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POLITIQUE – Les Jaunes et les Rouges dans la rue ravivent l'instabilité

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 1 février 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

Installés depuis mardi dernier devant la maison du gouvernement, un peu plus d'un millier de manifestants Chemises jaunes maintiennent la pression contre le Premier ministre Abhisit Vejjajiva, dont ils critiquent une position jugée trop laxiste sur la question frontalière avec le Cambodge. Ce retour des ultra-conservateurs laisse selon certains experts présager une amplification des manifestations anti-gouvernementales, toutes couleurs confondues

Les Chemises jaunes font pression depuis la semaine dernière afin d'obtenir du gouvernement une position plus dure vis-à-vis de la gestion du conflit frontalier avec le Cambodge, avec lequel ils veulent cesser toute négociation (Photo d'archive Pierre QUEFFELEC)

Avec leurs tentes spacieuses et proprettes, les massages, les repas gratuits et végétariens, et une bonne dose de rhétorique nationaliste, les Chemises Jaunes de l'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD) sont de retour dans les rues à Bangkok. Plus d'un millier de personnes se sont rassemblées devant le siège du gouvernement depuis mardi, afin de protester contre la gestion du conflit frontalier entre la Thaïlande et le Cambodge, et aussi pour demander la libération d'un thaïlandais toujours emprisonnés pour espionnage à Phnom Penh.
Malgré leur effectif relativement réduit par rapport à leurs rivaux Chemises Rouges qui ont réuni récemment près de 30.000 personnes, les Jaunes ont promis de ne pas quitter la rue et d'étouffer le gouvernement. Ces militants ultra-conservateurs ont déjà aidé à renverser trois gouvernements en cinq ans, dont celui de l'ancien Premier ministre fugitif Thaksin Shinawatra.

Abhisit lâché par le PAD
Le PAD exige que le gouvernement prenne une position beaucoup plus dure sur la question de la zone frontalière de 4,6 kilomètres avec le Cambodge. Elle est notamment située à proximité de l'ancien temple de Preah Vihear, reconnu comme propriété du Cambodge en 1962 mais dont l'entrée principale se trouve en Thaïlande. "Je suis venu ici pour aider mon pays. Nous avons besoin de protéger notre terre", affirme le manifestant Chutikarn Rattanasupa, 42 ans, propriétaire d'une épicerie à Nakhon si Thammarat, dans le sud de la Thaïlande. Les Jaunes, qui soutiennent les élites de Bangkok et des éléments de l'armée, étaient liés au Premier ministre Abhisit Vejjajiva, mais leur relation s'est dégradée. En 2008, ils ont permis à Abhisit de prendre le pouvoir après avoir poussé vers la sortie deux gouvernements pro-Thaksin et organisé le siège des deux aéroports de Bangkok, bloquant ainsi 300.000 passagers. Deux ans plus tôt, les Jaunes avaient déstabilisé le gouvernement Thaksin, préparant la voie à un coup d'État des militaires.

Les Jaunes souhaitent revenir sur le devant de la scène
Abhisit peut réussir à conserver sa réputation de "Premier ministre qui ne cède pas à condition qu'il résiste aux demandes des Jaunes", selon Paul Chambers, de l'Université Heidelberg en Allemagne. Dans le même temps, "s'il ne fait pas de concessions, les manifestations grossiront", affirme l'universitaire. La question frontalière s'est embrasée lorsque sept Thaïlandais ont été arrêtés au Cambodge en décembre pour avoir pénétré illégalement en zone litigieuse. Un activiste des Jaunes est toujours en prison et fait face à des accusations d'espionnage.
Cependant, Pavin Chachavalpongpun de l'Institut des études sur le sud-est asiatique à Singapour, considère ce conflit avec Phnom Penh comme une excuse pour les Jaunes afin de "revenir sur le devant de la scène". "Ils souhaitent juste regagner de la crédibilité politique et la seule façon pour eux d'y arriver est d'attaquer le gouvernement actuel, peu importe lequel". Les groupes manifestant dans la rue risquent de s'accroître avec la perspective d'élections prévues avant février 2012, a-t-il ajouté. L'année dernière, 90 personnes ont été tuées lors des manifestations antigouvernementales des chemises rouges en avril et mai. "Les chemises ? de toutes les couleurs - s'apprêtent à se faire entendre plus clairement et plus fort", a déclaré Pavin.

"193 jours en 2008"
A la manifestation des Jaunes, il y a presque une atmosphère festive, avec les toilettes, les douches, les poubelles pour le recyclage, sans oublier les stands vendant des montres et des amulettes et même un caricaturiste. Une enseigne "Nourriture gratuite" se trouve près d'un assortiment de repas et une montagne de choux. Un groupe de bouddhistes habillés en bleu s'emploie à servir les personnes du rassemblement. Malgré cette apparence décontractée, les rouleaux de barbelés entre le camp des manifestants et les portes fermées du siège gouvernemental rappellent que les Jaunes ont déjà été là auparavant. "Je suis resté 193 jours en 2008 et cette fois je me prépare à rester aussi", a lancé Nittaya Kurakan, 40 ans, propriétaire d'un cabinet comptable.
(http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html avec AFP) mardi 1er février 2011

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Publié le 1 février 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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