Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 4

On a rencontré le créateur du site «Les Coursiers Français» à Auckland

Julien Les coursiers FrançaisJulien Les coursiers Français
Écrit par Lepetitjournal.com Auckland
Publié le 24 octobre 2018, mis à jour le 6 janvier 2019

Cette semaine nous avons rencontré Julien Capuano, fondateur du site lescoursiersfrancais.fr et d’un groupe Facebook regroupant à ce jour près de 2 500 coursiers réunit dans plus d’une centaine de villes en France. De passage à Auckland, il est venu nous rencontrer dans nos nouveaux locaux. L’occasion pour nous de lui poser quelques questions sur sa vision du vélo à Auckland mais aussi du job de coursier en Nouvelle-Zélande.

Salut Julien. Bienvenue chez LPJ Auckland. Peux-tu nous en dire un peu plus sur Les Coursiers Français (LCF) ?

Salut LPJ ! C’est cosy ici ! (dit-il en regardant le bureau du petit journal, installé depuis peu dans un ancien garage à Grey Lynn). On se sent bien chez vous, ça fait startup Américaine, Facebook, Palo Alto, tout ça tout ça. Il y a une belle énergie !

J’ai créé Les Coursiers Français début 2017. Ancien chef de projet IT, je me trouvais dans une phase de transition. Mon expatriation en Nouvelle-Zélande était proche, je ne pouvais donc pas m’engager à long terme. Le côté sportif, cool, et flexible du job de coursier à vélo m’a naturellement attiré. J’ai commencé dans le 17ème arrondissement de Paris, et j’ai vite été surpris par l’aspect communautaire de la profession. Le moindre temps mort dans un shift et nous nous retrouvions entre coursiers, pour se donner des bons tuyaux, parler de nos bikes, s’entraider… J’ai créé un petit groupe Facebook pour mes copains coursiers et moi, et très rapidement on a croulé sous les demandes d’adhésion.

 

Les coursiers français
Les coursiers français : site de référence pour les coursiers à vélo

 

Aujourd’hui on est des milliers, je viens de sortir la nouvelle version de notre site Web, beaucoup plus complète. On y informe les coursiers sur les démarches légales à effectuer, ils peuvent trouver toutes les infos sur les boites de coursiers type UberEats/Deliveroo et autres. On leur propose également un shop en ligne, un blog actu. On a aussi des pages vitrines dédiées aux entreprises partenaires, un module d’annonces de recrutement pour les PME moins exposées qui cherchent des coursiers. Le gros avantage, c’est que tout ceci se connecte naturellement à notre groupe Facebook, qui sert de relais. Le cœur du projet reste l’entraide entre coursiers. On s'adresse aussi bien aux étudiants à la recherche d'un job flexible qu'à ceux qui souhaitent un complément de revenu voire un métier à temps plein.

C’était assez fun de concevoir tout ça depuis la Nouvelle-Zélande, et surtout, pratique pour les mises en prod’ avec ce décalage horaire entre 10 et 12h avec la France.

Quelle est la situation du vélo à Auckland, et plus largement en Nouvelle-Zélande ?

Pour le moment, Auckland est légèrement en retrait par rapport à d’autres grandes villes du monde. Lors d’un woofing chez l’habitant dans le North Shore à mon arrivée, mon hôte m’a confié être un grand passionné de vélo. Il travaille tous les jours dans le CBD, mais m’a fait part de sa frustration de ne pas pouvoir se rendre en vélo au boulot, faute d’une piste cyclable faisant la liaison entre sa maison et son travail. Il faut dire qu’il est pour le moment impossible d’emprunter le pont qui lie le North Shore au centre ville en vélo, par manque d’aménagements appropriés. Cela dit, si Auckland n’a pas encore un réseau complet de pistes cyclables, des politiciens avant-gardistes, des travailleurs demandeurs, et des groupes tels que Bike Auckland le demandent activement. Entre autres, Il sera bientôt possible de faire du vélo de Lincoln Road à Pakuranga et de Takapuna à Grafton, quels que soient votre âge ou votre niveau.

 

" Il a depuis longtemps été prouvé qu’il était beaucoup moins cher, plus sain et plus efficace de construire des pistes cyclables plutôt que d’élargir des autoroutes. "

 

Il est clair qu’un réseau de pistes cyclables connectées permettrait des options de transport sûres, faciles, gratuites, et écologiques pour tout le monde. Cela aiderait aussi à réduire le trafic automobile aux heures de pointe sur les grands axes Aucklandais, qui est une vraie plaie. « Pain in the ass » comme ils disent ici. Des villes prospères du monde entier - Londres, New York, Paris, Portland et Copenhague - améliorent les infrastructures et les conditions de vie des personnes se déplaçant à vélo. Il n’y a pas de raison qu’Auckland, et plus largement la Nouvelle-Zélande, ne leur emboîtent pas le pas. Quand on voit à quel point la ville change, en peu de temps, il y a toutes les raisons d’être optimiste. Il a depuis longtemps été prouvé qu’il était beaucoup moins cher, plus sain et plus efficace de construire des pistes cyclables plutôt que d’élargir des autoroutes. Je pense qu’une sorte de prise de conscience politique est en train d’avoir lieu à ce sujet. Quand on voit qu’une boite comme UberEats, qui jusque là livrait en scooter en NZ, vient d’ouvrir les inscriptions aux vélos, on a là un signal aussi fort que positif. Une entreprise comme celle là ne se lancerait pas sur ce créneau si la tendance était défavorable.
 

Piste cyclable rose auckland

 

Qu’est ce qui a fait évoluer la vision du vélo en Nouvelle-Zélande ces dernières années ?

(Voir notre article « Auckland compte de plus en plus de cyclistes » pour plus de data à ce sujet)

Plusieurs facteurs se rencontrent. Déjà, les associations aident à faire bouger les lignes. C’est très important. Depuis quelques années, on a le Go Bike Day à Wellington qui rassemble des centaines de cyclistes amateurs ou confirmés. L’idée est de célébrer le vélo, tout en informant les gens en termes de sécurité et sur les équipements primordiaux à prendre avec soi avant de se lancer à vélo sur les routes. Lors de la dernière édition, la ministre des transports, Julie Anne Genter, s’est jointe au Maire de Wellington, Justin Lester, et s'est engagée à accroître les investissements dans les pistes cyclables urbaines sûres à travers le pays.



"It is not an option to stop building cycleways." 

 

À savoir : « Arrêter de construire des pistes cyclables n’est pas une option » C’est en ces termes qu’elle s’est adressée aux cyclistes. Elle a soulevé le fait qu’un changement culturel était en cours en Nouvelle-Zélande, avec de plus en plus de gens qui délaissent voitures et bus pour faire du vélo leur moyen de transport numéro 1. On sait que le nombre de cyclistes se rendant au travail sur leur monture a doublé sur ces dix dernières années en NZ. C’est un cercle vertueux qui est mis en place par 3 types d’acteurs : Les associations et les politiques, comme je viens de le dire, mais aussi, et surtout, par les cyclistes eux mêmes. Plus il y en aura, plus les divers conseils municipaux feront en sorte de faciliter les aménagements pour les vélos.

Penses-tu que le caractère très valloné de la Nouvelle-Zélande puisse freiner cette évolution ?

Effectivement, cela a pu faire peur à une certaine période. Je pense à certaines villes, notamment à Wellington, qui se situe au cœur des collines et qui peut refroidir plus d’un cycliste. Après, c’est à relativiser. J’ai été coursier à Montmartre sur Paris pendant quelques mois, j’ai su m’y adapter. Et avec l’essor des e-bikes ou vélos à assistance électrique, le problème ne se pose plus. On peut tout à fait profiter de villes comme Wellington dans les meilleures conditions avec ces vélos. 
Même sur Auckland, j’ai croisé des bikers avec de vrais styles, sur des e-bikes magnifiques, comme je n’ai jamais vu en France. C’est ça aussi la NZ, ça paraît être un peu en retard sur certaines choses, c’est tellement loin, et puis d’un coup tu vois quelqu’un qui sort de nulle part et qui t’en met plein à la vue.

Le job de coursier à vélo en Nouvelle-Zélande, tu y crois du coup ?

Plus que jamais. En vue de cette tendance assez favorable, et surtout depuis qu’un géant du marché s’est lancé sur le créneau vélo (UberEats, comme évoqué précédemment), il y a fort à parier que le job va se démocratiser. Je suis convaincu que d’autres acteurs importants de la food-tech vont s’établir sous peu à Auckland. On verra peut-être bientôt des Kangourous en Nouvelle-Zélande (Référence au logo de Deliveroo, un Kangourou).
Pour les coursiers,  je pense que ce sera très agréable de rouler ici. Les routes beaucoup plus larges qu’en France, la luminosité qui fait parfois coucher de soleil californien, les palmiers, la verdure le long des routes… Il y a pire que de gagner de l’argent dans ce contexte !

Pour finir, as-tu eu l’occasion de sortir ton vélo en Nouvelle-Zélande ?

Malheureusement, pas encore. Je n’ai pas pu lui faire prendre l’avion et je ne me suis pas encore posé pour prendre le temps d’en chercher un ici. Mais j’ai croisé pas mal de bikers sur la route. Même des français qui ont entrepris de faire le tour de la Nouvelle-Zélande à vélo. Certains alors qu’ils n’en faisaient jamais lorsqu’ils vivaient en France.
Il faut dire que la Nouvelle-Zélande, c’est l’un des plus beaux appels aux voyages. Il y a tellement à faire et à voir ici que ça ne m’étonne pas. Quand on voit la position d’Auckland sur la carte, et toutes les choses qu’il y a à faire autour, comme les Coromandel, le Tongariro, Rotorua, Taupo lake, Waiheke, Piha beach, ou encore Waitekere forest, on comprend pourquoi s’y rendre en vélo est une sérieuse option. D’autant plus quand on prend conscience de la beauté des paysages qui jalonnent les routes qui nous mènent à ces destinations…

Si le parcours et l'entreprise de Julien vous intéresse, vous pourrez le retrouver sur son site web et devenir coursier à vélo
 

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions

    © lepetitjournal.com 2024