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Inquiet, le chef de l’armée, se dit "prêt à faire son devoir"

Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 24 février 2014, mis à jour le 23 octobre 2020

Le chef de l'armée a fait savoir lundi que le pays risquait de s'effondrer s'il ne parvenait pas à endiguer l'escalade de violence qui a tué trois enfants ce week-end, portant le bilan à 21 morts et plus de 700 blessés. Une déclaration qui ne laisse pas indifférent dans un pays habitué aux interventions militaires

Une fillette blessée dimanche dans une attaque à la grenade à Bangkok est décédée lundi, portant à trois le nombre d'enfants tués ce week-end. Le bilan de cette crise qui dure depuis près de quatre mois est désormais de 21 morts et quelque 700 blessés, après le décès lundi d'un policier ayant reçu une balle dans la tête lors d'affrontements la semaine dernière avec les manifestants qui veulent le départ de la Première ministre, Yingluck Shinawatra.

C'est la crise la plus grave que traverse la Thaïlande depuis 2010, quand le mouvement des "chemises rouges" fidèles à l'ex-Premier ministre, Thaksin Shinawatra, frère de Yingluck, avait été l'objet d'un assaut de l'armée. La crise avait fait plus de 90 morts et 1.900 blessés.

"A mesure que les jours passent, il y aura plus de violence, jusqu'à ce qu'elle devienne incontrôlable", a déclaré lundi, lors d'une rare adresse télévisée, Prayut Chan-O-Cha, le puissant chef de l'armée de terre. Si la crise se poursuit, "le pays va s'effondrer, c'est sûr, et il n'y aura ni gagnants ni perdants", a-t-il ajouté.

Il a assuré que l'armée était "prête à faire son devoir" mais "ne voulait pas utiliser la force ni les armes dans un combat non nécessaire avec le peuple thaïlandais". Il n'a pas développé davantage.

Les déclarations de l'armée sont toujours analysées avec attention dans un pays qui a connu 18 putschs, réussis ou non, depuis 1932. Les détracteurs des manifestants accusent leurs leaders de chercher à réunir les conditions nécessaires pour pousser les militaires à prendre le pouvoir.

Tenir les enfants éloignés des zones de manifestations

L'attaque à la grenade de dimanche en plein centre de Bangkok, près d'un rassemblement antigouvernemental, a fait trois morts au total: la fillette de six ans décédée lundi, son frère de quatre ans, et une femme de 59 ans. Samedi, une fillette de cinq ans avait déjà trouvé la mort lors d'une fusillade pendant une autre manifestation antigouvernementale dans la province de Trat, dans l'est du pays.

C'est la première fois depuis le début de la crise politique en Thaïlande que des enfants sont tués, suscitant un appel de l'Unicef lundi: "les abords des barricades doivent être des zones sans enfants".

Le chef du Conseil de sécurité nationale, Paradorn Pattanatabut, a quant à lui rejeté la responsabilité des deux drames du week-end sur le PDRC, organisateur des manifestations, qui de son côté accuse le gouvernement. "Ceux qui ont causé les incidents sont liés au PDRC", a accusé Paradorn.

En déplacement lundi en province, la Première ministre avait qualifié dimanche d'acte "terroriste" l'explosion dans laquelle les deux enfants ont été tués à Bangkok. Elle s'est produite en plein jour entre les carrefours Ratchaprasong et Pratunam, dans un quartier touristique qui accueille centres commerciaux et hôtels de luxe.

Eléments lourdement armés dans les manifs
Yingluck a passé la journée de lundi à inspecter des productions artisanales de la province de Saraburi, à 150 kilomètres à l'est de Bangkok, ce qui a amené ses opposants à décréter qu'elle fuyait la capitale.

Le leader des manifestants Suthep Thaugsuban - qui a été inculpé fin 2013 pour son rôle dans la répression sanglante des manifestations “rouges” de 2010 en tant que chargé de la sécurité et vice-Premier ministre - a déclaré que le gouvernement devait porter la responsabilité des violences de ce week-end.

"Nous utilisons des tactiques pacifiques... durant les quatre derniers mois, nous n'avons jamais créé de violence," a-t-il assuré, droit dans ses bottes, à la foule de manifestants.

Les autorités ont fait savoir que l'utilisation d'armes semi-automatiques contre les forces de l'ordre la semaine dernière, indiquait clairement que les manifestants sont protégés par des éléments lourdement armés, ce que confirment également des images de la télévision. Un ancien militaire français résidant en Thaïlande nous a par ailleurs fait savoir sous couvert d'anonymat, que deux anciens militaires ayant servi plus de 20 ans dans la Légion Etrangère, l'un d'eux Thaïlandais, auraient été employés depuis plusieurs mois à la sécurité des sites de manifestation.

Durant les manifestations de 2010 organisées par le camp adverse - pro-Shinawatra -, des actions armées avaient été menées par des professionnels de haut niveau non identifiés, utilisant notamment grenades et tirs de précision (sniper). Ces actions, manifestement destinées à enflammer le conflit, avaient fait des victimes chez les forces de l'ordre, les manifestants pro et anti-gouvernement et aussi un journaliste japonais.

Outre la tête de Yingluck, les protestataires réclament la fin de l'influence de son frère Thaksin. Les législatives anticipées du 2 février n'ont pas permis d'apaiser la crise. Les manifestants, qui veulent remplacer le gouvernement par un "conseil du peuple" non élu, ont perturbé le scrutin. Aucun résultat n'a été annoncé en attendant de nouveaux votes partiels, prolongeant le mandat du gouvernement.

Avec AFP mardi 25 février 2014
 

lepetitjournal.com bangkok
Publié le 24 février 2014, mis à jour le 23 octobre 2020

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