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FESTIVAL - Les fusées géantes de Yasothon

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 13 mai 2013, mis à jour le 14 mai 2013

Comme chaque année à la mi-mai, s'est tenue le week-end dernier la fête des fusées de Yasothon. Un festival connu surtout pour ses impressionnantes Boon Bang Fai, ses fusées artisanales lancées dans le ciel afin d'attirer la pluie.  

Les Boon Bang Fai, littéralement les ?offrandes de fusées en bambou?, sont tirées à cette période de l'année dans toute la région de l'Isaan et une partie du Laos en vue de célébrer la venue de la saison des pluies. Leur lancement est enraciné dans les traditions et croyances des habitants. Lors du début de la saison de la culture du riz, ces derniers ont pris l'habitude de lancer des fusées dans le ciel pour s'attirer les faveurs du dieu Phaya Thaen, pour qu'il déclenche la venue des pluies salvatrices. Celles-ci favorisent une récolte abondante de riz, une végétation luxuriante avec plus d'animaux à chasser et plus de poissons dans les rivières.

Dans un syncrétisme typiquement thaïlandais, le lancement des fusées correspond aux fêtes de la prospérité et de la fertilité, fêtes pré-bouddhistes qui se tenaient juste avant l'arrivée des pluies et donnaient lieu à des grandes retrouvailles dans les villages avec des danses et des défilés. Toutefois, Yasothon, une des provinces les plus rurales de Thaïlande, détient la palme par l'ampleur de son festival et la taille de ses fusées. Pendant trois jours de fêtes, la petite ville de 25.000 habitants est très animée mais a su garder son authenticité.

Pétards et autres petites fusées

Il s'agit avant tout d'un évènement mené par les habitants de la province de Yasothon, auquel assistent essentiellement leurs voisins des provinces alentours et quelques touristes farangs. Les festivités commencent le vendredi sur la principale artère de la ville, la Jaeng Sanit Road, avec un défilé de groupes de majorettes et les membres des clubs de sport de la province de Yasothon. Un marché local envahit alors les rues adjacentes, où dans une ambiance de kermesse, sont vendus tous les produits de l'Isaan ainsi que les pétards et autres petites fusées artisanales destinés aux participants.

La soirée du vendredi est sans doute celle où les noctambules sont les plus en vue : les orchestres de musique

traditionnelle de l'Isaan (morlam) succèdent aux sonos dans une atmosphère joyeuse et bon enfant, un peu similaire celle que l'on peut retrouver dans les férias du Sud de la France. Les fêtards dansent dans la rue jusqu'au bout de la nuit, tandis que l'alcool de riz, le rhum (saengsom) et la bière thaïlandaise coulent à flot. Le samedi, se tient sur la même artère le défilé des danseuses et orchestres de morlam. Les danseuses, portant costumes traditionnels aux couleurs vives et coiffes apprêtées, exécutent des pas de danse de manière gracieuse et parfaitement coordonnée qui laisse le spectateur subjugué. Elles suivent le rythme tantôt lancinant tantôt enjoué des joueurs de flûte à vent (khaen), de tambours (gong) et de guitare électrique à la sonorité aigue si particulière, qui sert de marque de fabrique au morlam.

C'est un total de 23 troupes qui défilent devant un jury, installé en tribune VIP, de 10h à 16h00. Une performance artistique mais également physique pour tous les danseurs et musiciens, qui restent au soleil sans discontinuer. Le tout est parfaitement organisé et agréable à suivre, car les groupes de danseurs alternent avec des séquences plus détendues ou humoristiques, où des habitants aux chemises fleuries miment sans prétention des scènes de la vie rurale. D'autres encore juchent des chars représentant des lanceurs de fusées, des buffles, des chevaux, des éléphants et surtout des grenouilles annonciatrices de pluie.

Le défilé se poursuit en fin d'après-midi de manière moins ordonnée dans les rues, avec des groupes de villageois qui dansent au son puissant de sonos qui ont repris leurs droits. Enfin, a lieu dimanche le concours de lancement de fusées sur le parc de Suan Phaya Thaen, situé à l'entrée de la ville. Le parc compte six rampes de lancement des fusées. Les tirs commencent vers 9h du matin et s'achèvent en fin d'après-midi. Dans un vacarme assourdissant et des vibrations qui parcourent le sol, un tir a lieu au minimum toutes les dix minutes, provoquant, dans un épais nuage de fumée, le départ de l'engin à une vitesse fulgurante et dont les spectateurs tentent de suivre l'évolution dans le ciel.

Au cours des pauses, des participants ont tout loisir de lancer pétards, feux d'artifices et mini-fusées achetés au marché. D'autres se livrent à des discussions parfois techniques sur les fusées et n'hésitent pas à parier de belles sommes sur la réussite ou l'échec du prochain tir. Seules les fusées dûment inscrites peuvent concourir. Financées par des groupes d'amis ou des entreprises locales, ces fusées qui peuvent atteindre jusqu'à 6 à 8 mètres de long, sont fabriquées de manière artisanale mais avec du PVC (le bambou ayant été abandonné pour des raisons de sécurité) plusieurs semaines avant le festival. Elles sont ensuite portées sur un large tronc en bambou puis amenées sur les sites de tir par des porteurs dans l'ordre fixé par le jury. Les porteurs les accrochent au pas de tir avec des liens en osier puis sécurisent le lieu. Le déclenchement se fait à distance par un câble électrique. Chaque lancement s'accompagne de cris de joie des membres de l'équipe qui a financé et porté l'engin. Des applaudissements parcourent la foule lors d'un tir particulièrement réussi.

Les vertus de la boue

Un jury évalue les performances des fusées en fonction de la hauteur atteinte (plus de 3.000 mètres de haut pour certaines), leur vitesse, la distance parcourue, la trajectoire et même la forme esthétique des nuages de vapeur qui les accompagnent. Les propriétaires des meilleures fusées sont récompensés par des prix substantiels. Au pied des fusées se trouvent quelques marres boueuses, utilisées pour ?sanctionner? en y faisant tomber les propriétaires des fusées dont les performances ont été médiocres ou qui n'ont pas décollées.

On accorde à la boue qui s'y trouve des vertus contre les brûlures si des spectateurs étaient touchés lors d'un tir, en attendant l'arrivée de secours. Une hypothèse qui n'est pas rare. En mai 1999, l'explosion d'une fusée à 50 mètres après son décollage avait fait cinq morts et onze blessés. Cette année d'ailleurs, pour des raisons de sécurité, il a été décidé de ne pas tirer les plus grandes fusées, appelées Ban Fai Laan, qui contiennent jusqu'à 120 kg de nitrate et peuvent atteindre plus de 5.000 mètres de haut.

Mais depuis 1999, la sécurité a été renforcée et les accidents restent rares. Certains jeunes spectateurs n'attendent pas le pire pour profiter des joies des bains de boue en s'y jetant en groupe, sous le regard impassible des membres du jury que rien ne semble perturber.

Se rendre à Yasothon : A environ 500 km de Bangkok, la ville de Yasothon est située dans la province de Yasothon, entre celle de Roi et celle de Ubon Ratchathani, sur la rivière Chi, un affluent du Mékong. Il existe un bus de nuit direct depuis Bangkok (gare routière de Mochit). Il existe également des vols entre Bangkok et Roi et ou Ubon Ratchathani.

Ghislain Poissonnier (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) mercredi 15 mai 2013
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Publié le 13 mai 2013, mis à jour le 14 mai 2013

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