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CRISE POLITIQUE - Dix-neuf morts, 800 blessés dans des violences à Bangkok (vidéo)

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Au moins dix-neuf personnes ont été tuées et 800 blessées samedi à Bangkok dans des affrontements violents entre militaires et manifestants anti-gouvernementaux, les plus meurtriers en Thaïlande depuis près de vingt ans

Les manifestants sur Democracy Monument attendent que les forces de l'ordre fassent le premier pas (Photo Pierre QUEFFELEC)

Après un mois de manifestations pacifiques et de montée progressive de la tension, Bangkok a plongé dans le chaos, hier, lorsque les forces de l'ordre - essentiellement les militaires - et les "chemises rouges" se sont affrontés pour le contrôle du quartier du Monument de la Démocratie.
Les heurts, qui ont commencé en début d'après-midi, se sont progressivement intensifiés, les forces de l'ordre faisant usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau. De nombreux coups de feu ont ensuite été tirés.
Sur Democracy Monument, le gros des heurts a été déclenché vers 20h30 par des tirs à blanc venant des militaires alors que les Chemises rouges dansaient et chantaient montrant un état d'esprit pacifique, certains ayant même commencé à s'asseoir tout près du barrage militaire. On pouvait voir des manifestants donner de l'eau aux militaires et converser avec eux. Une sorte de jeu musical semblait s'être instauré entre les deux parties, les militaires diffusant de la musique jazz des compositions du roi, les Rouges répondant par leurs chansons. Les manifestants en colère, ont répondu aux tirs par des jets de bouteilles plastiques et d'objets en tout genre, puis deux grenades ont explosé, après quoi les Rouges ont chargé les soldats qui ont laissé derrière eux trois blindés et un camion.
Au total dans la journée, au moins dix-neuf personnes ont été tuées et 800 blessées, ont indiqué les services de secours.
Parmi les morts figure un caméraman japonais, qui travaillait pour l'agence Reuters.

Une voiture endommagée sur la rue Tanao présente plusieurs dégats qui s'apparentent à des impacts de balles réelles (Photo Pierre QUEFFELEC) 

Tirs à balles réelles dans le quartier touristique Khao San
Sur place, il était possible de voir des impacts qui s'apparentaient ceux laissés par des balles réelles sur les moulures du Monument de la de la Démocratie et sur des véhicules dans la rue Tanao, près de Khao San. Le fameux quartier habituellement animé des backpackers ressemblait hier soir à un village fantôme avec des jeunes touristes hébétés devant ce nouveau décor de gravats et de voitures criblées de balles censé recevoir dans quelques jours les festivités du nouvel an bouddhiste. Devant le Burger King, qui fait l'angle de Tanao et Khao San, un autel de fortune avait été installé en hommage à deux manifestants tués quelques heures plus tôt.
Sur les blindés abandonnés par les soldats en face de Democracy Monument, les manifestants ont découvert des munitions de gros calibre qu'ils ont aussitôt prélevées pour les exposer plus tard sur la scène principale face à une foule dépitée de plusieurs milliers de Chemises rouges rassemblée à Saphan Phan Fa.
"Je veux condamner ce gouvernement car ils ont utilisé des armes de guerre pour tuer des Thaïlandais qui voulaient la démocratie", a déclaré Weng Tojirakarn, un des leaders "rouges", devant les manifestants à Ratchaprasong.
"Pourquoi êtes-vous si cruel, Abhisit?", a-t-il ajouté avant de réclamer à nouveau sa démission et son départ du pays.

Des tirs venant de Dinso Road où se trouvaient les soldats, ont laissé des impacts sur les moulures du monument autour duquel se trouvaient plusieurs centaines de manifestants parmi lesquels des femmes et des enfants (Photo Pierre QUEFFELEC)

Le chef de la coalition gouvernementale, jusqu'à présent soutenu par l'armée, a cependant de nouveau refusé de démissionner dans une brève intervention lue à la télévision, alors que les "rouges" pleuraient et exhibaient leurs blessures en témoignage des affrontements.
"Moi et mon gouvernement continuerons de travailler pour résoudre la situation", a déclaré le Premier ministre. "Toutes les pertes doivent faire l'objet d'une enquête indépendante par des personnalités neutres et professionnelles", a-t-il ajouté. Aujourd'hui, le porte-parole du gouvernement, Panitan Watanayagorn, a assuré que les militaires n'avaient pas fait usage de munitions réelles, soulignant que les premiers examens montraient que celles incriminées dans les blessures des victimes n'étaient pas du même type que celles utilisées par l'armée, y compris les grenades. 
L'opération militaire a tourné au fiasco lorsqu'il est devenu évident que les manifestants ne baissaient pas les bras et reprenaient régulièrement du terrain sur les forces de l'ordre. Cela d'autant que les leaders postés à Ratchaprasong ont demandé en fin d'après-midi à des manifestants de se rendre dans le quartier de Rattanakosin pour venir en renforts aux Chemises rouges de Saphan Phan Fa.

Les leaders des Chemises Rouges ont fait exposer devant les manifestants les armes prélevées sur les blindés abandonnées par les militaires sur Dinso Road (Photo Pierre QUEFFELEC)

A 21h00, l'armée a décidé de battre en retraite et d'appeler à une trêve pour éviter un drame plus important encore. "Les soldats vont devoir se retirer, il n'y a aucun endroit pour se protéger. On ne peut rien faire", a admis à l'AFP le général Anupong Paojinda, chef de l'armée.
"On ne peut rien faire parce qu'on ne peut pas tirer sur le peuple", a confirmé le ministre de la Défense, le général Prawit Wongsuwon.
C'est la première opération musclée des autorités depuis l'instauration mercredi de l'état d'urgence. C'est aussi le plus lourd bilan dans des manifestations en Thaïlande depuis celles de 1992, qui avaient fait des dizaines de morts.
Une autre opération avait été originellement planifiée dans le quartier commercial et touristique de Ratchaprasong, plus à l'est, que les "rouges" occupent depuis huit jours. Elle a été purement et simplement annulée.

Plusieurs personnes ont trouvé la mort dans la rue Dinso, l'un des manifestants a reçu une balle en pleine tête et un reporter japonais dans la poitrine (photo Pierre QUEFFELEC)

A Ratchadamroen, dans la vieille ville, les "rouges" ont hissé les corps de deux victimes pour les montrer à la foule. Quelques mares de sang témoignaient de la violence des heurts, devant des visages en larmes, sous le choc.
"Les +chemises rouges+ ont gagné ce soir mais la bataille n'est pas terminée tant qu'Abhisit n'est pas parti", a affirmé Santisuk Phuprasat, 42 ans, un enseignant de la banlieue de Bangkok.
Les Chemises rouges en ont appelé au Roi Bhumibol pour intervenir, disant que c'était une manière de faire qui pouvait éviter d'autre morts.
"N'y a-t-il personne pour infomer le roi que ses enfants se font tuer au milieu de la route sans justice ? a demandé le leader Jatuporn Prompan".
Les "rouges", partisans de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, réclament des élections législatives anticipées et considèrent Abhisit, au pouvoir depuis décembre 2008, comme totalement illégitime.
Plusieurs autres manifestations se sont déroulées samedi en province, dont une qui a réuni au moins 500 personnes dans les jardins du gouverneur de Chiang Mai, principale ville du nord, d'où Thaksin est originaire.
L'homme d'affaires, véritable icône des "chemises rouges," a été renversé en 2006 par un coup d'Etat militaire. Il vit depuis près de deux ans en exil à l'étranger.
P.Q. (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html avec AFP) Dimanche 11 avril 2010

Voir aussi en page 2 notre vidéo des affrontements de la soirée et un diaporama d'impacts de balles photographiés juste après

 

 

 

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Vidéo - Manifestations violentes Bangkok

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Publié le 10 avril 2010, mis à jour le 13 novembre 2012

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