Le 17 janvier marquait cette année le 72e anniversaire de la "bataille de Koh Chang", point d’orgue d’une guerre franco-thaïe aujourd’hui quasiment oubliée. Les Editions Soukha ont invité Éric Miné, l’auteur du livre "Koh Chang la victoire perdue" à nous en dire davantage sur son ouvrage et s’expliquer sur le choix du titre [publi-reportage]
S.E. : "Koh Chang la victoire perdue" et seulement une dizaine de pages de votre livre consacrées à cette bataille ! Ne craignez-vous pas que les amateurs de combats navals qui vous liront ne soient déçus ?
É. M. : Peut-être ces amateurs ne seront-ils pas si déçus, le récit du combat par lui-même est très fidèle à son déroulement, jusque dans ses détails que j’ai pu recueillir parmi les récits et témoignages existants. C’est aussi la méthode que j’ai suivie pour l’écriture de l’ensemble du livre. Roman historique, j’ai essayé que tous les faits qui y sont rapportés soient vrais et vérifiés. Pour ne prendre que l’exemple du croiseur amiral qui s’illustre à Koh Chang, le Lamotte-Picquet,, toutes ses missions qui le portent aussi des rivages d’Indochine jusqu’à Quang-Tchéou-Wan sont exactes à l’escale et au jour près.
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S.E.: Quang-Tchéou-Wan, un nom qui ne parle plus trop aux jeunes générations. En écrivant ce livre, souhaitiez-vous plonger vos lecteurs dans cette Asie des années 40 que vous semblez affectionner ?
É.M. : Je cite à dessein Quang-Tchéou-Wan car on n’apprend plus à l’école que la France possédait alors au nord du Tonkin et sur la côte chinoise l’équivalent de la Hong-Kong britannique. Comme vous le soulignez, la victoire navale de Koh Chang n’est pas le sujet exclusif de mon livre. Elle serait plutôt le pivot de cette évocation romanesque de l’Indochine et de la Thaïlande dans cette ambiance si singulière qui y prévalait en ces années de guerre. Et, effectivement, je m’efforce de restituer au lecteur le romantisme de ce temps révolu que j’apprécie tout particulièrement.
S.E. : Mais alors, si cette bataille a été gagnée par la France, pourquoi une victoire perdue ?
É.M. : Croyez-vous qu’elle fera l’objet en France d’une commémoration officielle ? C’est pourtant notre seule victoire navale flotte contre flotte des deux guerres mondiales réunies. Et quelle victoire : tous les bateaux thaïs coulés ou inutilisables, et pas une éraflure aux nôtres ! Mais, voilà, elle est entachée d’une tare originelle, elle est "vichyste". En 1941, l’Indochine attaquée par la Thaïlande était sous le gouvernorat de l’amiral Decoux, qui aura le mauvais goût de ne reconnaître l’autorité de De Gaulle qu’après la libération de la métropole. Les vaillants marins français d’alors n’avaient pourtant pas choisi leur affectation. Ils ne pouvaient augurer non plus que leur bravoure serait occultée au profit d’une Histoire officielle toujours revisitée selon les intérêts partisans du moment.
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