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PREAH VIHEAR – Thaïlande et Cambodge se rendent coup pour coup

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Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 21 novembre 2018

Devant la Cour Internationale de Justice, la bataille fait rage entre les deux délégations. La Thaïlande accuse le Cambodge de mentir, tandis que les Khmers disent se sentir menacés par le voisin siamois. Les premières auditions ne permettent de voir l'esquisse d'une solution au conflit

 Et si ces auditions servaient d'exutoire à la ranc?ur accumulée de part et d'autre de la frontière depuis des années ? La question mérite d'être posée tant le compte-rendu des premières auditions devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) est dominé par les propos agressifs tenus par chaque camp. En la matière, le Cambodge a ouvert le bal par l'intermédiaire du ministre des Affaires étrangères Hor Namhong. Il a déclaré devant les juges que ?les relations avec la Thaïlande ne pourront pas être amicales et coopératives dans le futur? sans une résolution du conflit. Les deux royaumes s'opposent depuis des années au sujet d'un territoire frontalier de 4,6 km2 situé à proximité du temple de Preah Vihear. Les deux pays revendiquent la souveraineté de ce petit bout de terre. Les juges de la CIJ entendent les experts de Phnom Penh et de Bangkok entre le 15 et le 19 avril pour trancher cette affaire. Le litige a provoqué la mort d'une trentaine de personnes depuis juillet 2008, date à laquelle le temple de Preah Vihear a été inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.

Avant même que ne débutent les débats, Hor Namhong avait planté le décor en affirmant que le Cambodge ?se sentait menacé? par les incursions siamoises sur son territoire. La réponse des Thaïlandais n'a pas été moins virulente? La Thaïlande dénie à la CIJ la compétence pour trancher le litige frontalier. Elle a accusé également le Cambodge de ?mensonge sur le tracé? en ayant notamment ?falsifié? la carte de la frontière et de ?violer son intégrité territoriale?. En retour, le Cambodge a réfuté en bloc, et déclare également que la Thaïlande a produit "une fausse carte? du tracé. Depuis le 15 avril, les experts des deux pays se rendent coup pour coup et les propos sont donc plutôt vifs.

Le Nation rapporte d'autre part que 500 nationalistes thaïlandais ont manifesté le 16 avril le long de la frontière avec le Cambodge dans la province de Si Sa Ket. Face à eux, 2.000 soldats thaïlandais ont empêché toute incursion sur le territoire cambodgien. Le rassemblement s'est déroulé sans heurt. Mais il montre combien cette question frontalière est sensible entre les deux pays.

Il est à ce demander jusqu'à quel point, les auditions devant la CIJ ne vont pas altérer les relations entre le Cambodge et la Thaïlande ? Celles-ci s'étaient plutôt apaisées depuis l'accession au pouvoir à Bangkok de Yingluck Shinawatra en juillet 2011, s?ur cadette de de l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, lui-même ami avec Hun Sen. Le Premier ministre cambodgien a d'ailleurs publiquement appelé au calme entre les deux pays, rapporte le Nation (18 avril). ?Nous devons régler notre problème de manière pacifique?, a-t-il expliqué le 16 avril lors d'un déplacement dans le sud du Cambodge. ?Nous ne voulons pas que cette petite affaire ne dégénère en conflit?. Ce type de déclarations pavées de bonnes intentions reviennent régulièrement dans la bouche des officiels thaïlandais et cambodgiens. Le problème est qu'elles sont rarement suivies d'effets.

La Cour se retrouve face à un sacré imbroglio qu'il ne sera vraiment pas simple de démêler. Le dernier jour des auditions a lieu le 19 avril. Le jugement de la Cour sera rendu en octobre.

LB (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) vendredi 19 avril 2013
 

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Publié le 18 avril 2013, mis à jour le 21 novembre 2018

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