L’opposition thaïlandaise évincée du pouvoir par l’armée en 2014 a appelé jeudi la junte militaire à lever l’interdiction d’activité politique alors que le moment des élections tant promises et constamment repoussées jusqu'ici approche.
Le roi Maha Vajiralongkorn a approuvé mercredi deux projets de loi devant permettre de passer outre les obstacles bureaucratiques pour organiser des élections générales, promises et repoussées continuellement pendant des années par la junte thaïlandaise. Un scrutin devra donc avoir lieu d’ici au mois de mai.
Les détracteurs de la junte souhaitent pouvoir organiser des rassemblements politiques, ce qui est interdit depuis le coup d’Etat fomenté il y a quatre ans pour évincer du pouvoir le gouvernement élu mené par le parti Puea Thai de Yingluck Shianawatra.
"Nous demandons à la junte de lever l’interdiction d’activité politique dès que possible," a déclaré Pichai Naripthaphan, un ancien ministre du gouvernement Shinawatra. "Alors que le pays se dirige vers des élections, nous avons besoin d’une bonne atmosphère, propice à ce que les gens expriment leurs opinions."
Des personnalités de la junte ont laissée entendre que la date du scrutin serait le 24 février. Cette date est de plus en plus probable, selon Pichai Naripthaphan qui met en garde le Conseil National pour la Paix et l’Ordre (NCPO) - le nom officiel de la junte – de ne pas la reporter une nouvelle fois. "Si le NCPO la repousse encore, il va y avoir des pressions locales et internationales," dit-il.
Le Puea Thai est lié au clan Shinawatra, famille de politiciens riche et influente dont les partis et représentants ont gagné toutes les élections législatives depuis 2001.
Mais deux coups d’Etat militaires et des jugements de la cour constitutionnelle ont fait tomber leurs gouvernements, poussant Yingluck et, avant elle, son grand frère Thaksin à fuir le pays pour éviter l’emprisonnement.
L’ambassadeur des Etats-Unis en Thaïlande, Glyn Davies, a déclaré dans un communiqué jeudi que l’approbation des deux projets de loi pour engager le processus électoral l’an prochain constituait une "avancée positive".
Tandis que l’interdiction d’activité politique figeait toutes les factions, interdisant le moindre débat, même en université, le chef de la junte, Prayuth Chan-O-Cha ne s’est pas privé ces derniers mois pour se positionner en candidat potentiel, enchainant les tournées en province, promettant le développement économique et brossant les barons locaux dans le sens du poil à grands renforts de promesses d’investissements et de séances photos et autres selfies sympathiques.
Jeudi, le chef de la junte accueillait dans la Maison du Gouvernement le fameux groupe J-pop "AKB48", agitant un néon rose au rythme d’un des tubes phares du groupe d’ados japonaises super sexy et posant pour la photo.
Bien qu’il assure ne pas avoir d’ambitions politiques sur le long terme, d’aucuns s’attendent à voir se créer dans les prochains jours une formation politique alignée sur les vues de l’armée.