

Ludovic Chaker est candidat aux élections législatives de 2012 sur la 11e circonscription des Français établis hors de France en tant qu'indépendant social-démocrate. Ancien directeur des relations internationales de la zone Asie-Pacifique de Sciences Po, il a été chargé de mission au Consulat de Shanghai de 2007 à 2009. Actuellement en campagne en Thaïlande, il a répondu à nos questions
Passionné de l'Asie, Ludovic Chaker se retrouve dans le découpage de la 11e circonscription (photo courtoisie Ludovic Chaker)
Âgé de 32 ans, Ludovic Chaker se présente en tant qu'indépendant social-démocrate dans une circonscription qu'il connaît en partie pour avoir été chargé de mission sur les questions universitaires au Consulat de Shanghai pendant deux ans, mais aussi chef d'îlot. Ancien membre du Parti socialiste, il a été Directeur des relations internationales en charge de la zone Asie, Pacifique, Afrique et Moyen-Orient de Sciences Po, poste qu'il a quitté pour se lancer en tant que candidat pour les élections législatives 2012 le 1er janvier dernier. Ce passionné de l'Asie a également été diplômé du CELSA en sciences de l'information et de la communication et Pacsé depuis 2008 avec sa compagne qui est de nationalité bulgare.
LePetitJournal.com Bangkok : Pourquoi avoir décidé de vous présenter à cette élection et pourquoi avec une étiquette d'indépendant ?
Ludovic Chaker : Je vivais en Chine lors de la réforme constitutionnelle en 2008 qui a créé le poste de députés représentant les Français de l'étranger. Pour avoir été membre du Parti socialiste à l'époque, j'ai trouvé que Solférino abandonnait complètement les Français vivant hors de France. Je suis également tombé des nues à l'annonce du choix du candidat UMP. Il y a un schisme entre la réalité du terrain à l'étranger et les grands partis qui calculent toujours en fonction de l'intérêt politique. J'ai été également au contact de la précarité des Français de l'étranger, loin de l'image des expatriés qui prévaut en France. En discutant de politique l'an passé avec plusieurs amis qui vivent dans la 11e circonscription, ils m'ont demandé pourquoi je n'étais pas candidat. Après réflexion, j'ai décidé de me présenter en tant que candidat indépendant, car je sais que je pourrai ainsi conserver ma liberté de parole tout en pesant de tout mon poids à l'Assemblée nationale dont je connais la mécanique.
Quelles sont selon vous les principales attentes des Français de l'étranger en Asie du Sud-Est ? Quels sont les sujets que vous comptez défendre en priorité devant le Parlement ?
Il y a beaucoup de choses à faire dans la région et je pense que les préoccupations des Français de l'étranger sont les mêmes que ce soit en Thaïlande, en Russie ou au Japon. Mais leur première attente, c'est déjà qu'on leur explique le concept de représentant des Français de l'étranger. Je le vois de par mes voyages et mon réseau : beaucoup aujourd'hui ne sont pas au courant. C'est pour cela que j'essaie de faire de la pédagogie à ce sujet.
Sur le plan économique, on a besoin d'harmoniser le soutien des entreprises françaises à l'étranger. Aujourd'hui, ce rôle est partagé par les Chambres de commerce et d'industrie, les Conseillers économique du commerce extérieur, la Mission économique, et l'on n'arrive pourtant pas à soutenir les petites et moyennes initiatives. La politique industrielle de la France est tournée principalement vers les grands groupes alors qu'ils ne représentent qu'une part peu importante dans le PIB. Il y aussi le problème des sociétés de droit local qui sont dirigées par des Français, et qui ne sont pas prises en compte dans l'économie française. Je souhaite aussi défendre tous les jeunes que l'on pousse à avoir une expérience à l'étranger, et que l'on oublie lorsqu'ils restent sur place.
Je pense également qu'il faut une meilleure répartition des agences consulaires sur le territoire, une facilitation des démarches administratives comme celles qui permettent le mariage mixte ou les certificats de vie pour les retraités. Ces familles mixtes doivent être défendues sur l'ensemble des autres thèmes qui préoccupent les Français de l'étranger. L'éducation, avec un système de bourses qui devra être renforcé de la maternelle à la terminale en fonction des ressources des familles ; la santé, où il faudra que la CFE soit institutionnalisée et multiplie le nombre de ses conventions ; et sur la fiscalité où une double imposition doit être proscrite. Je tiens à ajouter que toutes mes propositions seront réalisées à budget constant.
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Vous êtes candidat à la députation pour la zone Russie-Asie-Océanie. Que pouvez-vous nous dire sur cette circonscription ?
Même si sa construction est improbable, je crois beaucoup dans cette circonscription. Des choses peuvent nous inspirer dans chacun de ses pays : des idées politiques, des pratiques d'entrepreneuriat. Les Français de la 11e circonscription sont une chance pour leur pays natal. Ils méritent qu'on les écoute. Aujourd'hui la France a besoin de cela car elle baigne dans la morosité et manque d'envie. C'est également une circonscription très dynamique où le nombre de Français qui s'y installent augmente beaucoup. Cette circonscription, c'est également ma circonscription, celle qui m'intéresse depuis des années et où je connais beaucoup de gens. Beaucoup de candidats qui s'y présentent sont les candidats d'un seul pays, moi je suis le candidat de la 11e circonscription.
Si vous êtes élu, de quelle manière mènerez-vous votre mandat ?
Je partagerai mon temps de manière équitable entre l'Assemblée nationale et une présence sur le terrain. Je pense me calquer sur le fonctionnement des députés des Départements d'outre-mer et je mettrai à profit la période des vacances parlementaires pour quitter Paris. Je resterai toujours au contact des Français de ma circonscription grâce aux représentants de l'Assemblée des Français de l'étranger qui devront servir de relais. De plus, l'enveloppe de député est assez conséquente pour financer également une équipe de veille qui me fera aussi remonter les problèmes.
Si je me suis engagé dans cette campagne, c'est pour être élu. Je veux renouveler cette classe politique vieillissante, où 80% des députés cumulent leur fonction avec d'autres mandats politiques. Je compte aussi beaucoup sur le travail en Commission des affaires sociales et Commission des affaires étrangères pour que les Français de l'étranger soient écoutés.
Comment se déroule votre campagne ?
Je me suis déplacé en Russie, en Inde, en Chine, à Hong Kong, et donc en Thaïlande. Et je dois encore me rendre dans six pays. La plupart du temps, comme je dispose d'un petit budget, je fais du couchsurfing, c'est-à-dire que je dors chez des gens contactés par Internet, ce qui me donne l'occasion d'échanger avec eux sur leurs attentes. Dans cette aventure, je suis avant tout le porte-parole de ce que j'entends durant mes voyages. Je suis également entouré d'une équipe de bénévoles qui font du très bon travail.
J'utilise aussi beaucoup les réseaux sociaux : Twitter, Facebook, et mon site personnel où je suis très actif. On m'a d'ailleurs surnommé lors d'une interview "le candidat Web 2.0". J'ai envoyé également des mails mais c'est un moyen qui semble ne pas plaire aux Français, comme en témoignent les réactions lors d'envois récents de candidats à la présidence de la république. Il faut aussi savoir que contrairement à d'autres, je n'ai pas eu accès à toutes les listes électorales. Certaines ambassades me les refusent alors que je pense avoir fait la preuve du sérieux de ma candidature.
Quel sera le rôle d'un député des Français établis hors de France ?
Il aura la tâche de faire connaître la force des Français résidant hors de leur pays natal, ceux qui prennent des risques, ceux qui ont réussi, et ceux qui ont moins réussi. Il devra les défendre, et ne devra pas permettre l'existence d'une différence de traitement entre les nationaux de France et ceux de l'étranger.
Il était tout naturel que des députés représentant les Français de l'étranger soient créés, afin d'équilibrer le système bicaméral puisque le Sénat dispose déjà de ce type de représentants. Le député sera l'articulation qui manquait entre l'AFE et le Secrétaire d'Etat chargé des Français de l'étranger. L'Assemblée des Français de l'étranger devra être maintenue mais réformée. Ses élus doivent devenir des experts du terrain qui feront remonter les besoins des Français au Parlement. J'appelle aussi les électeurs à voter en masse lors de ces élections car ce sera seulement avec une mobilisation importante que le député représentant des Français à l'étranger aura une vraie légitimité. Je n'oublie pas que le député est élu de la nation, et qu'il doit voter sur toutes les lois. J'aurai les convictions pour m'engager sur tous les sujets.
Pouvez-vous nous présenter votre suppléante Michèle Jullian qui vit en Thaïlande ?
Comme moi, elle ne se retrouve pas dans les clivages politiques. C'est une personne que j'ai rencontrée par des amis que nous avions en commun sur les réseaux sociaux. J'ai ensuite lu son blog, l'ai rencontrée sur Paris et cela a été le coup de foudre, une véritable rencontre humaine. C'est une femme qui connaît très bien l'Asie. Installée à Chiang Mai, elle était par exemple au Vietnam lors de la chute de Saïgon. Elle défend également de grandes causes, comme la survie de la minorité Karen en Birmanie, et je suis fier d'avoir son soutien.
Propos recueillis par Yann Fernandez (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) jeudi 12 avril 2012
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