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INTERVIEW – Christophe Josse, l’un des 12 "grands couturiers" du monde

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 28 septembre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

Christophe Josse possède depuis peu le titre prestigieux de "grand couturier". Cela place sa maison de haute couture aux côtés, entre autres, des maisons Chanel, Christian Dior, Givenchy et Jean-Paul Gaultier. Le créateur présente dimanche à Bangkok une trentaine de créations lors de la Fashion Week

Le Français Christophe Josse, créateur haute couture et prêt-à-porter, est depuis janvier 2011 l'un des douze "grands couturiers" du monde, titre donné par la Chambre Syndicale de la Haute Couture Française. Cette distinction place la maison de haute couture qui porte son nom aux côtés des maisons Chanel, Christian Dior, Givenchy et Jean-Paul Gaultier notamment. Après voir fait des études d'histoire de l'art et avoir collaboré pendant plus d'une quinzaine d'années avec de célèbres maisons de couture, telles que Torrente, il présente en juillet 2005 sa première collection. L'ouverture de sa propre maison, qui lui a demandé "beaucoup de temps et d'implication" n'était pas inscrite "dans un plan de carrière", explique-t-il mais elle a été permise "au fil des rencontres". Aujourd'hui, sa maison emploie une quinzaine de personnes et "plus lorsque vient la période de la couture, lors de laquelle l'atelier s'agrandit", affirme-t-il. A Bangkok, Christophe Josse présentera dimanche une trentaine de créations de sa collection automne-hiver 2012 en défilé de clôture de la Couture Fashion Week de Bangkok à Siam Paragon. Si le prix d'une robe varie beaucoup en fonction du temps de travail passé, celui d'une robe non brodée est de l'ordre de 25.000?.

LePetitJournal.com Bangkok : Quelle est la trame de la collection automne-hiver que vous allez présenter dimanche ?
Christophe Josse : C'est une collection haute couture très épurée, avec des lignes très construites. Notre travail s'est inspiré de celui de l'architecte japonais Tadao Ando qui a un style très droit, empreint de simplicité. Il y a aussi une opposition de matériaux avec des plaques de crocodile et de la crêpe de laine rebrodée, des idées de brillance avec du satin de cuir. Ce défilé est important puisque c'est la première fois que l'on montre cette collection en dehors de Paris. C'est aussi un cadre particulier puisque c'est la première semaine de la mode organisée de cette façon ici (ndlr : La Couture Fashion Week 2012 de Bangkok se veut être la première "semaine de la haute couture asiatique").
L'accueil du public et des critiques lors de la présentation en juillet à Paris a été plutôt bon. Nous avons eu notamment une critique enthousiaste dans Le Monde. Diane Loury, notre directrice de la Haute Couture, est également satisfaite des ventes.

Vos créations donnent l'impression d'être accessibles, de pouvoir être portées en soirée, contrairement à certaines créations très extravagantes d'autres couturiers. Est-ce quelque chose qui vous caractérise ?
Cette collection est dans l'ère du temps. On voit aujourd'hui dans la mode un retour à quelque chose de plus réfléchi, de plus épuré, de plus subtil. On le voit par exemple chez Dior. On délaisse un peu le "bling-bling", et je crois que c'est quelque chose qui s'inscrit dans le contexte mondial actuel. On retrouve d'ailleurs cela dans le prêt-à-porter. Nous, nous n'avons pas changé notre manière de travailler. C'est quelque chose que nous faisions déjà habituellement, nous étions déjà dans ce style épuré. Et nous ne travaillons pas en fonction de ce que font les autres. L'élite ce n'est pas que l'argent, c'est aussi le savoir-faire, le savoir-se tenir, le savoir-vivre, le savoir-recevoir? Il faut revenir à des valeurs profondes.

Pourquoi justement avoir choisi Bangkok ?
Lorsque l'on nous a proposé de venir ici, on a dit oui tout de suite. L'invitation a été faite par Frank Cintamani qui organise la semaine de la mode à Singapour (ndlr : Frank Cintamani collabore aussi à l'organisation de la Couture Fashion Week 2012 de Bangkok). Nous étions présents à la première édition l'an passé à Singapour et nous savons que Frank est quelqu'un de très professionnel avec qui l'on peut travailler en toute sécurité. Ici, nous avons retrouvé ce cadre très professionnel.
Une chose amusante est que nous travaillons ici avec des mannequins locaux qui sont parfois un peu déroutants. C'est un peu compliqué, cela prend beaucoup de temps car elles fonctionnent de manière différente. Mais c'est toujours un peu la même histoire lorsque l'on arrive à l'étranger. On cherche des filles qui peuvent rentrer dans nos robes mais elles ont un type différent des mannequins que l'on trouve à Paris. Mais en général, on finit par trouver ce que l'on veut.  

Quel est l'intérêt en termes d'affaires ?

Evidemment, nous sommes là aussi pour les affaires. Le marché en Asie du Sud-Est nous intéresse beaucoup. Il est prévu durant notre séjour ici que nous rencontrions des gens pour discuter d'opportunités qui se feront ou non. Nous ne savons pas encore si nous allons avoir un point de vente ici. (ndlr : Des créations de Christophe Josse sont en vente à Singapour et à Taïwan). Que ce soit à Jakarta, à Kuala Lumpur ou à Bangkok, il y a quelques personnes incontournables dans le milieu qu'il faut rencontrer. L'an passé, à Singapour, notre visite avait été très fructueuse. Nous y avons un autre défilé prévu lors de la 2e édition de la semaine de la mode qui sera organisée fin novembre ou début décembre. C'est aussi intéressant d'être présent ici, en Asie du Sud-Est pour montrer la Haute Couture française, en être en quelque sorte le porte-drapeau.

Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Nous sommes très heureux d'être ici car la démarche des organisateurs nous a plu. Nous participons aussi [aujourd'hui] à un défilé spécial en l'honneur de la Reine Sirikit. Les organisateurs nous ont envoyé en juillet à Paris de la soie thaïlandaise, un tissu très particulier à travailler car il impose certaines contraintes. La largeur du tissu est par exemple très étroite. On a essayé de jouer avec ce tissu, de réaliser une silhouette en traduisant une émotion, en racontant une histoire très parisienne. Le délai était court. Avant juillet, nous avions reçu des échantillons mais qui n'étaient pas plus gros qu'un timbre-poste. Mais lorsque nous avons eu les tissus, les silhouettes se sont dessinées toutes seules. Nous nous sommes beaucoup investis, notamment car il a fallu broder, peindre sur la soie pour la sublimer, la mettre en lumière. C'était également important de mettre en valeur le travail des paruriers, des brodeurs parisiens.
Propos recueillis par Yann FERNANDEZ (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) vendredi 28 septembre 2012

Couture Fashion Week 2012 de Bangkok

Du 27 au 30 septembre 2012 à Siam Paragon (Royal Paragon Hall, 5e étage)
Christophe Josse participe au show "The Queen of Thai Silk" aujourd'hui à 16h et son défilé aura lieu dimanche à 19h
Plus d'informations sur le site officiel de la Fashion Week et sur le site de Christophe Josse

Lire aussi :
Notre article du 14 octobre 2011 ? Une nouvelle Fashion Week fastueuse à Bangkok

Crédits photos DR

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Publié le 28 septembre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

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