Diplômé de l'EM Normandie, Guillaume Dehan a très rapidement pris goût au voyage et à l’expatriation. Après deux ans et demi en Chine au sein du Crédit Lyonnais, il part en Australie un an, rentre en France pendant quelques années pour travailler dans la gestion de fonds d'investissement, et s'installe ensuite à Londres pendant 10 ans. En Nouvelle-Zélande depuis 2017, il a fondé récemment Fund A Future, une plateforme numérique visant à aider les Néo-Zélandais qui font des dons de charité à obtenir le remboursement fiscal de leurs dons.
Selon des études récentes, la Nouvelle-Zélande est le troisième pays le plus généreux au monde, mais seule la moitié des 1,4 milliard de dollars donnés aux organisations caritatives sont réclamés par les donateurs, ce qui se traduit par 250 millions de dollars de remboursements d'impôts non réclamés. L'objectif de Fund A Future est de reverser cet argent aux organisations caritatives et de faire de la Nouvelle-Zélande le pays le plus généreux du monde.
Comment s’est passée votre arrivée en Nouvelle-Zélande ?
Je me suis vite rendu compte que mon profil n’était pas trop en accord avec les rôles disponibles sur le marché du travail. C’était difficile pour moi parce que l’on me disait souvent que j’étais trop qualifié et qu’il y avait un décalage entre mes compétences et les besoins du marché local. Cela m’a poussé à reprendre les études. J’ai donc fait un autre master en technologie pour m’équiper de compétences supplémentaires me permettant d’être plus utile dans l’ère de la digitalisation notamment.
Que vous a apporté ce master ?
À travers ce master, j’ai commencé à travaillé sur Fund A Future qui faisait partie de la phase de “projet personnel” à mener lors du programme. Fund A Future a ensuite été sélectionné par le KiwiFintech Accelerator, un programm soutenu par KiwiBank et Xero, entre autres. À la suite de quoi, nous avons remporté le prix du jury, ce qui nous a permis de continuer l’aventure et d’avancer sur le projet entrepreneurial.
Pouvez-vous nous expliquer, en quelques mots, Fund A Future ?
Notre entreprise est à but lucratif, sauf que l’activité sur laquelle on se pose a vocation à créer un impact positif dans la société. La façon dont on fonctionne est la suivante : en Nouvelle-Zélande (comme d'ailleurs dans de nombreux pays), lorsque les gens font des dons à des oeuvres caritatives, ils ont la possibilité de récupérer un avoir fiscal correspondant à ce qui est en vigueur dans les différents pays. En Nouvelle-Zélande, cela représente 33%, ce qui veut dire que lorsque vous faites un don de 100$ à une oeuvre caritative, vous pourrez récupérer jusqu’à 33$ de remboursement d’impôts. Pour nous, l’idée était donc de se demander combien de personnes accédaient à ce remboursement.
À partir de là, on s’est rendu compte que pour chaque 2$ donnés à des oeuvres caritatives, seulement 1$ était demandé en remboursement. Pour la majorité des gens, la démarche est trop compliqué, il faut garder les reçus, trouver les documents à remplir pour renvoyer le papier, etc. Quand ils voient la charge de travail par rapport au résultat, ils sont un peu découragés. C’est là que Fund A Future intervient.
Nous faisons le travail pour les utilisateurs et récupérons leur capital. À eux, ensuite, de choisir : soit ils en font bénéficier l'oeuvre caritative qu'ils ont déjà soutenue, soit ils le récupèrent pour eux-mêmes.
Le secteur du don n’a-t-il pas trop souffert du fait de la pandémie de Covid-19 ?
Le secteur caritatif a connu des difficultés, cependant, le côté plus positif est le fait qu’il y ait une digitalisation de l’engagement qui se développe petit à petit, créant une chaîne de service dans laquelle Fund A Future a toute sa place.
En quoi la Nouvelle-Zélande est-elle propice à ce genre d’innovation selon vous ?
La Nouvelle-Zélande est le 3ème pays au monde le plus généreux en termes de dons à des oeuvres caritatives proportionnellement à la taille de l'économie. C’est aussi ce qui nous a poussé à lancer ce concept ici, en ayant la volonté de permettre au pays, déjà très bien classé, de se hisser à la première place mondiale de la générosité puis de s’en servir de base par la suite.
Si l'on part du principe qu’il y a 1,5 milliard de dons effectués tous les ans en Nouvelle- Zélande et que par rapport à ce montant, seulement 1 dollar sur 2 fait l’objet d’une demande de remboursement d’avoir fiscal, on en déduit que 750 millions de dollars de dons ne sont pas réclamés, ce qui représente une somme importante à l’échelle de la Nouvelle-Zélande.
Envisagez-vous d’étendre ce concept à d’autres pays par la suite ?
Dans le futur, l’idée est d’avoir l’impact le plus large possible. On ne compte pas se cantonner à la Nouvelle-Zélande, on aimerait avoir la possibilité d’avoir un impact beaucoup plus large en travaillant sur d’autres pays où les dispositions fiscales sont similaires. Ce que l'on voudrait construire, c’est une réelle plateforme d’amplification d’impact positif, en permettant à chaque don de fructifier un peu plus au service de bonnes causes.