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Les opérations de changement de sexe, une spécialité toujours thaïlandaise

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Les petites annonces pour des opérations de chirurgie plastique ou de changement de sexe sont légion dans les magazines thaïlandais, avec des prix pouvant aller de 1.600 dollars à près de 15.000 dollars (Photo LPJ Bangkok)
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 23 novembre 2018, mis à jour le 27 octobre 2022

Alors que plusieurs pays ont récemment modifié leurs lois en facilitant l'accès aux opérations de réassignation de genre et en octroyant le droit de changer de sexe sur les passeports, la Thaïlande se place toujours comme le pays spécialiste de ce type d'opération chirurgicale. Néanmoins, le gouvernement a souhaité renforcer le contrôle pour les patients souhaitant suivre la procédure légale, suscitant la colère de chirurgiens qui jugent ces mesures inutiles

La Thaïlande est connue depuis plus d'une dizaine d'années pour être le paradis des hommes et femmes qui souhaitent changer de sexe, proposant des opérations à bas prix pour une qualité qui reste souvent supérieure à celles pratiquées dans d'autres parties du globe, sans pour autant demander - jusqu'à récemment - beaucoup de démarches administratives.

Face à un phénomène en augmentation, selon un article réalisé par l'Association des jeunes chercheurs en psychopathologie et psychanalyse, plusieurs gouvernements ont récemment facilité les procédures de changement d'identité résultant d'une opération, ou l'accès à des soins médicaux spécifiques.

Depuis jeudi dernier, les voyageurs transgenres n'ont plus besoin d'avoir été opérés pour modifier leur statut sur les passeports américains, selon une annonce du Département d'Etat. En Australie, l'Etat du New South Wales a accordé en début d'année le droit à ses résidents d'éviter la distinction masculin/féminin, et Cuba a mis en place des opérations de changement de sexe sponsorisées par l'Etat. Fin février, la France a même franchi un pas historique en étant le premier pays au monde à ne plus considérer le transsexualisme comme une pathologie mentale.

Mais la plupart de ce type d'opérations se déroule dans le pays qui compte certains des meilleurs chirurgiens plastiques au monde : La Thaïlande. "En moyenne, environ 30.000 hommes viennent se faire opérer chaque année en Thaïlande pour changer de sexe. On estime par ailleurs le nombre de "ladyboys" dans le pays à 200.000, bien que peu de statistiques circulent à ce sujet", précise le docteur Preecha Tiewtranonth, chirurgien spécialisé dans les techniques de réassignation de genre. Selon lui, malgré la difficulté pour obtenir des chiffres, cela ferait de la Thaïlande la destination la plus appréciée pour les personnes souhaitant changer de sexe.

Une loi thaïlandaise sur le changement de sexe plus contraignante

Mais le gouvernement rend désormais la tâche plus difficile pour les patients souhaitant suivre la procédure légale. Outre le fait que changer de sexe est totalement illégal en Thaïlande avant l'âge de 18 ans, et sous consentement parental entre 18 et 20 ans, il faut depuis novembre prouver être psychologiquement apte à subir une telle opération. Quiconque souhaitant être opéré doit vivre comme une femme pendant un an, prendre un traitement hormonal et obtenir l'approbation de deux psychiatres.

Selon Punlop Tongchai, patient opéré une semaine avant l'application de la loi, c'est trop demander. "Ce n'est pas quelque chose de nécessaire. Je ne voulais vraiment pas avoir à passer par ce processus, alors j'ai décidé d'être opéré avant que la loi ne soit appliquée", explique-t-il. Mais tout le monde n'est pas de cet avis. La militante des droits des gays, Nathee Teerarojanapong, pense ainsi qu'un renforcement des protections juridiques est nécessaire pour éviter des changements de sexe trop hâtifs. "J'ai reçu tellement d'appels de personnes me disant regretter d'avoir changé de sexe", explique Nathee. "Ils ont fait une grosse erreur et veulent redevenir comme avant. Mais ils ne peuvent pas!" Car en plus de l'impact psychologique de la chirurgie, il faut aussi tenir compte des effets secondaires des hormones qui doivent être prises pour accélérer la transformation, pouvant entrainer nombre de complications.

Se sentir en accord avec soi-même

Pour son opération, Punlop est allé voir Thep Vedusit, un chirurgien de Bangkok qui se targue de réaliser des interventions rapides sans l'utilisation de l'anesthésie générale, et qui croit que ces nouvelles règles créent des obstacles inutiles. Ce dernier déclare avoir réalisé plus de 500 opérations de changement de sexe, et reçoit deux ou trois patients chaque semaine ? dont la moitié sont des étrangers venus profiter des avantages de la loi thaïlandaise. "Je pense qu'un chirurgien peut prendre la décision de qui est un transsexuel ou non? Chaque patient a exprimé pendant très longtemps la volonté d'être opéré et je ne pense pas qu'un psychiatre puisse être d'un quelconque bénéfice", explique Thep. En tout cas, un mois après son opération, Punlop est très heureux d'être enfin devenu une femme, "Cela a été mon rêve depuis que je suis enfant. Est-ce que je suis heureuse? Oui, je le suis", explique-t-elle avec le sourire.

(Avec AFP) mercredi 16 juin 2010

Lire aussi l'article de l'Association des jeunes chercheurs et psychopathologie et psychanalyse
Lire aussi l'article du Figaro, France : Le transsexualisme n'est plus une maladie mentale

lepetitjournal.com bangkok
Publié le 16 juin 2010, mis à jour le 27 octobre 2022

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