Une conversation inspirante avec un artiste polyvalent qui s'est laissé influencer par ce pays de coeur, où il réside depuis plusieurs années. L'artiste nous invite à le découvrir du 14 au 17 septembre à Athènes.
Plus connu sous son nom de scène « AaRON », le chanteur nous livre une interview captivante et nous fait découvrir son talent de peintre et son émancipation en terre Hellène. Cet artiste polyvalent, nous a plongés dans son monde créatif et nous a fait part de son expérience artistique, de son lien profond avec la Grèce, et de sa vision de l'art comme un moyen de communication universelle.
La Grèce devenue partie essentielle de sa vie et de son processus artistique
À la question, " êtes-vous devenu artiste peintre en Grèce ?" , l’artiste nous répond qu'il n'a pas initialement prévu de peindre en Grèce, mais a découvert que le pays lui offrait un environnement propice à l'inspiration. L'ambiance apaisante, l'énergie différente et la lumière mystique de la Grèce ont nourri sa créativité et ont influencé son travail artistique.
Son inspiration n’étant donc pas limitée à un seul médium artistique, il s'exprime à travers plusieurs domaines, dont la musique, la peinture et l'écriture. La Grèce a cependant influencé son approche artistique dans le domaine de la peinture, en particulier son utilisation des couleurs et des motifs inspirés par la mer, l’alphabet grec et la nature.
Ça m'a aidé à pousser un peu cette activité de peinture. Mais je crois que de toute manière, c'est l'inspiration qui vient chez moi. En-tout-cas, vu que je m'exprime dans plusieurs domaines. Elle n’est jamais arrêtée sur un médium et peut être aussi musical. Mon inspiration ne vient pas d'une énergie politique ou de quelque chose de Terrien, mais surtout dans ce qu'il y a de mystique en Grèce... c'est tout ce que je fantasme depuis petit qui a pu m'inspirer, et une fois sur place, qui s'est imprimée en moi.
L'Art comme communication universelle
L'artiste a partagé sa vision de l'art comme une forme de communication universelle. Il a expliqué que son but était de créer des œuvres qui résonnent chez les spectateurs et les spectatrices, et que l'interprétation de ces œuvres était laissée à la libre appréciation de chacun. Il a souligné l'importance de laisser de la place à l'imagination et à la subjectivité de l'audience, considérant que l'œuvre d'art n'était jamais vraiment terminée tant qu'elle n’était pas regardée et interprétée.
Mes créations ce ne sont pas nécessairement des paysages grecs. Tout ce qui m'importe, en général, c'est que l'œuvre résonne chez l'auditeur. Pour moi, elle atteint sa conclusion dans le regard de l'autre, et c'est là que ça devient intéressant. Je peux exprimer ce que je veux, mais en réalité, ce n'est pas moi qui ai raison, c'est l'autre, celui qui l'a appréciée et qui l'a colorée de sa propre interprétation. C'est là que réside l'intérêt. Si quelqu'un voit la Grèce dans mon travail, c'est tant mieux, mais s'il y voit quelque chose de complètement différent, c'est tout aussi bien.
Mon seul objectif est que l'œuvre raconte quelque chose. Et c'est fascinant car, dans n'importe quel domaine qui m'intéresse, je constate que les gens voient parfois des choses qui ne sont pas du tout là. Elles sont là parce qu'ils les voient, mais je ne les vois pas moi-même, et je trouve cela génial. C'est moi qui l'ai créée. De plus, il y a des gens qui percevront la même œuvre comme étant extrêmement triste, d'autres comme étant très violente, et d'autres comme étant très joyeuse, alors qu'il s'agit exactement de la même œuvre. Je pense que c'est une preuve de la manière dont nous colorons les choses en fonction de qui nous sommes. C'est une puissance propre à l'humanité, et c'est ce qui me plaît.
La Grèce comme source d'inspiration : « Je ne serai pas la même personne et pas le même artiste si je ne passais pas par la Grèce. »
L'artiste a révélé que c'était surtout le mysticisme de la Grèce qui l'avait inspiré depuis son enfance, et que cette fascination avait été renforcée une fois qu'il était sur place. Il a décrit la Grèce comme un endroit où il cherchait à être bousculé par les lieux et les gens qui le traversaient, plutôt que de chercher délibérément l'inspiration. Son travail est souvent influencé par la nature et l'architecture, ainsi que par la lumière magique de la Grèce.
La Méditerranée et la mer Égée m'inspirent très fortement, parce que ce sont des couleurs qui résonnent beaucoup en moi. Il y a également des rapports très violents, des rochers qui tombent littéralement dans l'eau. Et c'est ce qui me plaît beaucoup, ces couleurs-là. C'est cette radicalité-là qui m'intéresse en Grèce. Le rapport à la pierre, est assez mystique partout, parce que la lumière tombe d'une certaine façon dessus et pas ailleurs ; il y a quelque chose de très fort. Il y a une grande puissance dans la lumière grecque qui écrase tout, qui éclaire tout. On dirait qu'elle perfore les choses, les objets, les gens, les murs.
Nous avons ensuite interrogé l'artiste sur la diversité de ses expressions artistiques, allant de la peinture à l'écriture de poèmes et à la musique. L'artiste a expliqué que, pour lui, toutes ces formes étaient des moyens de communiquer une « ligne du cœur », une émotion ou une idée qui pouvait prendre différentes formes selon le médium. Il a ajouté que la Grèce lui inspire des couleurs et des formes, mais aussi une fascination pour l'alphabet grec en tant que dessin visuel et de son utilisation dans ses œuvres. Pour lui, chaque lettre est un dessin et une source potentielle d'inspiration.
Souvent, dans mes peintures, je mets des mots en grec et je parle très mal grec, et pourtant je mets des mots parce que j'ai une fascination pour cet alphabet, je le trouve très visuel. Pour moi qui suis étranger, il y a quelque chose de sublime. Ce sont des sons, des odalisques, des volutes. C'est magnifique et j'adore inscrire ça parce que je le vois comme un dessin en fait.
Une identité discrète
Lorsque nous avons abordé la question de la présence de l'artiste en Grèce, ce dernier a déclaré qu'il aimait partager son travail, mais il ne cherchait pas à être omniprésent. Il a mentionné que des collectionneurs et des amateurs d'art achetaient ses œuvres en Grèce, mais que cela ne se limitait pas qu'aux Grecs, soulignant ainsi l'aspect universel de l'art.
Simon Buret est resté discret sur son activité de peintre, car il désire que les gens se concentrent sur son art plutôt que sur sa personne. Il a ajouté que pour lui, l'art était avant tout une forme d'expression personnelle et spirituelle, et qu'il préférait que les gens se connectent avec son travail de manière authentique.
Est-ce que vous aimeriez développer plus votre présence en Grèce ou voulez-vous garder ce lieu comme lieu de création ?
Moi, si je pouvais, je serais partout. En fait, je pars du principe que pour tous les domaines d'expression d'un artiste, il faut prendre la parole, que si on a quelque chose à te dire, il ne faut pas juste être là parce que tu es là et que t'as envie de te dire regardez-moi ! Parce que c'est sans fin et c'est le monde d'aujourd'hui qui appelle ça et qui me fait peur. J'aime bien au contraire me fondre dans les pierres et s'il y a quelque chose qui doit être montré, c'est mon travail avant moi. Et donc oui, s’il y a déjà des gens qui s’intéressent à mon travail et qui veulent le voir en Grèce ça serait avec plaisir.
Lors de cette interview, l’exposition que nous vous présentons aujourd’hui n’était pas encore confirmée. L’artiste sera exclusivement à partir de jeudi 14 septembre jusqu’au 17 septembre de 12:00 à 21:00 au Art Athina – Nil Gallery – Zappeion Mansion.
Son rapport à la Grèce
Une " renaissance " en Grèce
L'artiste a partagé une anecdote personnelle survenu à Naxos étant enfant. Il a raconté qu'il s’était noyé et avait dû être réanimé sur la plage ; une expérience marquante qui avait laissé une empreinte indélébile sur lui. Cela l'a amené à réfléchir à une sorte de « double naissance » et à développer un lien spécial avec la Grèce.
Qu'est-ce qui vous plaît en Grèce pour en avoir fait un pays d'adoption ?
" Je pense que la Grèce a toujours été un pays en mouvement, de voyage entre les peuples et les cultures. Mais il y a quelque chose d'intact. Ce qui me fascine, c'est la jeunesse grecque qui est consciente de son histoire. Elle est très engagée politiquement. J'ai souvent des conversations avec des jeunes qui assistent à des conférences, des spectacles, qui votent, et qui sont vraiment intéressés par leur nation. Ils aiment leur pays, et il y a un profond respect pour les traditions parmi les jeunes, ce que je trouve magnifique. Tout le monde connaît les chansons traditionnelles, il y a des célébrations de dates spéciales qui ont un sens. C'est un pays très connecté à son histoire, et c'est ce que j'apprécie.
Comment réagit votre entourage lorsque vous mentionnez vivre en Grèce ?
La Grèce, cela touche tout le monde profondément. Il y a quelque chose d'intact en Grèce, une aspiration à l'épanouissement. Le rêve dans l'esprit des gens. Quelque chose dans l'imaginaire collectif qui touche les bons sentiments, malgré tout ce que l'on peut lire, traverser ou ressentir. La Grèce reste préservée. Dans l'imaginaire collectif, il y a cette idée du bonheur et de la douceur de vivre, même si je sais que ce n'est pas entièrement vrai. Enfin, comme tous les pays, il y a des hauts et des bas, des problèmes et des réalisations. Le cadeau de ce pays, c'est cette nature incroyable et cet héritage extraordinaire. C'est vraiment merveilleux de pouvoir se baigner en face du temple d'Apollon par exemple... La Grèce est le berceau de notre société.
Son rapport à la culture grecque
Depuis 2009 où il vit en Grèce, il a pris le temps de s'imprégner également de la culture grecque et nous rappelle des grands noms de peintres locaux tels que Tetsis, Fassianos ou encore Tsarouchis.
Si on parle des peintres que j'ai pu connaître en Grèce, en habitant en Grèce, parce que malheureusement ils ne sont pas trop connus ailleurs, ce sont des artistes qui ont quand même une image ancrée très fortement.
Nous avons également abordé la question de la tradition et de la culture grecque, demandant si cela avait un impact sur l'artiste.
Tout ce que je ne connais pas m'attire. Je ne sais pas si c'est l'idée de la tradition, car ce mot m'a toujours un peu effrayé en raison des abus possibles, mais il est intéressant de voir un certain respect pour les anciens. Cela me plaît beaucoup. Je pense qu'en Grèce, il est impossible d'abandonner ses grands-parents, c'est culturellement inconcevable, ce qui me rend triste quand je vois des choses similaires en France. C'est difficile de les comparer, mais j'apprécie cet amour pour les personnes âgées en Grèce. Il est authentique et palpable, et cela me plaît énormément.
Auriez-vous des oeuvres littéraires à nous conseiller ?
Le " Colosse de Maroussi " m'a vraiment marqué. C'est un chef-d'œuvre reconnu, mais quand on le relit aujourd'hui en 2023, c'est comme Rimbaud. On sait que c'est un chef-d'œuvre, mais il est un peu en retrait dans la vie quotidienne. En le relisant aujourd'hui, on est fasciné par la vérité absolue qui se trouve toutes les deux pages. Cette vision d'un homme qui raconte tous les extrêmes.
La Grèce est un pays qui ne fait pas dans la demi-mesure, que ce soit dans sa colère, sa joie, sa musique, sa cuisine ou sa lumière.
Les poèmes de Séféris sont également très puissants. Et il y en a un autre qui me vient à l'esprit, " L'Été grec ". Cela me fait penser à ces moments où il raconte son voyage en Grèce et les ermites qu'il a rencontrés au Mont Athos. C'est à partir de là que j'ai eu envie de les voir. Suite à la lecture de ce livre, j'ai pensé qu'il devait y avoir des ermites avec un certain don de voyance, et ce côté mystique m'intéresse.
La Grèce facilite vraiment l'expérience du mystique, car l'accès à la nature est facile. Vous n'avez pas besoin d'être religieux pour trouver une profonde spiritualité ici.
Enfin, notre artiste a partagé son désir de découvrir de nouvelles régions de la Grèce, notamment Delphes et les Météores. Il a évoqué sa fascination pour ces lieux uniques au monde et l'impact qu'ils pourraient avoir sur son art.
En conclusion de cet échange puissant, nous avons décidé de reprendre une réponse de l'artiste qui résume la vie en Grèce.
Je vis dans un endroit où les oiseaux chantent le soir. C'est fascinant de voir ce qui se passe. Tout est dans les arbres, dans la manière dont ils poussent entre les rochers, dans les oiseaux qui passent dans la brume, sur les îles lointaines. Tout cela est merveilleux, et je n'ai jamais rien vu de tel. Je l'ai vécu en Grèce, et j'ai pu observer ces merveilles dans de nombreux endroits du pays. Je comprends pourquoi les touristes sont attirés par tout cela. Je suis même surpris que cela n'ait pas encore été détruit, car même sur des îles plus connues que je connais, je peux dire que certaines ont été abîmées, mais la magie de la lumière reste. Le soir, lorsque tout le monde se tait et que l'on contemple Dieu devant soi, c'est vraiment très fort.