Dans le golfe de Thaïlande, un village a réussi à contenir l'érosion des côtes accélérée par le changement climatique, grâce à des bambous plantés dans la mer et limitant l'impact des vagues. Pendant ce temps, les négociateurs de 180 pays sont réunis à Bangkok pour essayer d'aboutir à un accord sur le réchauffement climatique
N'usant de rien d'autre que des bambous, des villageois ont réussi à repousser les vagues qui avaient lentement englouti la communauté de Kok Karm, à l'embouchure du golfe de Thaïlande. Mais désormais, cet exploit risque d'être défait par un nouvel ennemi : le changement climatique. Quatre rivières fertilisent grâce à des apports en sédiments les abords du village, mais la donne a changé avec la construction de barrages et l'abattage des mangroves démarré dans les années cinquante afin de placer des élevages de crevettes. Cet équilibre fragilisé, la mer a progressivement gagné du terrain.
Un combat contre le changement climatique
La bataille de Vorapol Dounglomchan contre les catastrophes environnementales a commencé il y a 30 ans quand il observait, impuissant, la maison où il a grandi s'effriter à l'embouchure de la rivière Tha Chin, à mesure que l'océan avançait lentement sur les terres. Pendant plus d'une décennie, Vorapol a observé comment les autres communautés affrontaient le même problème. Ce qu'il a vu était la plupart du temps un échec. "J'ai réalisé que je ne pouvais pas vaincre l'eau, que je devais travailler avec elle", se rappelle-t-il. Puis il y a environ six ans, il a remarqué des bambous qui sortaient de l'eau, utilisés par les fermiers pour l'élevage de moules. Ce fut un moment révélateur : correctement disposés, les bambous peuvent freiner la force des vagues. Vorapol a alors commencé à expérimenter par lui-même, en érigeant des barrières constituées de milliers de bambous plantés dans les fonds marins et longeant la côte. Puis un jour, avec l'aide de Pinsak Suraswad, un biologiste maritime, il a trouvé la solution. Regroupés et disposés en trois rangées parallèles le long du littoral, les bambous ont permis de retenir les sédiments des rivières et de stabiliser la vase. Plusieurs centaines de mètres de terre ont depuis été restaurés, et la technique a été imitée tout le long de la côte du golfe de Thaïlande, ainsi que sur l'île de Phuket.
Une nécessité d'accord se faisant plus pressante
Mais deux nouveaux dangers pourraient mettre à mal ce dispositif. Le premier est le fait que la zone entière du Chao Phraya s'enfonce en raison de l'accumulation des sédiments, l'extraction des ressources et l'épuisement des nappes phréatiques. Une étude publiée le mois dernier par le journal Nature précise que les inondations pourraient augmenter de 50% durant ce siècle dans l'un des deltas les plus exposés de la région : le Chao Phraya. Le deuxième risque est le changement climatique, dont les scientifiques disent qu'il est susceptible de faire grimper le niveau des mers de près d'un mètre si aucune mesure n'est prise pour réduire les gaz à effet de serre. "C'est un problème que nous ne pouvons pas résoudre tout seuls. Nous avons besoin d'aide", conclut Vorapol. Pendant ce temps, à une heure de route du village, les négociateurs de 180 pays sont réunis à Bangkok pour essayer d'aboutir à un accord mondial dans deux mois à Copenhague, visant à endiguer les ravages du réchauffement climatique. Lire aussi notre article du 29 septembre 2009 Reprise sous pression des négociations sur le climat à Bangkok
Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP vendredi 9 octobre 2009
L'Union Européenne offre une aide financière aux pays du Sud-est asiatique
La Commission européenne vient de décider de débloquer une aide financière afin d'apporter son soutien aux pays d'Asie du sud-est touchés par le réchauffement climatique et les catastrophes naturelles, annonçait hier le Bangkok Post. Près de 10 millions d'euros devraient être alloués durant les deux prochaines années au Laos, Cambodge, Vietnam, Birmanie, Philippines, Indonésie, Timor Oriental, et la Thaïlande. Selon un rapport d'experts intergouvernementaux sur les changements climatiques, de nombreuses zones en Asie du sud-est sont en danger à cause des dégradations environnementales. "Une perte d'environ la moitié de la superficie de mangroves dans le delta du fleuve Mékong ferait de cette zone en un marais salant", précise Patrick Fox, chef de l'Unité de gestion des risques de désastres à la Croix Rouge, cité par le Bangkok Post. "Les régions des deltas d'Asie du sud seront alors les plus exposées aux inondations provenant de la mer", a-t-il ajouté.
Lepetitjournal.com Bangkok vendredi 9 octobre 2009