La réélection quelque peu surprenante de Sukhumbhand Paribatra ne doit pas faire oublier que celui-ci devra se révéler fin tacticien pour que son deuxième mandat se révèle profitable pour la capitale.
Sukhumbhand peut savourer sa victoire. Dimanche 3 mars, il a été réélu gouverneur de Bangkok en obtenant 46% des suffrages exprimés. Son grand adversaire, le général Pongsapat Pongcharoen a obtenu que 39% des voix. Le taux de participation à ce scrutin a été de 62%, contre 51% en 2009. Cette réélection est une surprise d'autant que les instituts de sondages prédisaient dans leur grande majorité la victoire du représentant du parti Puea Thai? Ceci dit, le Parti démocrate dont est issu Sukhumband est habitué à ce cas de figure. En 2004 et 2009, les enquêtes d'opinion donnaient perdant son candidat engagé dans la course au poste de gouverneur de Bangkok, avant que le résultat des urnes ne les fassent mentir.
Pongsapat avait l'avantage de la nouveauté, d'être soutenu par le parti majoritaire au pouvoir. Il avait également bien pris soin de ne pas citer durant la campagne le nom de l'ancien Premier ministre déchu Thaksin Shinawatra (2001-2006), frère aîné de l'actuelle Première ministre Yingluck Shinawatra, afin de ne pas raviver les tensions politiques - il est vrai que Thaksin cristallise ranc?ur et haine de la part de ses adversaires politiques. Mais tous ces atouts n'ont pas suffit, et une majorité des 4,3 millions d'électeurs appelés aux urnes, sur les 12 millions d'habitants que compte la capitale, ont préféré renouveler leur confiance au titulaire du poste.
Le résultat de dimanche est une bonne nouvelle pour le Parti démocrate, d'autant que le principal parti d'opposition remporte-là une victoire importante après une succession de défaites aux élections nationales. Mais cette réélection est-elle aussi une bonne nouvelle pour Bangkok ?
Le site Asian Correspondent se pose la question dans un long article consacré au scrutin du 3 mars. Le journaliste Saksith Saiyasombut se demande en effet de quelle marge de man?uvre va bien pouvoir disposer Sukhumbhand. Les deux milliards de dollars de budget de son administration, la Bangkok Metropolitan Autority (BMA), suffisent juste à couvrir les coûts de fonctionnement. Etant dans l'opposition, pourra-t-il faire entendre sa voix auprès de l'actuel gouvernement ? La gestion calamiteuse des inondations de Bangkok en 2011 est encore dans toutes les mémoires. A l'époque, Sukhumbhand et Yingluck s'étaient accusés mutuellement d'être responsables du désastre.
Sukhumband a promis aux électeurs, rapporte le Bangkok Post (5 mars), qu'ils verraient les résultats de sa politique sous un un an. L'installation de 27.000 caméras de surveillance dans la ville, la construction de trois gros tunnels de drainage des eaux pluviales et la création d'espaces verts dans les districts de Bang Bon, Bang Kae et Bang Khen sont quelques-uns des projets que le gouverneur compte mener à bien rapidement.
Dimanche soir, le gouverneur et la Première ministre ont multiplié les déclarations d'apaisement et ont assuré pouvoir ?uvrer ensemble à améliorer la qualité de vie des Bangkokois. Pour le Puea Thai et le Parti démocrate, il vaudrait sans doute mieux qu'un terrain d'entente soit trouvé. Sinon, le fossé s'agrandira un peu plus entre la société thaïlandaise et la classe politique du pays.
LB mardi 5 mars 2013