Les Nations Unies préfèrent rester en dehors du conflit entre la Thaïlande et le Cambodge mais ont malgré tout appelé à un cessez-le-feu permanent à la frontière, lors d'une réunion du Conseil de sécurité lundi à New York. La Thaïlande a renouvelé son appel à destination du Cambodge pour rétablir des discussions bilatérales, mais ce dernier s'y refuse
Le Conseil de sécurité de l'ONU préfère rester en dehors du conflit Thaïlande Cambodge (Photo DR)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a exhorté lundi le Cambodge et la Thaïlande à observer "un cessez-le-feu permanent" à leur frontière après les affrontements armés de la semaine dernière, a annoncé la présidente du Conseil, Maria Luiza Ribeiro Viotti. "Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur profonde inquiétude concernant les récents affrontements entre le Cambodge et la Thaïlande", a-t-elle déclaré, après une rencontre avec les ministres des Affaires étrangères des deux pays ainsi que de celui de l'Indonésie, actuelle présidente de l'Association des nations d'Asie du Sud-est (Asean). Ils "ont appelé les deux parties à faire preuve d'un maximum de retenue et à éviter toute action qui pourrait aggraver la situation", a ajouté Mme Ribeiro Viotti, ambassadrice du Brésil à l'ONU qui assure la présidence du Conseil de sécurité pour février. "Les membres du Conseil de sécurité ont exhorté les parties à établir un cessez-le-feu permanent et à le respecter pleinement", a-t-elle ajouté.
Une réunion de principe
Le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu lundi une réunion à huis clos sur les affrontements armés entre la Thaïlande et le Cambodge avec les chefs de la diplomatie des deux pays. Les deux voisins s'accusent mutuellement d'avoir déclenché la crise. Au moins dix personnes ont été tuées lors d'affrontements à l'arme lourde la semaine dernière, dont 7 côté cambodgien. Ils se disputent une zone frontalière qui abrite le temple de Preah Vihear, des ruines du XIe siècle attribuées au Cambodge, mais dont le classement par l'Unesco en 2008 avait provoqué la colère des nationalistes thaïlandais. Plusieurs secteurs de la frontière n'ont pas été délimités. Le ministre des Affaires étrangères cambodgien, Hor Namhong, est venu à New York afin d'obtenir "un cessez-le-feu permanent" tandis que la Thaïlande, représentée par le ministre des Affaires étrangères Kasit Piromya, a insisté pour que le conflit soit résolu bilatéralement. Leur homologue indonésien, Marty Natalegwa, a également participé à la réunion de l'ONU après avoir essayé de jouer le rôle de médiateur dans le différend. Une initiative que soutiennent les Nations Unies, selon Viotti. "L'idée est de travailler en synergie avec les efforts régionaux et de résoudre pacifiquement la situation au travers d'un dialogue efficace", a-t-elle ajouté.
Aucune intervention directe de l'ONU
Alors que le Cambodge a obtenu le soutien pour un cessez-le-feu permanent, le Conseil de sécurité n'a pas approuvé sa demande de déployer des casques bleus dans la zone contestée. Le ministre des Affaires étrangères cambodgien a accusé la Thaïlande d'avoir utilisé durant les affrontements des explosifs et munitions interdites au niveau international. "Nous rejetons toutes ces allégations et nous n'avons pas tiré en premier. C'était une riposte", a répondu Kasit. Le ministre thaïlandais a déclaré que des casques bleus n'étaient pas nécessaires, et que cette option n'avait pas été soulevée lors de la réunion du Conseil de sécurité. Depuis Bangkok, le Premier ministre Abhisit Vejjajvia a renouvelé son appel à destination du Cambodge pour rétablir des discussions bilatérales. "Quand la communauté internationale pense que le problème doit être résolu par la négociation, le Cambodge n'a aucune raison de refuser", a-t-il déclaré. "La réaction du Conseil de sécurité de l'ONU devrait probablement aider à apaiser les tensions à la frontière. La Thaïlande n'a pas l'intention d'envahir ou d'utiliser la force. Nous voulons la reprise des discussions", a-t-il ajouté. Kasit a expliqué ne pas avoir rencontré son homologue cambodgien à New York, mais qu'il aurait la possibilité de le faire durant la rencontre des ministres des Affaires étrangères de l'Asean prévue le 22 février prochain, à Jakarta. "Évidemment, c'est une question qui devra être résolue au final bilatéralement entre les deux parties, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas un rôle à jouer pour les pays régionaux", a précisé Marty.
(http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html avec AFP) mercredi 16 février 2011
Nouvel incident mineur à la frontière
Un soldat thaïlandais a été blessé hier matin lors d'un nouvel affrontement à la frontière, a déclaré hier l'armée thaïlandaise, quelques heures après l'appel de l'ONU à un cessez-le-feu permanent. « Le Cambodge a jeté des grenades à main en Thaïlande vers 5h du matin », a déclaré le porte-parole de l'armée, Sansern Kaewkumnerd, décrivant cet évènement comme un accident mineur. « Un soldat thaïlandais a été blessé ». Un commandant cambodgien en poste près de la frontière qui n'a pas souhaité être nommé a rejeté les accusations, disant que les troupes thaïlandaises ont jeté régulièrement des grenades mais que les forces cambodgiennes n'ont pas riposté.
(http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html avec AFP) mercredi 16 février 2011
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