Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 2

3 questions: Sébastien Brousseau, animateur de la pétition sur le TM30

Sebastian-BrousseauSebastian-Brousseau
Pierre JANVOT - Pour Sébastien Brousseau, l’immigration a le pouvoir de décider la suspension de l’application de cette loi et de proposer un meilleur système de gestion des étrangers sur le territoire
Écrit par Pierre Janvot
Publié le 30 août 2019, mis à jour le 2 septembre 2019

Après les précisions données par deux officiers supérieurs de l’immigration thaïlandaise lors d’une conférence-débat au FCCT de Bangkok, LePetitJournal.com a interrogé Sébastien Brousseau, directeur de la société Issan Lawyers, située dans la province de Nakhon Ratchasima, et animateur de la pétition en ligne réclamant une réforme de la loi traitant des procédures TM28 et TM30.

Lepetitjournal.com : Pourquoi avoir pris la tête de cette pétition ?

Sébastien Brousseau : Je travaille et vit en Thaïlande depuis 15 ans où je dirige un cabinet juridique en Isaan. Depuis le début de l’été, plusieurs de mes clients étrangers ont quitté le pays, notamment à cause des difficultés découlant de ce fameux TM30 qui, bien que datant d’une loi de 1979, n’était dans les faits pas appliqué jusqu’à présent.
Après une discussion sur un réseau social réunissant 4.000 expatriés de l’Isaan, nous sommes une bonne vingtaine à nous être mobilisés pour rédiger un texte puis le mettre en ligne sur Internet. La protection du pays contre le terrorisme nous paraît être une fausse raison justifiant l’application de cette ancienne loi.

Quels résultats espérez-vous obtenir à court terme ?

En 10 jours nous avons obtenu près de 5.900 signatures. Plusieurs médias thaïlandais ont découvert grâce à notre démarche que la vieille politique de l’immigration était devenue obsolète et correspondait à des besoins de sécurité d’une autre époque. Aujourd’hui, c’est surtout une valorisation du poids de la bureaucratie. L’immigration a le pouvoir de décider la suspension de l’application de cette loi et de proposer un meilleur système de gestion des étrangers sur le territoire. Une solution alternative consisterait par exemple à uniformiser l’enregistrement des expatriés par la généralisation de la carte rose (ndlr : il s’agit d’une carte d’identité délivrée uniquement aux étrangers). Sur près de 4 millions d’étrangers recensés en Thaïlande, près de 900.000 d’entre eux ne proviennent pas des pays limitrophes.

Ne craignez-vous pas un retournement de situation déclenché par la forte communication donnée à votre action ?

Personnellement je ne suis pas contraint par le TM30 pour vivre ici, mais je suis mobilisé pour défendre les intérêts de la communauté expatriée qui contribue fortement à l’économie du pays. Grâce à notre démarche, les projecteurs sont braqués sur un quotidien devenu difficile et trop administratif pour vivre en Thaïlande. Sans notre pétition, le dialogue ne serait pas engagé avec les autorités. Je ne veux pas avoir le sentiment de vivre comme en Russie dans les années 80 ou en Corée du Nord. Si la Thaïlande souhaite renforcer sa sécurité, d’autres actions globales peuvent y contribuer comme rendre le port du casque obligatoire pour les deux roues. Ça sauverait des milliers de vie quasi-immédiatement.

Publié le 30 août 2019, mis à jour le 2 septembre 2019

Flash infos