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La Thaïlande renvoie les Hmong au Laos dans l'indifférence générale

Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 2 juillet 2008, mis à jour le 23 juin 2019

Depuis le début de l'année la situation des réfugiés hmong de Thaïlande ne cesse de se détériorer. Rapatriés contre leur gré par les autorités thaïlandaises, ces anciens soldats de la lutte contre l'expansion communiste espèrent désespérément que la communauté internationale s'intéresse à eux

En Février 2008, le ministre thaïlandais des affaires étrangères Noppadon Pattama déclarait que les gouvernements de la Thaïlande et du Laos avaient conclu un accord pour organiser le rapatriement d'ici la fin 2008 de tous les Hmong, soit environ 8.000 personnes, réfugiés dans le camp de Huai Nam Khao. Depuis, la situation n'a cessé d'empirer, car cet accord est intervenu en dehors de toute implication des organisations internationales qui devraient logiquement superviser une telle opération. La semaine dernière près de 800 Hmong ont déjà été renvoyés au Laos dans un convoi dirigé par l'armée thaïlandaise. La Thaïlande prétend que ces départs ont lieu sur la base du volontariat, mais il ne fait guère de doute que la plupart des expulsés l'ont été contre leur gré.

Des départs prétendument volontaires

Un certain nombre de témoignages réunis par l'ONG Médecins Sans Frontières (MSF) font état de répressions contre les Hmong, aussi bien avant leur arrivée en Thaïlande, qu'après leur rapatriement au Laos. "Des familles ont été séparées. Une de nos employées hmong qui s'était jointe à cette marche a été renvoyée au Laos sans ses enfants et d'autres cas similaires nous ont été rapportés. Beaucoup de réfugiés avaient exprimé de fortes craintes à l'idée d'être renvoyés au Laos", a indiqué Gilles Isard, chef de mission MSF en Thaïlande.

Le 19 juin, le camp de réfugiés était au bord de l'émeute: 5 000 réfugiés avaient entamé une marche pour protester contre l'accord de rapatriement conclu entre les gouvernements thaïlandais et laotien. Ces manifestants ont été encerclés par l'armée thaïlandaise deux jours plus tard près du village de Kek Noi et MSF estime que depuis lors 1.300 personnes n'ont pas rejoint le camp de Huai Nam Khao. Les 800 réfugiés hmong renvoyés de force au Laos faisaient comme par hasard partie de ce groupe de manifestants.

Le HCR grand absent des négociations

Depuis plusieurs années MSF réclame que le HCR intervienne au camp de Huai Nam Khao et prenne en charge la question des rapatriements, c'est-à-dire de l'examen individuel des dossiers. Mais la Thaïlande considère par principe que les Hmong sont des immigrants économiques, le HCR n'a donc jamais eu le droit de pénétrer dans le camp. Et malgré de nombreuses demandes officielles, l'organisme onusien n'a pas été autorisé à évaluer les conditions matérielles des réfugiés, ni à examiner leur dossier de façon objective.

Samedi, l'UNHCR a néanmoins exprimé son inquiétude concernant la situation des Hmong. Jennifer Pagonis, porte-parole pour la Haute Commission de l'ONU pour les réfugiés, estime que les récentes expulsions pourraient aller à l'encontre du principe qu'aucun réfugié ou demandeur d'asile ne doit être forcé de retourner dans un pays où il risque des persécutions. "Le manque de transparence et l'absence de tierce partie pour surveiller l'opération de retour rend impossible de vérifier la nature volontaire du rapatriement"a-t-elle ajouté. Mais l'accord bilatéral passé entre le Laos et la Thaïlande prévoit expressément l'exclusion de toute intervention de tierce partie. La situation semble donc inextricable pour les Hmong tandis que la communauté internationale reste curieusement indifférente. Lire l'article complet avec les témoignages recueillis pas MSF sur http://thailande-fr.com/. Lire aussi notre critique du livre de Cyril Payen Laos, la guerre oubliée Voir aussi le travail du photoreporter Roger Arnold.

Par Olivier LANGUEPIN mercredi 2 juillet 2008
 
Bons et loyaux services oubliés
Ils sont plus de 6.000 à vivre dans le camp de Huai Nam Khao après avoir fui le Laos, leur pays d'origine mais aussi un pays communiste qu'ils ont pour la plupart quitté parce qu'ils redoutaient la répression et les mauvais traitements. Les Hmong font partie de ces réfugiés oubliés du monde, entassés dans des camps provisoires, et coincés entre deux pays qui les rejettent. La Thaïlande veut s'en débarrasser, et le Laos veut les punir pour avoir aidé les Américains pendant la guerre du Vietnam. Parce que certains d'entre eux ont servi comme auxiliaires de l'armée américaine et ont travaillé pour la CIA, les Hmong sont pourchassés et persécutés par le gouvernement communiste du Laos. Plusieurs milliers d'entre eux ont réussi à fuir leur pays et à se réfugier en Thaïlande, notamment dans la région de Petchabun, mais les autorités thaïlandaises ne leur ont jamais accordé le statut de réfugiés politiques, et les considèrent toujours comme des immigrants illégaux.

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Publié le 2 juillet 2008, mis à jour le 23 juin 2019

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