La Thaïlande a obtenu le retrait par Facebook de plus de 200 pages jugées diffamatoires pour la famille royale sur un total de 300 identifiées par les autorités qui avaient menacé de bloquer le réseau dans le pays.
Connue sous le nom d'"article 112", la très stricte loi de lèse-majesté prévoit de 3 à 15 ans de prison pour quiconque diffame le roi, la reine, son héritier ou le régent.
Depuis l'arrivée au pouvoir des militaires après un coup d'Etat en mai 2014, les poursuites pour crime de lèse-majesté se sont multipliées et les sanctions alourdies. Une centaine de personnes sont derrière les barreaux pour ce crime, d'après la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH).
"Facebook collabore avec la Thaïlande", a annoncé mardi devant la presse Takorn Tantasith, le secrétaire général de NBTC, l'autorité de régulation des télécoms thaïlandais.
"Nous leur demandons encore de retirer 131 pages" litigieuses, a-t-il ajouté, précisant que les tribunaux thaïlandais préparaient des requêtes officielles pour demander leur retrait.
Depuis début mai, six personnes ont été placées en détention pour avoir partagé des contenus jugés diffamatoires pour la monarchie. Parmi elles, un avocat thaïlandais spécialiste des droits de l'homme qui risque jusqu'à 150 années d'emprisonnement.
Ces dernières années, la majeure partie des accusations de lèse-majesté concernaient des messages postés sur Facebook.
Après le décès du roi Bhumibol Adulyadej en octobre 2016, la junte militaire au pouvoir en Thaïlande avait appelé le peuple à "sanctionner" ceux qui critiqueraient la monarchie.
Interrogé par l'AFP, Facebook a refusé de préciser le nombre de pages qui avaient été retirées. Le groupe a rappelé que "quand les gouvernements estiment qu'un contenu internet viole leurs lois, ils peuvent demander le retrait".
Des groupes ultra-royalistes se sont spécialisés dans la dénonciation à la police des internautes jugés antiroyalistes.
Les rares médias, y compris internationaux, évoquant ces affaires pratiquent l'auto-censure, de crainte de tomber eux-mêmes sous le coup de la loi. Les arrestations et les condamnations peuvent être racontées mais pas les détails des accusations car cela peut être considéré comme une violation de la loi.
Somsak Jeamteerasakul, un dissident en exil, a annoncé récemment sur sa page Facebook que certains de ses posts faisaient parties des pages censurées, notamment des images du nouveau roi Maha Vajiralongkorn prises lors de ses séjours en Allemagne où il vit une partie de l'année.