Reporters Sans Frontières (RSF) a publié son classement mondial de la liberté de la presse 2014. En Grèce, la situation des journalistes se dégrade et le pays recule encore de 14 places. Décryptage.
A l'image du rapport de 2013, l'État hellénique persiste et signe en terme de dégradation de la liberté de la presse. Alors qu'il avait perdu déjà 14 places au classement de l'an dernier, la dégringolade continue en 2014. Sur 10 ans, la Grèce est passée du 33ème rang du classement mondial au 99ème sur 180 pays appréhendés.
La faute à l'austérité...
"Accéléré par les effets de la crise économique et les poussées de fièvre populistes, l'éparpillement des pays de l'Union européenne dans le classement se poursuit", indique une partie du rapport. Le berceau démocratique grec est l'une des victimes majeures au sein de l'union européenne, en terme de liberté de l'information. La Grèce est effectivement citée en exemple, ou plutôt, en mauvais exemple de ce phénomène. Selon le rapport, l'État grec "tient aussi une grande part de responsabilité : en fermant le groupe d'audiovisuel public grec sous la pression de la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international)" et dénonce textuellement le gouvernement d'Antonis Samaras comme ayant fait "l'économie de la démocratie".
... et à la montée de l'extrémisme
"En Grèce, les journalistes sont régulièrement victimes d'agressions par des membres d'Aube dorée, parti néonazi entré au Parlement en juin 2012",déplore également le rapport 2014. En effet, on apprenait mi-janvier que des journalistes grecs ont été victime d'agressions par des militants de parti d'extrême droite après l'emprisonnement de six de leurs députés. On peut également illustrer ces dérives avec les attaques violentes des policiers de la MAT sur des photographes lors de manifestations à Athènes. Enfin, le précédent rapport d'Amnesty International mettait déjà en lumières les violences policières envers des journalistes grecs et demandait dans un communiqué de presse au gouvernement d'y mettre fin.
La France, quant à elle, est classée 39ème. On retrouve la Finlande, les Pays-Bas et le Norvège sur le podium. Et en queue de peloton le Turkménistan, la Corée du Nord et l'Érythrée. Alors même si certains semblent découragés -- comme l'écrivain franco-grec Vassilis Alexakis qui affirme "j'ai cessé de croire que les mots pouvaient accomplir des miracles. Le journalisme a dissipé mes illusions" -- la liberté de la presse et de l'information reste une course que tout le monde devrait remporter, comme un pilier irrémédiable de la démocratie.
Klervi Drouglazet (www.lepetitjournal.com/athenes) Jeudi 20 février 2014