Le déclin de la liberté de la presse
70ème : c’est la place qu’occupe actuellement la Grèce dans le classement mondial de la liberté de la presse en 2020. Une position assez basse pour un pays dit ancien dans l’Union européenne. Une liberté malmenée particulièrement sur les sujets en rapport à la crise sanitaire, mais aussi sur l’un des plus gros problèmes du pays : l’immigration, qui ne cesse de s’accentuer sur les côtes grecques. Une activité encore plus menacée avec le
nouveau schéma national grec du maintien de l’ordre (SNMO) révélé en janvier dernier par le ministre de la. Protection du citoyen. Le texte prévoit de restreindre les déplacements des journalistes en créant une zone spécifique lors des événements publics. Le ministre de la Protection du citoyen, Michalis Chryssohoïdis ajoute que les professionnels devront travailler avec un « officier-référent » qui leur fournira les principales informations communiquées par la police.
Une nouvelle mesure qui complique davantage les relations entre la police et les journalistes et ne fait pas l’unanimité dans la profession, qui voit ses conditions de travail entravées par le gouvernement. Un constat que relève et qui inquiète le responsable du bureau Union européenne Balkans de Reporters Sans Frontières, Pavol Szalai : « En temps normal, lorsqu’il s’agit de la crise migratoire, les autorités empêchent les journalistes de couvrir le sujet. Avec le SNMO, les journalistes terrains seront pris à parti et interpellés plus souvent (voire agressés) alors qu’ils font simplement leur métier ».
Les mesures de l’Union européenne
Une presse de plus en plus menacée qui n’a pas échappé à l’Union européenne, notamment avec l’assassinat du journaliste grec, Giorgos Karaïvaz. Un crime qui a suscité l’indignation et a été condamné par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen sur Twitter : « Tuer un journaliste est un acte méprisable. L’Europe défend les libertés. Et la liberté de la presse est peut-être la plus sacrée de toutes. Les journalistes doivent travailler en sécurité ».
La Commission européenne s’est par ailleurs réunie le 11 mai au Parlement européen pour se concerter sur la question des procédures-baîllons (l’intimidation judiciaire) que subissent les journalistes européens depuis un certain temps. L’objectif de ce rapport est de limiter le recours abusif aux poursuites stratégiques pour faire taire les journalistes dans le débat public et qui implique bien souvent des intérêts privés.
Les institutions grecques ne volent pas au secours des journalistes
Les institutions grecques ne volent pas au secours des journalistes. Bien au contraire, elles les abandonnent. Les instances grecques sont un frein, un handicap, voire même une barrière pour ceux qui transmettent l’information.
Pour les journalistes, les portes des différents ministères sont le plus souvent closes. Il est très rare en Grèce d’obtenir une réponse des services de presse qui ne sont pas ouverts à la discussion ni à l’échange et surtout pas quand vous êtes un média indépendant, qui n’est pas sous le regard attentif du gouvernement. L’accès à l’information dans le pays reste très compliqué même parfois impossible. Les réponses aux mails se font très rares, les appels téléphoniques sont inutiles et les visites au sein des ministères interdits, à moins de montrer patte blanche, c'est-à-dire connaitre quelqu'un qui connait quelqu'un, qui est d'une façon ou d'une autre proche du gouvernement en place.
Alors quel choix pour le journaliste face à tant d’incompétence et de censure volontaire ?
Ce comportement pousse au manque d’informations réelles, et d'enquêtes. En contrepartie, la presse hellénique abonde de nouvelles positives, tout va bien dans le pays, tout le monde est heureux et la mer est toujours bleue. Que demande le peuple ?
Article réalisé en collaboration : Sarah Fenzari et Melissa Scaramozzino