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Des dizaines de partis s’inscrivent en vue des élections en Thaïlande

Parti Thang LuekParti Thang Luek
AFP / Lillian SUWANRUMPHA - Des membres du parti Thang Luek sont venus pour enregistrer leur parti auprès de la commission électorale, à Bangkok le 2 mars 2018
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 4 mars 2018

Nouveaux logos et dirigeants, la Thailande a fait un petit pas en faveur de la démocratie, vendredi quand plus de 40 partis politiques nouvellement créés se sont enregistrés en vue des élections qui se tiendront début 2019.

La Thaïlande vit sous l'autorité d’une junte militaire depuis le putsch de 2014 qui avait évincé le dernier gouvernement élu.
Il s’agit du régime le plus autoritaire depuis plusieurs décennies

La junte militaire qui avait depuis interdit toute activité politique et plusieurs fois repoussé le retour promis à la démocratie, n'a toujours pas fixé de date précise pour le scrutin.

Mais le chef de la junte a affirmé mardi que les élections auraient lieu "au plus tard" en février 2019, alors que l'impatience de la population face aux reports répétés du scrutin est de plus en plus visible.

Au moins 42 noms de partis politiques ont été soumis à la Commission électorale depuis vendredi selon la presse locale.

Parti démocratique du Siam, Parti pour l'unité de la Thaïlande... la plupart des nouveaux entrants sont des novices en politique venus du milieu des affaires, du milieu universitaire, mais aussi plusieurs partis créés par des agriculteurs du nord et du sud du pays et même une star de youtube.

Les partis ont jusqu'à la fin du mois de mars pour s'enregistrer et la commission dispose de 30 jours pour approuver ou non les candidatures.

Mais la junte refuse toujours de lever entièrement l’interdiction d'activités politiques, empêchant ainsi toute forme d’organisation au sein des partis et contenant pour l’heure tout lancement d’une quelconque campagne électorale. 

Système de partis politique fragile et fragmenté

Le vice-Premier ministre Wissanu Krea-ngam a indiqué que les partis devaient demander la permission de la junte avant de tenir quelque réunion que ce soit.

"Ils peuvent annoncer qui ils soutiennent pour devenir le prochain Premier ministre, mais ils ne peuvent communiquer leur projet de politique générale," a-t-il ajouté.

La vie politique thaïlandaise est dominée depuis près de 20 ans par le parti Puea Thai et ses précédentes incarnations (Palang Prachachon et Thai Rak Thai, dissouts respectivement en 2008 et 2007 par décision de justice) qui ont remporté toutes les élections nationales depuis 2001. Mais le Puea Thai est aujourd'hui affaibli par l'exil de ses principaux chefs - Yingluck et Thaksin Shinawatra, pour échapper à des poursuites qu'ils jugent politiques.

Depuis leur arrivée aux manettes, les militaires craignent justement un retour au pouvoir de la famille Shinawatra, leur bête noire.

D'où, selon les analystes, le peu d'entrain des militaires à organiser un scrutin. Après le coup d'Etat de 2006, les Shinawatra étaient en effet revenus au pouvoir par une large majorité dès les premières élections organisées.
La junte est donc déterminée à plomber l'influence du clan Shinawatra et de son parti le Puea Thai pour les prochaines élections. 

Pour cela, une nouvelle Constitution rédigée après le coup d’Etat assure maintenant un verrouillage institutionnel (le Sénat, où plusieurs sièges sont réservés aux militaires, sera entièrement nommé et aura un contrôle sur le Parlement) entravant les grands partis et réduisant considérablement le pouvoir des politiciens élus. 

La Constitution contient également une disposition qui permettrait au Parlement d'installer un Premier ministre non-élu, un scénario qui intéresserait, selon les analystes, le chef de la junte Prayuth Chan-O-Cha.

Thitinan Pongsudhirak, conférencier à l’Université Chulalongkorn estime que la constitution de la junte a "clairement été destinée à empêcher les plus grands partis de réussir et maintenir le système de partis fragile et fragmenté."

"Le gouvernement issu des élections sera très probablement une coalition hétéroclite sous influence militaire… peut-être dirigée par un général, tel que Prayuth lui-même," a-t-il ajouté. 

lepetitjournal.com bangkok
Publié le 4 mars 2018, mis à jour le 4 mars 2018

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