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Surayud Chulanont, un général en retraite nommé Premier ministre en Thaïlande

Le nouveau chef du gouvernement de Thaïlande est un ancien général nommé par la junte et proche du roi. Mais Surayud Chulanont est aussi un fervents partisan de la séparation entre politique et armée. C'est un homme respecté par tous qui peut espérer disposer d'une réelle marge de manoeuvre

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Surayud Chulanont, nouveau Premier ministre (photo AFP)
Écrit par Arnaud Dubus
Publié le 2 octobre 2006, mis à jour le 16 août 2024

Surayud Chulanont, 63 ans, a été désigné hier nouveau Premier ministre de Thaïlande par la junte militaire au pouvoir. Le chef du gouvernement qui devra conduire le pays jusqu'aux prochaines élections démocratiques d'octobre 2007 est un général en retraite, proche conseiller du roi.

Le nouveau premier ministre de Thaïlande est le grand homme de la réforme des forces armées thaïlandaises. Fils d'un maquisard du Parti communiste de Thaïlande mort en exil, il a été le principal artisan de la dépolitisation des forces armées après la répression sanglante par les militaires des manifestations pro-démocratiques à Bangkok en mai 1992. Nommé à la tête de l'armée de terre en 1998, il avait lancé un programme de professionnalisation pour recentrer l'armée sur sa mission de protection de la sécurité.

Farouche partisan d'une lutte contre la corruption, il avait réformé la procédure pour les achats d'armements (jusque là la meilleure occasion pour les officiers d'arrondir leurs fins de mois) pour la rendre plus transparente. Sous son égide les effectifs militaires étaient passés de 230.000 à 190.000. "C'est un homme que tout le monde respecte. Il est honnête et austère. Il n'est pas du genre àvous emmener passer une soirée dans un Karaoke", indique Panitan Watanayakorn, un expert des questions de sécurité.

Ancien commandant de Sonthi Boonyaratkalin

Le paradoxe constituépar l'arrivée d'un général la tête du nouveau gouvernement n'est pas aussi fort qu'il ne paraît. En effet, Surayud Chulanont s'est toujours opposé aux interférences des militaires d'active dans la politique.

Ainsi, fin 2000 il avait réprimandédes officiers, camarades de promotion du futur Premier ministre Thaksin Shinawatra, qui avaient apporté publiquement leur soutien au candidat. En Thaïlande, de très nombreux politiciens sont toutefois d'anciens officiers militaires : depuis 1980, trois généraux à la retraite ont occupé la fonction de Premier ministre.

Marge de manoeuvre

Après avoir quitté le service actif, Surayud Chulanont a passé plusieurs mois comme bonze dans un monastère de forêt : une image qui a fortement impressionné les Thaïlandais. Il est ensuite devenu membre du Conseil privé du roi Bhumibol Adulyadej, poste dont il a démissionné dimanche matin.

Surayud Chulanont a été le commandant du général Sonthi Boonyaratklin, le chef de la junte, au Centre des forces spéciales de Lopburi. Cette séniorité, une valeur clef au sein de l'armée thaïlandaise, devrait lui donner une certaine marge de manoeuvre pour diriger le pays vis-à-vis des membres du Conseil National de Sécurité. C'est d'autant plus important que la constitution provisoire, approuvée dimanche par le roi, permet àla junte de contrôler étroitement l'action du gouvernement.

Arnaud Dubus pour lepetitjournal.com - 2 octobre 2006

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