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Les Cyclades face aux enjeux touristiques et économiques

Si les touristes étrangers affluent de plus en plus sur les îles des Cyclades, la population grecque n’a plus les moyens de partir en vacances dans ces archipels de la mer Égée.

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Écrit par Lepetitjournal Athènes
Publié le 23 août 2024, mis à jour le 26 août 2024

 

Ça a commencé juste après la fin du premier confinement dû au Covid19. Les prix des billets de ferry et d’avion ont augmenté, pour combler un peu le déficit causé par la pandémie. Le coût des hébergements a aussi grimpé en flèche, donnant l’opportunité aux plus fortunés de voyager, et laissant les populations grecques sur le carreau. Avec cette inflation, elles ne peuvent plus s’offrir des vacances décentes dans les Cyclades.

 

Le surtourisme en Grèce 

Face à ces changements, les communautés locales tentent de se faire entendre. Mais elles observent la transformation de leurs îles, et particulièrement l’arrivée du tourisme de masse. Les touristes viennent en grand nombre, et le flux n’est pas forcément maîtrisé, surtout à Santorin et Mykonos.

Ces deux îles ont rapidement vu leur population augmenter, et apparaissent aux yeux du monde comme l’un des exemples les plus marquant du surtourisme. Et de plus en plus d’îles des Cyclades suivent cette voie.

En 2023, la Grèce a enregistré un nombre record de touristes : 32,7 millions. Situation d’autant plus affolante pour Santorin. L’île a accueilli 3,4 millions de visiteurs, le tout pour une population d’à peine 15 500 personnes.

 

L’immobilier et la surconstruction en Grèce

Avant l’arrivée du Covid19, les Cyclades étaient en proie à une autre crise, qui perdure encore aujourd’hui. Entre 2017 et 2018, les grands acteurs grecs du marché immobilier commencent à envahir le marché intérieur cycladique.

Même si la capitale hellène a été la première touchée, les îles ont rapidement suivi le mouvement. Il est très difficile de s’installer sur le long terme à Santorin ou Mykonos, car les locations à court terme prennent le dessus sur le marché immobilier. Sur les îles, où le mètre carré est très limité, les locataires réguliers peinent à trouver un endroit pour rester.

Il a donc fallu aux locaux trouver des solutions, pas toujours légales, pour pouvoir habiter les îles. De nouvelles routes ont été creusées à travers les champs, transformant les parcelles cultivables en terrains pour de futures constructions habitables. Les plus grosses parcelles, qui, en vertu des lois de l’époque, ne pouvaient pas être divisées et bâties, sont désormais des terrains de jeu pour les investisseurs.

Les îles grecques, et les Cyclades en particulier, sont à un tournant de leur histoire. Les habitants et ceux qui ont choisi d’y installer leur résidence permanente ou secondaire sont face à un problème bien visible : la détérioration des paysages et de l’identité insulaire au profit du surtourisme et des investissements immobiliers massifs.

 

Le gouvernement grec dans le déni

L’État grec n’a fait que nier ces phénomènes qui se répandent même sur les îles dites « alternatives » et celle qui étaient autrefois considérées comme trop éloignées pour être populaires.

Il refuse d’arrêter les constructions effrénées en dehors des zones constructibles, de prendre des mesures draconiennes pour freiner l’expansion des AirBnB et la construction de nouveaux hôtels. Il ne veut pas limiter le nombre de navires de croisière qui accostent et augmenter la distance de construction par rapport à la côte. Face aux risques qui planent sur les Cyclades, le gouvernement ne semble pas vouloir bouger le petit doigt.

Seule la ministre du Tourisme, Olga Kefaloyanni, à l’air préoccupée par le sort des Cyclades. Dans un entretien à l’APF, elle a déclaré : « Nous devons protéger certaines îles comme Santorin ou Mykonos, joyaux de la couronne du tourisme grec ». « Nous devons établir des quotas parce que c’est impossible pour une île comme Santorin […] d’avoir cinq paquebots de croisière qui arrivent en même temps », a-t-elle poursuivi.

 

L’appel à l’aide du maire de Santorin

Mais derrière ce manque de considération, certains sont prêts à s’imposer. C’est notamment le cas de Nikos Zorzos, le maire de Santorin. « Je demande à ce qu’aucun lit supplémentaire ne soit autorisé […], que ce soit dans de grands hôtels ou pour de la location sur AirBnB », a-t-il déclaré. Il poursuit : « Nous devons fixer des limites si nous ne voulons pas sombrer dans le surtourisme ».

Pour une île d’une superficie de 83 km2, l’année dernière, 800 paquebots de croisière ont accosté, avec près d’1,3 million de passagers, d’après l’Association hellénique des ports.

Les autorités locales ont décidé d’instaurer, dès 2025, une jauge de 8.000 croisiéristes par jour, pour limiter l’afflux touristique.

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