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Monastère Sainte-Catherine: de la tension à l’accord entre la Grèce et l’Égypte

Un accord historique garantit désormais la protection du site et la préservation de sa vocation religieuse, mettant fin à une crise diplomatique qui avait réveillé de vieilles inquiétudes entre Athènes et Le Caire.

SinaiSinai
Écrit par Stéphanie Bordier
Publié le 19 octobre 2025, mis à jour le 21 octobre 2025

Un haut lieu spirituel au cœur d’une crise diplomatique

Longtemps symbole de foi et de coexistence pacifique au cœur du désert du Sinaï, le monastère Sainte-Catherine a connu en 2025 l’une des plus vives turbulences de son histoire récente. Ce haut lieu du christianisme orthodoxe grec, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, s’est retrouvé au centre d’un différend juridique et diplomatique entre la Grèce et l’Égypte, avant qu’un accord ne vienne finalement apaiser les inquiétudes et sceller sa protection à long terme.

Tout a commencé lorsqu’un tribunal du gouvernorat du Sud-Sinaï a rendu une décision controversée déclarant que les terres sur lesquelles repose le monastère « appartiennent à l’État égyptien en tant que propriété publique ». Ce jugement, perçu en Grèce comme une menace directe contre le statut du monastère, a suscité une onde de choc à Athènes. L’archevêque d’Athènes, Mgr Ieronymos, a dénoncé une décision « scandaleuse », évoquant « une grande épreuve pour l’hellénisme et l’orthodoxie ».

Le gouvernement grec, surpris par ce revirement, a rapidement réagi. Le ministre des Affaires étrangères Giorgos Gerapetritis a rappelé qu’il n’existait « aucune marge de déviation » par rapport aux accords antérieurs garantissant la liberté religieuse du monastère. Dans les milieux ecclésiastiques grecs, la crainte grandissait de voir le site confisqué ou transformé par les autorités égyptiennes.

 

Face à cette indignation, Le Caire a tenté d’éteindre l’incendie. Le président Abdel-Fattah al-Sissi a assuré que la décision de justice ne signifiait nullement une confiscation, mais visait au contraire à mieux encadrer la protection du site. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères égyptien a insisté sur le fait que « le monastère Sainte-Catherine et ses sites historiques restent totalement intacts », rappelant la volonté du pays de préserver leur valeur religieuse et archéologique.

Un accord historique pour préserver le statut du monastère

Dans les semaines qui ont suivi, les discussions diplomatiques se sont intensifiées. Athènes et Le Caire ont cherché à apaiser les tensions, conscientes du symbole que représente ce lieu pour le dialogue entre les religions. Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a salué les assurances données par les autorités égyptiennes, réaffirmant que « la tradition du monastère et sa personnalité juridique doivent être intégralement respectées ». Cette phase d’apaisement a permis de rétablir la confiance entre les deux partenaires, déjà liés par une coopération régionale étroite.

L’affaire a trouvé son dénouement à l’automne 2025. Après plusieurs mois de pourparlers, la Grèce et l’Égypte ont annoncé un accord final sur le futur du monastère. Kyriakos Mitsotakis a déclaré que ce texte « garantit le caractère du monastère à perpétuité », précisant qu’il interdit toute conversion ou changement d’usage des lieux de culte. L’accord, qui doit être formellement signé, prévoit la création d’une commission conjointe gréco-égyptienne chargée de veiller à la protection du site et au respect de son statut particulier.

Ce compromis marque la fin d’une crise diplomatique et symbolise un renouveau de coopération entre les deux pays. Pour la Grèce, il s’agit d’une victoire diplomatique, confirmant la sauvegarde d’un patrimoine spirituel majeur. Pour l’Égypte, c’est l’occasion d’affirmer son rôle de gardienne d’un lieu sacré respecté par les trois grandes religions monothéistes.

Perché depuis plus de quinze siècles au pied du mont Sinaï où, Dieu parla à Moïse, le monastère Sainte-Catherine demeure un symbole vivant de paix, de foi et de dialogue. La crise de 2025 aura rappelé combien cet équilibre reste fragile, mais aussi combien la volonté politique peut préserver un patrimoine universel.

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