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LESE-MAJESTE - Deux jeunes plaident coupable pour leur pièce de théâtre étudiante

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 29 décembre 2014

Deux jeunes thaïlandais accusés de lèse-majesté à travers une pièce de théâtre universitaire ont plaidé coupable lundi alors que la répression de la junte au nom de la protection de la monarchie s'intensifie.

Le Roi Bhumibol Adulyadej, agé de 87 ans, est protégé par l'une des lois les plus sévères – et non moins controversée - contre le crime de lèse-majesté qui punit toute action ou propos l'insultant lui, la reine, l'héritier ou régent, d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à 15 ans pour chaque chef d'accusation.

"Les deux accusés plaident coupables des chefs d'accusation", a déclaré le juge à la Cour criminelle de Bangkok, située sur l'avenue Ratchadapisek, ajoutant que leur sentence serait communiquée le 23 février prochain.

Patiwat Saraiyaem, étudiant de 23 ans, et Porntip Mankong, militante de 25 ans, avaient été arrêtés en août dernier, près d'un an après que la pièce intitulée "La fiancée du loup" ("Jao Sao Ma Pa" en thaï) avait été jouée dans l'université Thammassat pour commémorer le 40e anniversaire du soulèvement étudiant d'octobre 1973, réprimé dans le sang par l'armée.

Les deux jeunes ont été présentés devant la Cour pieds nus – les fers aux pieds pour Patiwat – lors d'une audience à laquelle assistaient quelques dizaines de personnes parmi lesquelles leurs proches, des étudiants et des observateurs du bureau du Haut Commissaire des Droits de l'Homme des Nations Unies.

Patiwat, étudiant de dernière année de l'université de Khon Kaen, avait joué dans la pièce – qui portait sur une monarchie fictive – tandis que Porntip avait coordonné la production et campait un petit rôle sur scène.

Explosion des cas de lèse-majesté

Depuis sa prise du pouvoir le 22 mai, la junte militaire fait la chasse à ses opposants tout en faisant l'une de ses priorités de la lutte contre le crime de lèse-majesté.

Les défenseurs des droits de l'homme dénoncent un nombre "sans précédent" de poursuites judiciaires dans le cadre de l'article 112 du code criminel qui définit la loi contre le lèse-majesté. Une étude récente de la Fédération Internationale des Droits de l'Homme, basée à Paris, fait état d'au moins 18 arrestations depuis le putsch, dont certaines affaires expédiées dans des délais exceptionnellement courts par la justice.

Le 18 novembre, un animateur radio a été emprisonné pour cinq ans par un tribunal militaire pour avoir enfreint la loi contre le lèse-majesté.

Quelques jours plus tôt, un étudiant de 24 ans a pris 2 ans et demi après avoir plaidé coupable d'avoir insulté la monarchie dans un message posté sur Facebook sous un pseudonyme.

Avant le coup d'Etat, les appels à une réforme de la loi sur le crime de lèse-majesté s'étaient multipliés, mais des universitaires réclamant un vrai débat sur cette question ont fait partie de centaines de personnes convoquées par la junte et détenues plusieurs jours dans des lieux tenus secrets.

Les détracteurs de l'article 112 estiment que la loi est instrumentalisée à des fins politiques, et font remarquer que la plupart de ceux qui ont fait l'objet de poursuites ces dernières années avaient des liens avec le mouvement des Chemises rouges, qui soutient l'ancien Premier ministre en fuite, Thaksin Shinawatra, que les élites gravitant autour du palais cherchent désespérément à effacer de l'échiquier politique.

Déposé par un coup d'Etat en 2006 peu après avoir été réélu, Thaksin Shinawatra a continué d'animer la scène politique depuis l'étranger où il vit depuis 2008 pour échapper à une condamnation pour conflit d'intérêts. Ses lieutenants ont remporté les élections de 2007 - pourtant organisées par les militaires putschistes - puis celles de 2011. Mais trois des Premiers ministres qui ont gouverné en son nom, dont sa propre sœur, Yingluck Shinawatra, ont tour à tour été évincés du pouvoir par des décisions de justice, et le dernier par le coup d'Etat de mai dernier.

La presse locale aussi bien que les médias internationaux doivent pratiquer l'autocensure dès lors qu'il s'agit de la famille royale. Le seul fait de rapporter les détails d'une affaire de lèse-majesté – les chefs d'accusation – tombe sous le coup de l'article 112.

P.C. avec AFP (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) mardi 30 décembre 2014
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Publié le 29 décembre 2014, mis à jour le 29 décembre 2014

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