliorer le traitement des ordures, le gouvernement prévoit de bannir d’ici la fin de l’année les bagues des bouchons de bouteilles, les emballages plastiques oxobiodégradables et les microbilles dans les cosmétiques. Il faudra par contre attendre 2022 pour que les sacs plastiques, les emballages en polystyrène, les gobelets plastique et les pailles soient également interdits.
Plus tôt dans l’année, Prayuth avait annoncé que le pays espérait réduire les déchets marins de 50% d’ici à 2027 et qu’à partir de 2030, l’intégralité des ordures plastiques seraient recyclées.
En attendant, le Département des ressources marines et côtières (DMCR) serait en train de mettre au point un robot doté d'intelligence artificielle pour collecter des déchets avant qu’ils atteignent la mer rapporte le Le Courrier du Vietnam. Surnommé le SCG Smart Litter Trap 4.0, le robot serait programmé pour collecter les déchets plastiques en chalutant sur les rivières. D’une capacité de collecte de 5 kilos de déchet, les robots devraient être lancés d'ici la fin de cette année et voir leur capacité de ramassage monter à 100 kilos.
La responsabilité de tous
Là-dessus, le Premier ministre exhorte la population à agir et à prendre ses responsabilités. "Chacun a le devoir d’aider à réduire les déchets plastiques. Il est injuste et inutile de blâmer le gouvernement lorsque des animaux marins meurent à cause de déchets. C’est la responsabilité de tous" a déclaré Prayuth Chan-o-cha au Bangkok Post.
Du côté du secteur privé, toujours sensible aux tendances, plusieurs acteurs de poids dans le royaume semblent vouloir porter le changement.
Depuis le 3 juillet, les centres commerciaux du groupe The Mall, Emporium, EmQuartier, Siam Paragon et BluePort Hua Hin Resort Mall ainsi que les Gourmet Market demandent aux clients de payer 1 baht par sac en plastique. Précurseurs, les magasins HomePro ont démarré la même action depuis le mois de juin. D’autres supermarchés proposent des jours “sans plastique”, tandis que d’autres comme l'enseigne Rimping, dans le nord de la Thaïlande, emballent les fruits et légumes dans des feuilles de bananiers.
Des initiatives encourageantes qui ne demandent qu’à s’amplifier! Une manifestation pour le climat se tiendra d’ailleurs à Bangkok le 20 septembre prochain.