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Pour maintenir la productivité en Thaïlande, on met les ouvriers sous cloche

Un ouvrier dans une tente installee dans une usine en ThailandeUn ouvrier dans une tente installee dans une usine en Thailande
REUTERS/Stringer

Pour répondre à une série d'épidémies de coronavirus dans des usines thaïlandaises, les autorités ont une politique de mise sous cloche des ouvriers destinée à maintenir la productivité tout en contenant la dissémination du virus.

Le coronavirus a affecté ces dernières semaines plus de 130 usines en Thaïlande, parmi lesquelles certaines fournissant des marques internationales. Avec plus de 7.100 cas positifs au Sars-Cov-2 signalés dans 11 provinces, le secteur manufacturier est l'une des principales sources d'infection avec les prisons et les chantiers de construction.

Les usines touchées ne représentent qu'une fraction des quelque 63.000 usines en Thaïlande qui emploient 3,4 millions de personnes (environ 9% de la population active), selon les données du gouvernement. Mais les responsables s'inquiètent de l'impact potentiel sur les exportations qui font tourner un tant soit peu l'économie alors que les recettes du tourisme sont quasi inexistantes et que la consommation intérieure est au ralenti.

En 2020, les exportations thaïlandaises ont représenté 45% du produit intérieur brut (PIB), lequel s’est contracté de 6,1%, un recul économique inédit depuis la crise financière de 1997-98. Le mois dernier, le gouvernement a réduit les prévisions de croissance du PIB pour cette année à 1,5%-2,5% contre 2,5%-3,5% auparavant.

Production perturbée

L'électronique, les gants en caoutchouc et l'alimentation font partie des secteurs les plus touchés par les récentes séries de contamination, a déclaré à Reuters le vice-président de la Fédération des industries thaïlandaises (FTI), Kriengkrai Thiennukul, soulignant toutefois qu'il était trop tôt pour une évaluation globale de l'impact.

Certains des fabricants touchés par l'épidémie ont d’ores et déjà dû réduire leur production.

Le géant thaïlandais de l’alimentaire, Charoen Pokphand Foods, qui exporte vers 40 pays, a fait savoir que la fermeture récente de l'une de ses usines pour cause d'infections coûtait au groupe 10% de sa production de poulets de chair.

Des ouvriers en Thailande vivent dans leur usines mise sous cloche en raison de cas de coronavirus
Des travailleurs migrants birmans en quarantaine vivent dans des tentes installées dans l'usine Cal-Comp Electronics dans la province de Phetchaburi, le 8 juin 2021. Photo REUTERS/Stringer

Fabricant de nouilles instantanées, Thai President Foods a dû fermer une usine qui produisait des vermicelles et des nouilles de riz. Les ventes à l'étranger représentaient environ un tiers de ses ventes de produits semi-finis.

Certaines usines ont maintenu une partie de leurs opérations tandis que d'autres ont temporairement fermé et mis leurs travailleurs en quarantaine.

La Thaïlande, qui connait actuellement sa plus forte épidémie de Sars-Cov-2, a enregistré depuis début avril un peu plus de 170.000 cas d’infection au coronavirus et 1.372 décès du Covid-19. Cela représente en un peu plus de deux mois seulement plus de 85% de l’ensemble des cas positifs signalés dans le royaume depuis l’apparition du virus début 2020 et 94% des décès. Toutefois, le Covid-19 dans le royaume a un taux de mortalité encore très faible, de l'ordre de 0,002%.

Cette troisième épidémie, qui a ruiné les espoirs de voir l’amorce d’une reprise au 2e trimestre, a fait chuter en mai l’indice de confiance des industriels à son niveau le plus bas des 11 derniers mois.

Pour l'heure, un peu plus de 1,6 million de personnes en Thaïlande ont été complètement vaccinées (2,3% de la population) et environ 2.750.000 ont reçu leur première dose d'un vaccin contre le Covid-19 (Sinovac ou AstraZeneca).

Confinés dans l'usine

Pour faire face aux épidémies dans les usines, le gouvernement a mis en place une politique de "mise sous cloche" appliquée lorsque 10% des ouvriers d'une usine sont infectés. Les cas positifs sont isolés et traités tandis que les autres sont confinés dans l'usine pendant 28 jours.

Les ouvriers des usines et ceux des chantiers de construction qui vivent sur place - pour beaucoup des travailleurs migrants à bas salaire – ne peuvent quitter leur lieu de travail, même s'ils ne sont pas infectés.

Une politique qui diffère des autres types de lieux de travail touchés par le coronavirus.

"Cela n'est pas convenable", estime Suthasinee Kaewleklai, coordinatrice de l’ONG Migrant Workers Rights Network (MWRN) en Thaïlande, ajoutant que les autorités devraient faire plus de tests.

Pour la défenseuse des droits des travailleurs migrants, les entreprises devraient améliorer les conditions de vie de ces ouvriers, leur aménager davantage d'espace pour permettre une meilleure distanciation physique et les éduquer aux bonnes pratiques afin que ceux en bonne santé puissent éviter l'infection tout en se déplaçant plus librement.

Améliorer les conditions de vie

Le ministère de l'Industrie a donné aux usines jusqu'à la fin juin pour améliorer les conditions sur ces lieux de travail sous cloche, notamment en fournissant des masques et en effectuant des contrôles de température.

Un responsable du gouvernement a défendu cette politique de mise sous cloche, affirmant qu'elle présente le double avantage de permettre aux entreprises de poursuivre leurs activités tout en contribuant à contenir l'épidémie.

"Ceux qui présentent des symptômes sont envoyés en traitement, les autres sont sous cloche, si [le virus] se propage, il se propagera à l'intérieur et non à l'extérieur", a déclaré à Reuters le Dr Taweesap Siraprapasiri, du département de contrôle des maladies (DDC).

"Cela limite l'épidémie et permet à l’activité de continuer."

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