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LIBERTES - Le militant Somyot écope de 11 ans de prison pour lèse-majesté

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 24 janvier 2013, mis à jour le 24 janvier 2013

 

Somyot Prueaksakasemsuk, un journaliste et militant proche du mouvement thaïlandais des "chemises rouges", accusé d'avoir insulté la famille royale, a été condamné mercredi à Bangkok à 11 ans de prison, une condamnation dénoncée par l'Union européenne, alors que la loi réprimant le crime de lèse-majesté est de plus en plus contestée dans le pays.

Somyot, les fers aux pieds lors de sa comparution devant les juges en 2012 (photo DR)

Somyot Prueaksakasemsuk, arrêté en avril 2011, a été reconnu coupable de lèse-majesté après la publication de deux articles en février et mars 2010 dans le magazine "Voice of Thaksin", dont il était rédacteur en chef.
Il a écopé de cinq ans de prison par article. Le tribunal l'a en plus condamné à purger une précédente peine d'un an de prison avec sursis pour diffamation.

"Nous allons faire appel", a indiqué son avocat Karom Polpornklang. "Je peux confirmer qu'il n'avait pas l'intention de violer l'article 112 (qui réprime le lèse-majesté, ndlr). Il faisait son travail de journaliste", a-t-il ajouté.
L'épouse de l'accusé fait partie d'un réseau de familles de prisonniers dans des dossiers de lèse-majesté qui milite pour faire connaître leur épreuve en espérant un jour une modification du texte.
Le verdict "n'a pas de sens", a dénoncé Sukanya Prueksakasemsuk, hésitant entre l'appel et la grâce royale. "Nous nous sommes battus par la voie légale et ça n'a pas marché. Donc nous ne sommes pas sûrs d'avoir un meilleur résultat en appel", a-t-elle expliqué à l'AFP.

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L'UE très inquiète, les Nations Unies dénoncent une sentence "extrêmement sévère"
"La cour semble avoir adopté le rôle de protecteur en chef de la monarchie aux dépens des droits de liberté d'expression", a ajouté Brad Adams, directeur Asie de Human Rights Watch, pour qui le militant a été en réalité puni pour avoir combattu la législation et non pour insulte à la monarchie.
La Haute-Commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme, Navi Pillay a exprimé sa profonde inquiétude vis-à-vis du verdict et de la sentence "extrêmement sévère".
La décision du tribunal, estime-t-elle, est la dernière indication d'une "tendance inquiétante selon laquelle les accusations de lèse-majesté sont utilisées à des fins politiques."
"La loi sur le lèse-majesté doit être immédiatement suspendue et révisée", a plaidé de son côté Isabelle Arradon, d'Amnesty international, réclamant la libération de Somyot "et de tous les autres prisonniers de conscience".
"Le verdict sape gravement le droit à la liberté d'expression et la liberté de la presse. En même temps, cela affecte l'image de la Thaïlande en tant que société libre et démocratique", a précisé l'UE, se disant "très inquiète" de cette décision.
"L'UE appelle les autorités thaïlandaises à s'assurer que toute limitation des droits fondamentaux est appliquée de manière proportionnelle en accord avec les droits de l'Homme universels".

Le roi Bhumibol, âgé de 85 ans, jouit auprès de certains de ses sujets d'un statut de demi-dieu.
Et si la famille royale n'a aucun rôle politique officiel, elle est protégée par l'une des lois les plus sévères du monde. La justice a multiplié ces dernières années les lourdes peines et les arrestations pour des propos jugés insultants à son endroit.
De nombreux intellectuels et organisations jugent que beaucoup de ces dossiers sont politiques, relevant qu'un grand nombre d'accusés, comme Somyot, ont des liens avec le mouvement des "rouges", proche de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra.
Thaksin, renversé par un coup d'Etat militaire en 2006, est considéré comme une menace pour la monarchie par les élites de Bangkok. Ses partisans avaient bloqué Bangkok pendant deux mois en 2010, lors de la plus violente crise politique qu'ait connue la Thaïlande moderne (90 morts, 1.900 blessés).
Le débat autour de la loi de lèse-majesté s'était enflammé l'an dernier après la mort en prison d'un grand-père condamné à 20 ans pour quatre sms jugés insultants envers la monarchie. Un dossier devenu un symbole de la lutte pour la liberté d'expression.
AFP (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) jeudi 24 janvier 2013

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Publié le 24 janvier 2013, mis à jour le 24 janvier 2013

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