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SEXUALITE - Filles-mères, elles représentent 20% des adolescentes

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Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 15 février 2016, mis à jour le 19 mai 2019

La grossesse précoce concerne près de 20% des jeunes femmes entre 15 et 19 ans, une situation problématique en Thaïlande où la sexualité reste un sujet tabou.

Si la Thaïlande est souvent pointée du doigt pour son industrie du sexe, le sujet reste pourtant tabou dans la société.

Parler de sexualité, des moyens de contraceptions ou des maladies sexuellement transmissibles est souvent absent du débat familial ou éducatif avec pour conséquence un nombre important d'adolescentes qui se retrouvent enceintes.

Le Ministère de la Santé a annoncé la semaine dernière lors d'une conférence de presse différents chiffres (voir encadré) autour des grossesses précoces chez les adolescentes, des chiffres qui ont amené les autorités a tirer la sonnette d'alarme.

Dr Jiraporn Arunakul, spécialiste en médecine adolescente à la faculté de médecine de l'université de Mahidol, pointe également des risques plus élevés de problèmes psychologiques auprès de ces jeunes femmes qui bien souvent n'ont pas la maturité et la stature pour assumer une grossesse aussi jeune avec toutes les conséquences que cela implique : jugement de la société, rejet de la famille, mariage forcé avec le père, etc.

"Instabilité émotionnelle, stress, dépression, résultats scolaire en baisse ou suicide, il faut que la société arrête de les juger, de les mettre sous pression" explique-t-elle. 42% des filles-mères souffrent de dépression pré-natale, 20% de dépression post-natale, 18% des enfants naissent prématurés ou ont souvent un poids inférieur à la moyenne quand ils ne meurent pas quelques heures après la naissance. Un constat alarmant.

Ne pas culpabiliser les futures mères

La pédiatre Suwanna Reangkanjanaseart pointe des lacunes dans le système éducatif. Pour elle, la promotion de l'estime de soi, tout comme l'éducation sexuelle, devraient faire partie du programme scolaire au même titre que le sport, l'art ou la musique.

Elle suggère également de promouvoir le "safe sex" à travers les différents moyens de contraceptions pour diminuer les maladies sexuellement transmissibles et pour prévenir les risques de grossesses chez les adolescentes.

Selon le Dr Wiwat Rojanapithayakorn, le nombre de maladies vénériennes chez les adolescents a doublé ces 5 dernières années et près de 500.000 personnes sont infectées par le virus du HIV, tous âges confondus.

Suwanna Reangkanjanaseart souhaite aussi sensibiliser les parents à ne pas rejeter leur fille lorsqu'elle se retrouve enceinte mais plutôt à prendre soin d'elle.

"Certaines personnes pensent qu'une jeune fille de 16 ans qui se retrouve enceinte et quitte l'école est une mauvaise personne. Tout le monde peut faire des erreurs, je tire les leçons de cette grossesse non-souhaitée et j'apprends beaucoup sur comment rester forte face à cette situation. Je voudrais demander aux gens de ne pas juger, critiquer ou diffamer ces adolescentes qui ont fait une erreur" raconte Jib au journal The Nation, une jeune femme de 17 ans qui s'est retrouvée enceinte à 16 ans.

par Catherine VANESSE mardi 16 février 2016

La grossesse précoce en Thaïlande en quelques chiffres

- 20% des adolescentes se retrouvent filles-mères avec une grossesse non désirée dans 80% des cas.

- 30% des adolescentes enceintes par accident se font avorter, 10% d'entres elles abandonnent leur enfant

- 42% des ces jeunes filles souffrent de dépression pré-natale

- 18% des bébés naissent prématurés

- 662 bébés abandonnés par leurs parents entre 2012 et 2015

662 bébés abandonnés en 3 ans

Le Ministère du Développement Social vient de lancer une campagne de sensibilisation sur le problème des enfants non-désirés qui sont abandonnés par leurs parents. Le but de la campagne est de convaincre le public, en particulier les couples qui doivent faire à une grossesse accidentelle sur les droits de l'enfant, sur le fait qu'il est illégal de l'abandonner et qu'il existe des services d'aides pour ces parents explique Pol Gen Suwat Janitthikul, assistant au Ministère du Développement Social.

Entre 2012 et 2015, 662 enfants ont été abandonné à travers le pays, un chiffre qui ne prend en compte que ceux qui ont été retrouvés vivants. La majorité de ces bébés ont été abandonné dans les hôpitaux, les toilettes publiques ou encore sur le bas-côté de la route. Un acte qui est illégal comme le rappelle Napha Setthakorn, directrice du Département de l'Enfance et de la Jeunesse. En effet, une personne qui abandonne son enfant encourt une peine de 3 ans de prison et/ou 6.000 bahts d'amende.

 

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