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PORTRAIT - Koh Chang au pistou et sans chichi avec Frédo

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Les saveurs provençales ont trouvé un terroir d'adoption dans le golfe de Siam. Le temps des canonnières est révolu, vive celui du pistou et de la brandade ! À Koh Chang, Frédo, un Niçois, n'en démord pas

Les saveurs provençales ont trouvé un terroir d'adoption dans le golfe de Siam au restaurant de Frédo, un endroit tout à l'image de son propriétaire (Photo Eric Eustache)

Il y a neuf ans, Frédéric Dubois, alias Frédo, ouvrait le premier restaurant français sur la deuxième île du Royaume. Après plusieurs séjours touristiques dans le nord du pays, c'est le coup de foudre pour l'emplacement qui deviendra son fief, tout près de la plage de Kai Bae. "Il y avait ce ruisseau en contrebas, se souvient Frédo, mais pas encore de pont ni de bitume sur la route. Et la mer est à moins de 100 mètres. En bon Niçois, je ne peux pas me passer de la mer".
L'idée d'ouvrir un restaurant s'impose naturellement, tant il est imprégné de gastronomie méridionale. Un savoir-faire hérité de ses grands-parents qui ont cuisiné pour des hôtes de marque en villégiature sur la Côte d'Azur : le Général De Gaulle et la famille Pugliesi-Conti, des descendants de Napoléon III, notamment. Frédo ne retournera à Nice que pour démissionner de son emploi et ramener Copain, son perroquet. Une prime de départ, son seul capital, sera consacrée aux travaux du restaurant. Aujourd'hui, le lieu présente l'aspect d'une vaste véranda pouvant héberger jusqu'à une trentaine de convives. Les clients, en majorité francophones, sont souvent aiguillés par le bouche-à-oreille. "Je parle anglais, mais au bout d'un moment ça me fatigue", reconnaît le provençal.

S'adapter sans se renier
"Je ne suis pas venu pour faire fortune mais pour vivre tranquillement, souligne Frédo. Maintenant je veux assurer un train de vie décent à mes enfants. Ils sont nés sur l'île. Ce sera toujours leur refuge. Désormais, ma vie, c'est ici". Pas question de se renier pour autant. À contre-courant du mercantilisme standardisé, il a façonné son établissement à son image. Le lieu exhale l'atmosphère libre et foisonnante d'une maison de poète. Terrain de pétanque et baby-foot en prime.
Imperturbable, l'azuréen assiste au développement touristique rapide de son oasis de verdure. Il voit beaucoup d'étrangers tenter leur chance sur l'île, des illusions plein la tête, pour souvent plier boutique après quelques mois. Alors sa longévité et les mentions positives des guides de voyage suscitent parfois des jalousies? "En plus, j'ai mon caractère, si tu vois ce que je veux dire", avoue-t-il. Son accent chantant rime avec son franc-parler.

Les Anciens d'abord
Pas d'hypocrisie ni de chichi : l'homme ne marchande pas son engagement. Ainsi a-t-il surmonté débuts difficiles et basses saisons. "Je ne suis jamais arrivé à mettre un sou de côté, mais je parviens maintenant à mieux payer mes employés", se félicite Frédo. Jusqu'à quatre personnes l'épaulent en haute saison. Pas facile non plus de jongler avec les approvisionnements qui imposent des voyages éclair sà Bangkok tandis que les merguez viennent de Chiang-Mai ! "Il m'a fallu plusieurs années pour trouver les bons fournisseurs", soupire le restaurateur.
Si les rapports avec la quinzaine de Français basée sur l'île sont parfois "distants", peu importe ! Frédo se sent accepté par les autochtones, notamment les anciens. C'est bien l'essentiel. "À condition d'être intègre et de respecter les autres, personne ne t'embête, souligne-t-il. Il y a beaucoup de gens honnêtes en Thaïlande". Pour autan,t il sait bien qu'il est, et demeurera un immigré. "C'est partout pareil sur la planète. Accepter l'immigré c'est toute une éducation en cours. Et ça prendra du temps".
Eric EUSTACHE. (
/> - Bangkokwww.lepetitjournal.com) vendredi 14 septembre 2007

Koh Chang en bref
Koh Chang se situe à 5 heures de route de Bangkok et 50 minutes de vol seulement pour ceux qui choisissent de transiter par l'aéroport de Trat. Malgré une règlementation qui limite, par exemple, la hauteur des constructions à 3 étages, la mutation de l'île est spectaculaire. D'autant qu'elle affecte essentiellement le côté Ouest, seul doté de belles plages. Bungalows, restaurants, supérettes et autres "spa-resorts"très "tendance"bourgeonnent de part et d'autre de l'unique petite route sinueuse qui ne ceinture pas encore complètement l'île. Gare au grand embouteillage pendant les week-ends de la haute saison ! Mais pas de panique : en se dirigeant vers le Sud, Klong Prao Beach, Kai Bae Beach, notamment, offrent encore de l'espace aux amateurs de nature et de tranquillité. Sans se limiter aux adresses proposées par l'utile site Internet de l'île (
www.koh-chang.com), il est judicieux de choisir son hébergement lorsque la marée est basse : cela permet d'écarter les portions de plages criblées de rochers. À la pointe Sud, le village de pêcheurs de Bang Bao propose une succulente cuisine thaïlandaise à base de produits de la mer dans ses restaurants sur pilotis. Pour ceux qui ne sont pas limités par le temps, l'horizon est ouvert sur l'archipel d'une cinquantaine d'îles qui constituent le Parc National de Koh Chang. Attention : elles ne sont pas toujours accessibles pendant la saison des pluies. L'attrait d'une faible fréquentation a ses revers.

logofbbangkok
Publié le 14 septembre 2007, mis à jour le 13 novembre 2012
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