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Acacia: "Le meilleur âge pour devenir un vrai bilingue est de 1 à 4 ans"

Acacia ecole bilingue BangkokAcacia ecole bilingue Bangkok
Pierre QUEFFELEC - Eugenia et Christophe Galian dans leur nouveau centre de Sukhumvit
Écrit par Pierre QUEFFELEC
Publié le 15 juillet 2021, mis à jour le 31 mars 2023

Acacia vient de souffler 5 bougies ! Créé en 2008 dans le quartier de Yen Akart, ce centre éducatif bilingue qui compte 90 élèves a fait du chemin en peu de temps. A tel point qu’un deuxième centre a vu le jour en septembre sur Sukhumvit, qui accueille déjà pour sa part une vingtaine d’élèves. Chantres du bilinguisme précoce, les fondateurs, Eugenia et Christophe Galian, reviennent sur le succès de leur centre et de leur méthode

Après 5 ans d’activité dans le quartier de Yenakart, vous ouvrez votre deuxième centre dans le quartier de Sukhumvit, quelle en est la raison principale ?
Christophe Galian - Depuis l’ouverture de notre centre à Yen Akat, nous avons observé une demande croissante venant de familles résidant dans la zone de Sukhumvit. Depuis une dizaine d’années, le déménagement du Lycée Français dans le quartier de Lad Phrao aidant, la communauté française expatrié de Bangkok se déplace petit à petit vers Sukhumvit, même si le nombre de francophones résidant à Sathorn/Silom reste important.

A quoi attribuez-vous le succès d’Acacia ?
Eugenia Galian - Nous vivons dans un monde où il est de plus en plus important de savoir parler plusieurs langues. Cela se ressent d’autant plus lorsque l’on vit à l’étranger loin de ses bases.
Nous pensons que le fait d’avoir proposé un concept de crèche bilingue permettant aux enfants francophones, partiellement francophone ou non francophones de développer de manière équilibrée une capacité à s’exprimer aisément tant en français qu’en anglais, répondait bien aux attentes de nombreuses familles expatriées.
D’autre part, les cours d’anglais, en petits groupes, et basés sur une pédagogie très communicative, que nous proposons dans le cadre de notre "Club des bilingues" pour les enfants de 4 à 12 ans, ont été perçus très positivement par de nombreux parents ayant leur enfant scolarisé notamment au Lycée français.
Enfin, nous pensons également que le concept de petite école de quartier est certainement une autre clé du succès que rencontre Acacia ces dernières années.

Comment et pourquoi avez-vous fondé Acacia ?
Christophe Galian - Eugenia et moi-même sommes des profs de langue de formation. Nous avons enseigné pendant quelques années le français dans diverses institutions au Vietnam, à Singapour et en Thaïlande. Cela nous a permis d’observer avec émerveillement comment de nombreux enfants issus de couples mixtes (à commencer par notre fille) pouvaient s’exprimer naturellement et avec spontanéité dans deux voire trois langues en fonction de la langue de leur interlocuteur. Nous nous sommes alors intéressés de très près au bilinguisme précoce, et avons acquis, au fil de nos recherches sur la question, la conviction que la meilleure période de la vie pour devenir un vrai bilingue était certainement la période allant de 1 à 4 ans.
Nous avons fondé Acacia car nous souhaitions, d’une part, explorer une voie qui permette aux enfants français d’acquérir une aisance naturelle à s’exprimer en anglais, d’autre part, proposer un dispositif pédagogique qui permette à des enfants non francophones de le devenir.

Les 2 centres Acacia fonctionnent avec une équipe de sept enseignantes et neuf assistantes pour encadrer 75 enfants de 1 à 4 ans dans le cadre de la crèche-école bilingue, et 35 de 4 à 12 ans dans le cadre du Club des bilingues qui consiste en une classe de langue ou des cours individuels au choix (photo courtoisie Acacia)

Qu’est-ce qui caractérise votre approche ?
Eugenia Galian - Au niveau de la crèche, les enfants alternent des journées d’immersion, soit en français, soit en anglais. Ils ont deux maitresses, une francophone, une anglophone qui leur proposent quotidiennement, chacune dans sa langue, des jeux et activités ludo-éducatifs, ayant pour objectif le développement du langage, mais aussi de la motricité, de la motricité fine, de la socialisation, de l’autonomie des enfants ou encore de la créativité et de l’imagination.
Pour chacune de nos trois sections, nous abordons, de manière hebdomadaire, un même thème tant en français qu’en anglais. L’ensemble des activités que nous proposons aux enfants durant une même semaine possède un lien avec ce thème. Cela permet à l’enfant de découvrir petit à petit différents aspects du monde qui l’entoure et d’enrichir son vocabulaire conjointement dans les deux langues.
Au niveau des cours de langue, nous privilégions une approche ludique et communicative. Notre but est de permettre à l’enfant, réparti en petits groupes, de prendre confiance, et petit à petit, d’oser prendre la parole. C’est parce que l’enfant n’aura plus peur de s’exprimer qu’il pourra réellement fixer ce qu’il aura préalablement appris dans un cadre plus académique.

Quel est le profil des enfants qui sont inscrits à Acacia?
Christophe Galian - Dans le cadre de notre crèche, nous avons trois types d’enfants : une majorité sont des enfants issus de familles francophones, françaises ou belges principalement. Nous avons également un nombre important d’enfants partiellement francophones, généralement franco-thaïs. D’année en année, nous avons de plus en plus d’enfants issus de familles non francophones : britanniques, espagnols, allemands, australiens, suédois, russes, néo-zélandais, etc. Ces enfants viennent de différentes régions du monde.

Que recherchent ces couples non-francophones dans la langue française?
Christophe Galian - Il y a les parents qui ont vécu en France ou ont des notions de français et veulent que leur enfant parle français par attachement ; il y a aussi certains parents qui choisissent Acacia pour des aspects pratiques comme l’emplacement, ou encore la qualité de l’accueil et de la prise en charge des enfants.

Pour les enfants issus de couples mixtes, le multilinguisme semble naturel. Pourtant, il semblerait qu’un certain nombre d’entre eux rencontrent des difficultés de ce point de vue. Comment cela s’explique-t-il, selon vous ? Que recommandez-vous aux couples mixtes pour le bon développement langagier de leur enfant ?
Eugenia Galian - Pour que le développement langagier d’un enfant issu d’un couple mixte se fasse dans de bonnes conditions, nous conseillons aux parents d’entretenir une communication avec leur enfant dans leur propre langue maternelle et surtout de ne pas mélanger les langues avec lui : un parent, une langue. Ceci afin que l’enfant associe une langue propre à chaque adulte et que l’acquisition des deux langues se fasse ainsi en parallèle et sans confusion.
Cela dit, il arrive souvent dans les couples mixtes comme les couples franco-thaïs, que les parents communiquent entre eux en anglais. Ce qui fait que les enfants sont ainsi immergés non pas dans deux mais dans trois langues à la maison. Au quotidien, lorsqu’un message est destiné aussi bien au conjoint qu’à l’enfant, nous conseillons aux parents de prendre l’habitude de le formuler deux fois : dans la langue de communication du couple ainsi que dans sa langue maternelle à destination de l’enfant. Par exemple, si le papa français dit à la maman thaïe "Shall we go to the restaurant ?", il doit répéter la phrase en français pour son enfant "On va manger au restaurant ?".
Certains enfants évoluent dans un environnement où ils sont davantage immergés dans l’une des deux langues. Il est dans ce cas normal de constater que le niveau de l’enfant dans cette langue est souvent bien meilleur que dans l’autre. Nous conseillons au parent moins présent à la maison de ne pas se décourager, et surtout de veiller à ce que son enfant s’adresse toujours à lui dans sa propre langue maternelle. Un exemple pourrait être le suivant : Vous êtes français et votre enfant vous demande de l’eau en thaï: incitez-le à reformuler sa demande en français avant d’exaucer sa demande.
Il nous paraît important de respecter ces principes, de manière rigoureuse, au moins le temps que les différentes langues dans lesquelles l’enfant est immergé soient fixées dans son cerveau, c’est à dire vers l’âge 4 à 5 ans.

Avez-vous le projet d’étendre cette méthode à d’autres langues que le français et l’anglais ?
Christophe Galian - Le projet pédagogique d’Acacia n’a pas vocation à s’étendre à d’autres langues que le français et l’anglais, même si le concept que nous avons développé pourrait très bien se prêter à d’autres combinaison de langues.

Quelles sont vos relations avec le Lycée Français International de Bangkok (LFIB) ?
Eugenia Galian - Acacia et le LFIB n’ont pas pour l’heure de relations formelles, officielles, mais nous avons des échanges réguliers avec plusieurs membres de l’équipe pédagogique.
Par ailleurs, nous avons le sentiment que le travail que nous avons accompli avec les enfants désormais scolarisés au LFIB est plutôt bien apprécié. A ce jour, la plupart des anciens enfants de la crèche Acacia sont actuellement scolarisés dans les classes bilingues du LFIB.

Quels sont vos projets pour le futur ?
Christophe Galian - Nous venons depuis le 2 septembre dernier d’ouvrir un deuxième centre dans le Soi 34 de Sukhumvit. Notre projet, pour le moment, est de donner vie à ce centre, au moins autant qu’à celui de Sathorn. Nous verrons dans quelques années si le dispositif pédagogique d’Acacia est de nature à pouvoir voyager au delà de la Thaïlande.

Voir aussi le site Internet d'Acacia

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