Face au blanchissement de nombreux récifs coralliens, les autorités thaïlandaises ont décidé vendredi de fermer sine die dix-huit sites de plongée dans 7 des 26 parcs maritimes nationaux que compte le pays. Pour certaines associations de protection de la nature, cette mesure ne va pas assez loin, tandis que les professionnels du tourisme se disent injustement victimes
Les autorités thaïlandaises ont décidé vendredi la fermeture jusqu'à nouvel ordre de dix-huit sites de plongée situés dans 7 des 26 parcs maritimes nationaux où les récifs coralliens souffrent de blanchissement. Ces endroits, dont certains hautement touristiques, seront "fermés au public jusqu'à ce que le corail ait récupéré", a prévenu Songtham Suksawang, un membre du Département des parcs nationaux et de la conservation de la faune et de la flore à l'origine de cette mesure.
La majorité des lieux visés se situe sur la mer Andaman : dans les îles Similian, Surin, Phi Phi, Tarutao, Chumphon, Chao Mai, Phetra, Mu Koh Rang dans le province de Trat, Koh Tao à Surat Thani, Koh Pai et Koh Kang Kao à Chon Buri. 80% de ces récifs coralliens souffriraient de blanchissement en raison de l'augmentation des températures de l'eau provoquée par le phénomène météorologique El Nino. A certains endroits, l'eau serait 2 degrés Celsius au-dessus de la moyenne. Le département des parcs nationaux pointe aussi du doigt des activités humaines autour des coraux qu'il considère excessives comme la plongée.
Un compromis pour ne pas pénaliser le secteur touristique
La décision de fermer ces dix-huit sites de plongée n'est cependant pas satisfaisante au regard des protecteurs de la nature comme Vittayen Muttamara, créateur de la Fondation pour la mer (FSF). Cité samedi dans The Nation, il estime en effet que les autorités devraient faire preuve de plus de détermination, et regrette que des zones "sévèrement touchées" par le blanchissement, dans les parcs nationaux des îles Surin et Similian, n'aient pas elles aussi fait l'objet d'une fermeture.
Mais selon le rédacteur en chef du magasine Andaman Times, Nirut Tangkasem, qui suit de près l'évolution de l'écosystème marin dans le sud du pays, la position des autorités s'apparente à un compromis. "Selon moi, il aurait fallu fermer tous les sites, a-t-il confié au petitjournal.com. Mais les autorités ont choisi de trouver un compromis, notamment pour ne pas trop pénaliser le secteur touristique".
D'autres personnes à incriminer
Les acteurs de la plongée regrettent néanmoins d'être des bouc émissaires, même si la plupart reconnaissent la nécessité de laisser l'écosystème récupérer. "Les centres de plongées sont les seuls à être blâmés, alors que la cause principale reste la montée de la température des eaux", s'indigne le directeur de l'un des ces centres, cité hier par le Bangkok Post. "La plongée est pointée du doigt, alors qu'il y a d'autres activités incriminées, tient à rappeler Claude de Grissey, directeur du groupe Crissey à Phuket qui rassemble plusieurs activités marines. Il y a par exemple les nombreux petits pêcheurs avec leurs filets, les speed boats qui ne sont pas adaptés à la protection des sites et qui relâchent de l'huile. Les groupes pratiquant le snorkeling sont aussi nocifs pour les coraux en marchant dessus et les crèmes solaires dans l'eau affectent aussi l'équilibre des récifs". Ce dernier précise qu'une bonne partie des plongeurs nagent en eaux profondes, non près des coraux mous étant plus fragiles, et avec du matériel adapté.
Créer des sites artificiels pour les plongeurs
S'il s'est dit fortement pour la protection des coraux, Claude de Grissey a accusé les mesures qui ostracisent tout un milieu, et craint qu'elles ne soient respectées uniquement par les centres de plongée. Le biologiste Thorn Thanrongnawasawat a quant à lui rappelé que de vraies solutions devraient être mises en place à terme, selon le Bangkok Post. Le spécialiste a insisté sur la nécessité de s'attaquer à la pollution de l'eau et la possibilité de créer des sites artificiels pour les plongeurs afin de diminuer la pression négative sur les vrais récifs coralliens.
Le corail, un élément vital à la vie aquatique
Le blanchissement du corail est causé principalement par la montée de la température de l'eau. Les algues qui nourrissent le corail commencent alors à mourir. Sans ces algues, le corail perd de ses couleurs, devenant ainsi qu'un squelette "blanchi". Les scientifiques affirment que cet animal est vital pour la vie aquatique car il sert d'habitat à un vaste nombre de créatures et absorbe une bonne quantité de dioxyde de carbone.