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Trouver un emploi en Thaïlande dans l’ère post-Covid, ce qu’il faut savoir

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Catherine VANESSE -
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 7 septembre 2021, mis à jour le 5 octobre 2022

Postuler à un emploi en Thaïlande se fait désormais selon une nouvelle normalité. Un expert français en ressources humaines partage ses conseils pour pouvoir mettre toutes les chances de son côté. 

Avec la crise économique liée au Covid-19 il devient particulièrement difficile de trouver un emploi dans les métiers du tourisme et de l’hôtellerie/restauration ainsi que certaines activités connexes. Néanmoins d’autres secteurs tels que l’électronique, l’informatique, les nouvelles technologies ou encore la logistique restent particulièrement porteurs confiait dans une récente interview Laurent Landié, directeur général de Lim and Partner, une société spécialisée dans les ressources humaines et les conseils aux entreprises et membre du groupe Praxi Alliance Worldwide Executive Search. 

Cet expert français de l’emploi en Thaïlande nous explique comment postuler de manière efficace, que l’on soit en Thaïlande ou en France, sur les changements dans le déroulement des entretiens d’embauche et sur la meilleure façon de valoriser une expérience professionnelle en Thaïlande.

Est-il plus efficace de chercher un emploi depuis la France ou depuis la Thaïlande ?

Il est difficile de dire si postuler en France ou en Thaïlande est plus efficace, car cela dépendra des cas de figure. Ce qui est certain, c’est que les démarches pour postuler seront différentes selon si vous postulez de France ou sur place.

Si vous êtes en France et que vous cherchez à venir en Asie, il faudra identifier les entreprises ayant un siège en France et qui sont présentes en Asie, puis postuler directement auprès service des Ressources Humaines du siège. Je recommanderais même, si vous y êtes ouvert, de travailler au siège pendant un an ou deux pour vous permettre d’apprendre à connaître l’entreprise, sa culture, et ses objectifs.

Si vous avez le temps et les finances pour tenir quelques mois sans emploi, vous pouvez tenter de venir en Thaïlande, avec une liste de sociétés qui vous intéresse en tête. Être sur place peut certainement être un atout pour décrocher un poste par rapport à une recherche depuis la France, et permet de faire jouer des réseaux de proximité comme la Chambre de Commerce ou les Conseillers du Commerce Extérieur.

Venir en Thaïlande pour chercher un emploi, est-ce encore pertinent dans le contexte actuel ?

Je conseille à ceux qui souhaiteraient venir de patienter un peu. À moins d’avoir des compétences spécifiques qui sont très recherchées, par exemple, en e-commerce avec un niveau d’anglais parfait. 

Mais même pour ces postes-là, il n’est pas nécessaire de se rendre sur place pour faire sa recherche, car de nombreuses entreprises publient les offres d’emplois en ligne (sur LinkedIn par exemple) et il est possible de faire le processus de recrutement à distance en contactant directement l’entreprise.

À titre d’exemple, dans mes propres activités, lorsque j’ai besoin d’un profil particulier, je fais des recherches sur l’ensemble de la planète. Je regarde d’abord en Thaïlande parce que c’est plus facile d’avoir quelqu’un déjà sur place, mais je vais aussi chercher en Asie et puis en Europe pour trouver le(a) bon(ne) candidat(e).

Comment entrer en contact de manière efficace ? Est-ce que les Curriculum Vitae (CV) sont lus ?

Là aussi, cela dépend du pays où vous vous trouvez. Si vous êtes en Thaïlande, je recommande de ne pas envoyer de CV sans avoir pris contact avec l’entreprise au préalable. Allez sur le site Internet de l’entreprise, essayez de trouver le contact d’une personne qui y travaille, d’un manager ou d’un responsable et entrez en relation directement avec lui via Linkedin, Line ou par téléphone. Répondre à une annonce en envoyant simplement son CV, vous perdez tout l’atout d’être sur place et vous vous mettez en concurrence avec ceux qui ne sont pas en Thaïlande. 

Avec la distanciation physique, les entretiens d’embauche en ligne sont-ils devenus la norme ?

Aujourd’hui, tous les entretiens se font en ligne, cela est devenu la norme.

Je fais partie du groupe Praxy, l’une des plus grosses entreprises de chasseurs de têtes dans le monde, et la digitalisation a profondément impacté notre activité. Désormais, même pour les postes élevés, par exemple dans la direction, le processus de recrutement se fait en ligne. 

En parallèle, nous observons l’émergence de la pratique des “évaluations” lors du recrutement, qui peuvent être complétées en ligne, à distance. Avant le COVID-19 il y avait des rencontres en face à face lors des recrutements, mais désormais pour de nombreux postes cette étape a été complètement enlevée. Pour combler ce manque, de nombreuses entreprises ont donc recours à des évaluations pour s’assurer des compétences des candidats.

Auriez-vous des conseils à partager pour réussir un entretien d’embauche, même en ligne ?

Les conseils n’ont pas changé, à savoir qu’une recherche d'emploi se prépare. Il faut faire des recherches sur Internet, - et pas uniquement sur le site de l’entreprise -, afin de savoir quelles sont les activités de l’entreprise, ses développements, sa culture, ses derniers contrats, ses difficultés, etc. 

Lors d’un entretien, il ne suffit pas simplement de répondre aux questions que l'on vous pose, il faut être davantage engagé et faire en sorte qu’un véritable échange se produise, par exemple en posant des questions. Pour moi, un candidat a réussi son entretien lorsqu’il s’approprie la discussion, presque comme si c’était au contraire le candidat qui évaluait la société. 

Un entretien qui n’est pas à sens unique est un signe prometteur qui montre l’intérêt du candidat. 

Peut-on avoir les mêmes prétentions salariales qu’avant la crise ?

Le salaire minimum légal pour un français en Thaïlande est de 50.000 bahts, il n’est pas possible de descendre en dessous sinon vous risquez de perdre votre permis de travail. Malgré la crise, cette limite n’a pas changé.

Dans la situation actuelle, une personne au chômage va devoir baisser ses prétentions salariales, d’autant plus que certaines entreprises ont baissé les salaires de leurs employés de 30 ou 50% afin de pouvoir les garder.

Si vous obtenez une offre avec un salaire supérieur à 50.000 bahts par mois, mais toutefois en dessous de vos attentes, il faudra être clair lors de la négociation que vous êtes prêt(e) à accepter ce salaire étant donné le contexte actuel, mais qu’au retour à la normale, vous vous attendez à un salaire correspondant à la fonction. Il faut vous assurer que l’entreprise n’abuse pas de cette situation.

En revanche, si l’entreprise vous propose un salaire inférieur à 50.000 bahts (par exemple, un salaire de 30.000 bahts + 20.000 bahts de commission), en affirmant que le permis de travail viendra plus tard, je vous déconseille d’accepter cette offre. Ce n’est pas bon signe.

Comment peut-on valoriser une expérience professionnelle en Thaïlande ?

La Thaïlande est un pays qui n’a pas une bonne image. Souvent quand vous dites que vous travaillez en Thaïlande, votre interlocuteur a souvent un petit sourire parce que la Thaïlande est plus associée à la plage et au cocotier alors qu’en fait les conditions de travail sont difficiles.

Une personne avec une expérience professionnelle réussie en Thaïlande est quelqu’un qui a réellement travaillé. Malheureusement cette expérience est difficile à valoriser.

Par conséquent, il faut faire attention si vous êtes en début ou milieu de carrière à choisir une société qui a un nom. C’est encore plus important en Thaïlande qu’ailleurs parce que c’est ce nom qui va vous donner la possibilité de rebondir, plus que votre expérience. C’est un phénomène que l’on ne retrouve pas au Vietnam ou en Malaisie. 

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