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La Chine appelée à la transparence quant à ses activités sur le Mékong

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REUTERS / Panu Wongcha-um - Le site du futur barrage de Luang Prabang au Laos, le 5 février 2020
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 17 avril 2020, mis à jour le 9 juillet 2020

Plusieurs organisations oeuvrant pour la protection du Mékong ont appelé la Chine à une plus grande transparence et une meilleure coopération après la diffusion d’un rapport selon lequel les barrages chinois auraient retenu l'eau alors que les pays en aval souffraient d'une sécheresse désastreuse l'année dernière.

La Chine a contesté les conclusions de l'étude financée par le gouvernement américain et a déclaré qu'elle ferait tout son possible pour garantir un déversement raisonnable de l'eau pour les pays du bassin du Mékong, à savoir le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam.

L'étude, menée par la société Eyes on Earth, a constaté via des données satellitaires que 11 barrages chinois retenaient l'eau alors que cette région de la Chine disposait de niveaux supérieurs à la moyenne tandis qu’au contraire les pays en aval souffraient de la pire pénurie en plus de 50 ans.

La Commission du Fleuve Mékong (MRC), un organisme intergouvernemental qui travaille avec les gouvernements du Laos, de la Thaïlande, du Cambodge et du Vietnam pour gérer le bassin du Bas-Mékong, a déclaré que l'étude ne prouvait pas que la rétention d'eau était à l'origine de la sécheresse.

Mais son secrétariat a fait savoir qu'il attendait davantage d'informations de la part de la Chine ainsi qu'une relation de travail plus formelle.

"La Chine, en tant que partenaire de dialogue avec la MRC, a fourni ses données sur le niveau d'eau et les précipitations pendant la saison des inondations, depuis seulement deux de ses stations sur le Haut-Mékong", a-t-elle déclaré en réponse aux questions de Reuters. "La MRC a tenté d'obtenir des données sur la saison sèche en Chine, mais aucun accord n'a encore été conclu."

Aucun gouvernement des pays en aval n'a répondu à une demande de réaction de Reuters. La question du débit du Mékong est un sujet sensible dans les relations avec la Chine, puissance dominante de la région.

En Thaïlande, le hashtag #StopMekongDam était populaire sur Twitter mercredi après l’annonce du nouveau rapport.

Plusieurs militants écologistes ont déclaré que l'étude confirmait leurs soupçons.

"Nous ne pouvons pas nous contenter d'attendre que la Chine dise quand elle libérera l'eau de ses barrages, les pays du Mékong doivent également avoir leur mot à dire", estime Niwat Roykaew, un écologiste du nord de la Thaïlande.

La Chine n'a signé aucun traité officiel sur l'eau avec les pays du Bas-Mékong et partage peu d’informations.

Au Cambodge, Hok Menghoin, du Forum des ONG sur le Cambodge, a indiqué que le rapport permettrait aux gouvernements en aval de plaider leur cause dans leurs discussions avec la Chine.

"Les actions de la Chine doivent aller bien au-delà des lâchés d'eau intermittents", a déclaré Pianporn Deetes, une activiste thaïlandaise du groupe de pression International Rivers.

"Il faut qu’il y ait un changement sur le long terme dans la façon d’opérer les barrages pour prioriser les retombées des services écosystémiques vitaux pour les moyens de subsistance des communautés en aval".

Les États-Unis, qui essaient tant bien que mal de tenir tête à l'influence croissante de la Chine en Asie du Sud-Est, considèrent que Pékin a pris le contrôle du Mékong. L’année dernière à Bangkok, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo avait imputé la sécheresse à «la décision de la Chine de couper l’eau en amont».
 

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