Cité mythique des Atrides et joyau de l’âge du bronze, Mycènes domine les collines d’Argolide depuis plus de trois millénaires. Théâtre de légendes sanglantes, de guerres épiques et de trésors royaux, elle offre aujourd’hui au visiteur une plongée saisissante dans l’un des berceaux de la civilisation grecque. Ici, chaque pierre raconte un mythe, chaque mur semble murmurer une tragédie.


La cité des rois maudits
Mycènes, fondée selon la légende par Persée, fut l’un des plus puissants centres de la civilisation mycénienne, qui s’épanouit entre 1600 et 1100 avant notre ère. Elle domina l’Argolide et rayonna dans toute la mer Égée. Mais c’est sa dimension mythologique qui lui a valu l’immortalité. D'après les récits, son roi Agamemnon mena les troupes grecques contre Troie pour venger l’enlèvement d’Hélène, puis fut assassiné à son retour par sa femme Clytemnestre, aidée de son amant Égisthe. Leur fils Oreste, pris entre devoir et douleur, se chargea de venger son père dans un enchaînement tragique devenu central dans les grandes tragédies grecques.
Ce cycle sanglant, repris par Homère dans l’Odyssée, mais aussi par les dramaturges Eschyle, Sophocle ou Euripide, a inscrit Mycènes dans l’imaginaire collectif comme un lieu de grandeur et de châtiment, de destin inéluctable. L’atmosphère du site, austère et minérale, semble toujours porter l’écho de ces passions antiques.
Un site archéologique majeur
Redécouverte en 1876 par l’archéologue allemand Heinrich Schliemann, la cité de Mycènes a bouleversé les connaissances sur la Grèce préclassique. La célèbre Porte des Lions, seule sculpture monumentale de l’époque mycénienne encore debout, marque l’entrée de l’acropole. À l’intérieur, on peut visiter les cercles de tombes royales, où furent exhumés des bijoux, des armes et les fameux masques funéraires en or, dont celui, célèbre mais erronément identifié, d’Agamemnon. Les puissants tholos, tombes royales en forme de coupole, impressionnent encore par la prouesse technique de leur construction.
Depuis les hauteurs de l’ancienne citadelle, la vue s’étend sur les plaines fertiles d’Argolide, ce qui permet de comprendre l’emplacement stratégique de la ville. Un musée moderne et bien conçu permet de replacer ces trouvailles dans leur contexte et d’en apprendre davantage sur la vie quotidienne, l’artisanat et les croyances des Mycéniens.
Mycènes aujourd’hui : entre vestiges et récits
Située à seulement 20 kilomètres de Nauplie, Mycènes est facilement accessible en voiture ou en excursion guidée. Elle accueille chaque année des dizaines de milliers de visiteurs. Contrairement aux temples lumineux d’Athènes ou aux théâtres ouverts d’Épidaure, l’atmosphère ici est plus âpre, plus authentique. On ne visite pas Mycènes comme un simple site antique, mais comme un lieu de mémoire et de mythe.
Le site peut se visiter en une demi-journée, mais il vaut la peine de s’y attarder. Pour compléter l’expérience, il est possible de découvrir les autres sites mycéniens de la région, comme Tirynthe, Argos ou le sanctuaire d’Héraion. Autant de lieux qui permettent de mieux comprendre l’univers d’un peuple disparu, dont l’empreinte reste profondément gravée dans la culture grecque.
































