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THAILANDE / LESE-MAJESTE – Une partisane de Thaksin écope de 18 ans pour avoir insulté la monarchie

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Une fervente militante du mouvement des "Chemises rouges"a été condamnée vendredi à 18 ans de prison pour avoir insulté le Palais royal. Cette condamnation reflète une intensification de la répression des crimes de lèse-majesté, selon les défenseurs de la liberté d'expression, qui semble venir en réponse à une recrudescence des actes délictueux

Le Roi Bhumibol (ici en portrait pour son anniversaire) fait l'objet d'une adoration quasi religieuse de la part de ses sujets, mais les autorités ont malgré tout jugé bon de renforcer la répression contre le crime de lèse-majesté (Photo LPJ Bangkok.com)

(Bangkok) - Un tribunal thaïlandais a condamné vendredi à 18 ans de prison pour lèse-majesté une supportrice des ?Chemises rouges?, surnom donné au mouvement anti-gouvernemental formé en partie de partisans de l'ancien Premier ministre en exil, Thaksin Shinawatra. Plus connue sous le nom de "Da Torpedo"pour sa rhétorique dure, l'ancienne journaliste Daranee Charncherngsilapakul, 46 ans, a été reconnue coupable d'avoir insulté la famille royale lors de plusieurs discours évoquant le coup d'Etat de 2006 donnés en public en juin 2008 sur l'esplanade de Sanam Luang. La Cour a estimé que l'accusée avait enfreint la loi sur le crime de lèse-majesté à trois reprises et l'a condamnée à six ans pour chaque offense. "Bien que l'accusée ait affirmé ne pas avoir eu l'intention d'insulter la monarchie ou de convaincre le public de la croire, elle ne peut échapper à son méfait", stipule le verdict, selon l'AFP.
Après avoir entendu le verdict, Daranee Charncherngsilapakul a adressé un V de la main à la trentaine de personnes venues la soutenir. "C'est ce à quoi je m'attendais", a-t-elle confié aux journalistes, précisant qu'elle comptait se pourvoir en appel.

Plus le peuple s'exprime, plus la répression s'accroît
Insulter la monarchie, ou seulement lui manquer de respect, constitue un acte grave en Thaïlande où le roi fait l'objet d'une adoration quasi religieuse auprès d'une large partie de la population. N'importe qui peut porter plainte auprès de la police, laquelle se doit d'ouvrir systématiquement une enquête.
Toutefois, les commentaires et autres actes de défiance vis-à-vis du palais royal semblent augmenter depuis plusieurs mois (lire notre article du 21 janvier 2009 Les cas de lèse-majesté se multiplient) comme le soulignait en mars le Premier ministre Abhisit Vejjajiva lors d'une interview. Les autorités ont d'ailleurs intensifié la répression des crimes de lèse-majesté, ce que critiquent les défenseurs de la liberté d'expression.
Ainsi, 4.800 pages web auraient notamment été bloquées depuis le mois de mars 2008, selon des chiffres officiels. En janvier, l'affaire de l'Australien Harry Nicolaïdes avait fait grand bruit. Ce dernier avait finalement bénéficié de la grâce royale implorée par son pays. En avril un ingénieur thaïlandais de 34 ans, père de famille, a été emprisonné pour dix ans pour avoir posté une vidéo retouchée sur Internet. En juillet, la police a annoncé avoir lancé une enquête sur le conseil d'administration du club des journalistes étrangers de Thaïlande (FCCT) à la suite d'une plainte déposée par une femme thaïlandaise. Cette dernière dénonce la distribution d'un DVD par le club contenant un discours controversé donné en 2007 par un lieutenant de Thaksin Shinawatra, Jakrapob Penkair. Celui-ci, nommé porte-parole du gouvernement en 2008, avait d'ailleurs dû démissionner de son poste la même année à la suite d'une première plainte portée directement contre lui concernant ce fameux discours.

Amnesty International dénonce
Les conditions du jugement de Daranee Charncherngsilapakul, qui avait débuté en juin et s'est déroulé à huis clos, ont été fortement critiquées par Amnesty International qui dénonce des risques d'injustice. Le juge a justifié le manque de transparence sur cette affaire en invoquant la sécurité nationale. De plus, la teneur exacte des accusations ne peut jamais être rendue publique, la loi interdisant à toute personne, physique ou morale, de rapporter de quelque manière que ce soit, des propos ou décrire des actes injurieux vis-à-vis de la famille royale.
P.C. (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html avec AFP) lundi 31 août 2009

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Publié le 31 août 2009, mis à jour le 13 novembre 2012
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