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‘Le Conseil européen a envoyé un message clair et sévère à la Turquie’

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Écrit par Lucile Rousseau
Publié le 23 juin 2019, mis à jour le 23 juin 2019

Malgré la visite officielle d’Alexis Tsipras en février dernier en Turquie pour maintenir le dialogue, les tensions montent d’un cran depuis plusieurs semaines suite aux provocations répétées faites par la Turquie. Mais, pour la première fois, suite à la requête du premier ministre grec, le Conseil européen a réagi en lançant un message clair et sévère à la Turquie.

Si ces provocations turques font autant réagir la Grèce, c’est parce que les deux pays héritent de fortes tensions à propos de Chypre. Depuis 1974, la partie nord de l’île est sous occupation militaire turque. L’ONU a même été contraint d’établir une “ligne verte” pour distinguer le territoire sous occupation turque et celui sous protection grecque, sans pour autant reconnaître l’autorité turque.

La Turquie estime être dans son droit, le président Recep Tayyip Erdogan rappelant que la Turquie continuera de défendre ses intérêts et ceux de la République Turque de Chypre du Nord (RTCN) dans la région.

« Ceux qui remettent en cause la présence de la Turquie en Méditerranée Orientale, ignorent l'histoire et le droit. Nous étions présent, ici hier, nous le sommes aujourd'hui et le seront encore demain. Aucune force ne peut changer cette réalité historique », a déclaré le ministre de l’Énergie et des ressources naturelles de la Turquie, Fatih Donmez.

Pour comprendre le contexte de telles déclarations, il faut rappeler les actions menées par la Turquie depuis quelques mois : Ankara a envoyé un navire de forage dans la région de Chypre depuis mai dernier, nommé le Fatih. Ce navire a récemment commencé à extraire du gaz à l’ouest de l’île, sans demander d’autorisation préalable. L’annonce de la Turquie, ce mardi 18 juin 2019, de l’envoi d’un deuxième navire de forage a constitué un point de non-retour pour la Grèce. Alors que la Turquie plaide pour un partage et une entente officielle, les représentants grecs ont sollicité l’Union Européenne afin qu’elle prenne de véritables sanctions à l’égard de la Turquie.

Chose faite, puisque dans son communiqué du vendredi 20 juin, le Conseil européen a réaffirmé ses conclusions du 22 mars 2018 qui condamnent fermement les actions illégales de la Turquie en Méditerranée orientale et en mer Égée :

« Le Conseil européen se déclare vivement préoccupé par les activités de forage illégales menées actuellement par la Turquie en Méditerranée orientale, et déplore que la Turquie n'ait pas encore donné suite aux demandes répétées que lui a adressées l'UE de mettre un terme à de telles activités. Le Conseil européen insiste sur les incidences négatives graves et immédiates que ces actions illégales ont sur tout l'éventail des relations UE-Turquie. Le Conseil européen demande à la Turquie de faire preuve de retenue, de respecter les droits souverains de Chypre et de s'abstenir de toute action de ce type. Le Conseil européen souscrit à l'invitation faite à la Commission et au SEAE (Service européen pour l'action extérieure) de présenter sans délai des options en vue de mesures appropriées, y compris des mesures ciblées. L'UE continuera de suivre de près l'évolution de la situation et se tient prête à réagir de manière appropriée et en totale solidarité avec Chypre. Le Conseil européen restera saisi de la question et y reviendra en tant que de besoin. »

« C’est la première fois, après des décennies de violation du droit international par la Turquie, que l’UE, à la suite d’actions coordonnées de la Grèce et de Chypre, a condamné aussi clairement et résolument les actions de la Turquie et a décidé de prendre des mesures à son encontre pour violation du droit international dans notre région. (…) Une décision aussi claire, assortie également de mesures ciblées, n'avait encore jamais été prise, pas même après l'incident survenu à Imia en 1996 », a déclaré Tsipras, lors d’une conférence de presse ce vendredi, juste après le Conseil européen de Bruxelles.

Tsipras se montre donc satisfait de la réponse du Conseil européen en évoquant « un changement sérieux en faveur de nos positions nationales, ce qui confirme nos efforts longs et fructueux visant à mettre en évidence les grands problèmes de la région et à obtenir un soutien solide dans la région, dans l'UE et au niveau international ».

« La Turquie doit savoir que le maintien de sa position et de son attitude actuelles aura des conséquences et un coût, si elle choisit de continuer. De notre côté, nous continuerons à garder les canaux de communication ouverts, mais nous ne cesserons pas de faire pression sur la Turquie pour qu'elle mette fin à ses actions illégales et une fois qu'elle aura cessé, pour engager de nouvelles discussions sur la question chypriote à partir du point où nous nous sommes arrêtées à Crans-Montana, afin de parvenir à une solution juste et durable pour Chypre qui n’inclurait pas de garanties ni de troupes », a-t-il ajouté.

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Publié le 23 juin 2019, mis à jour le 23 juin 2019

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