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Sofia : Greco-ivoirienne,  mais illégale pour les autorités grecques

Une Ivoiro Grecque illégale dans son paysUne Ivoiro Grecque illégale dans son pays
Annie Spratt
Écrit par Sarah Fenzari
Publié le 29 juillet 2021

Sofia est une jeune femme de 32 ans. Née d’une mère ivoirienne et d’un père grec, ce n’est seulement à l’âge de 25 ans qu’elle rencontre ce dernier pour la première fois de sa vie. 

Aujourd’hui, elle est considérée comme immigrante illégale dans le pays, et mène une bataille sans fin contre les institutions grecques.

 

Greco Ivoirienne illégale
Sarah Fenzari

 

Son histoire 

Née d’une courte histoire d’amour entre une ivoirienne et un grec, Sofia voit le jour il y a 32 ans. Abandonnée par le père de son enfant lors de sa grossesse, la maman de Sofia l’élève seule, travaillant deux fois plus pour lui offrir une belle vie convenable et des études supérieures. 

Les années passent et les questions concernant son père hantent la jeune femme. A qui ressemble-t-elle ? Pourquoi son père est parti ? Qui est-il ? Tant de questions sans réponses qui poussent Sophia à entrer en contact avec son père biologique. 

 

Une rencontre attendue

Après des mois d’échange et d’appels en visio, père et fille décident de se rencontrer. 

Pour la première fois, Sofia voit son père et inversement. Un souvenir fort en émotion que Sofia nous raconte, nostalgique. 

« Après 25 ans d’attente je le rencontre enfin, c’était un jour très intense en émotion, que ce soit dans le positif ou le négatif, car pendant ce moment j’ai aussi appris qu’il était gravement malade, et que ces jours étaient comptés. »

 

Un visa expiré 

Après cette annonce, la tristesse s’empare de la jeune femme, et elle décide instantanément de lui venir en aide, en le rejoignant en Grèce. Elle demande donc un visa pour deux mois, que la France lui accorde. 

Elle rejoint son paternel dans un village au sud de la Grèce, et se rend vite compte que son père est malade depuis très longtemps, qu’il est seul, et que personne ne lui vient en aide au quotidien. Tous deux apprennent à se connaître entre médicaments et rendez-vous à l’hôpital. 

 

Une GRecque illégale dans son pays

 

« Durant un mois et demi, j’ai couru dans tous les hôpitaux du pays, pour tenter de le soigner, pour apaiser ses douleurs, mais ça n’a pas suffit, il est décédé dans mes bras… » dit-elle avec émotion. 

Les jours passent puis elle se charge, seule avec quelques voisins, de l’enterrer, ainsi que de vider la maison qu’il habitait. Ce temps- là n’était malheureusement plus compris dans le visa. La date avait expiré; et c’est à ce moment que Sophia est devenue une migrante illégale en Grèce. 

 

Une bataille acharnée 

Avant sa mort, le père de Sofia avait entamé des démarches afin de reconnaître sa fille en Grèce. Démarches que Sofia a continuées s’estimant dans son bon droit. « J’ai continué les démarches car je suis greco-ivoirienne. Mon nom de famille est grec. Le sang qui coule dans mes veines est grec. J’ai passé un quart de ma vie à rechercher mes racines, mes origines, mon père, mais les institutions ne veulent pas me reconnaître. »

 

« J’ai dépensé des milliers d’euros en avocats pour ne plus être reconnue

comme illégale dans le pays.» 

 

Pour régulariser son dossier, en prouvant qu’elle est bien grecque, et en apportant toutes les preuves nécessaires, Sofia a essuyé refus sur refus. 

La jeune femme n’a ni droit à une demande d’asile, ni à une carte de séjour, et encore moins à la double nationalité. Ce qu’elle refuse d’accepter. 

« C’est mon droit, j’ai des papiers prouvant noir sur blanc que je suis bien la fille de mon père. J’ai même demandé un test ADN, que les juges ont refusé. Les institutions bafouent mes droits, et je refuse de m’y plier.  J’ai dépensé des milliers d’euros en avocat pour ne plus être reconnue comme illégale, et malgré cela mon dossier est toujours au point mort.» 

Au total c’est plus de quatre mille euros que Sophia a dépensé en avocats pour que sa situation soit légalisée après sept années, en vain. 

 

« Il n’y a pas d’intégration en Grèce.»

Les migrants sont assez mal vus en Grèce et ne perçoivent aucune aide de la part d’un État, très endetté. Pour Sofia, être migrante c’est ne rien être. 

« Être migrante c’est quoi ? C’est pas avoir de sécurité sociale, pas de travail, vous n’avez pas de logement. Vous n’avez rien. Je n’ai pu inscrire mon fils à l'école qu’à l’âge de cinq ans ! Sous prétexte qu’il n’y avait pas de place. Vous vous rendez compte ?  C’est comme ça que se passe l’intégration ici. Il n’y en a pas. »

 

Aujourd'hui Sofia fait partie de l'association Ivoirienne d’Athènes, et y travaille en tant que secrétaire. Elle continue ses démarches, pour qu’un jour, elle soit officiellement reconnue comme ce qui lui revient de droit, d’être la première gréco-ivoirienne légale dans le pays.

Sarah Fenzari
Publié le 29 juillet 2021, mis à jour le 29 juillet 2021

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