Nikos Logothetis, un jeune artiste grec italien, créé depuis 6 mois, peintures et gravures sur Zinc au bâtiment 59 de la rue Rivoli. Un espace de création atypique, où l'art bât son plein au c?ur d'une des plus fameuses artères Parisienne
Cela fait déjà deux ans que Nikos et sa compagne ont décidé de quitté leur pays natal, l'Italie, pour Paris, à la recherche d'une nouvelle vie avec pleines de nouvelles perspectives et d'opportunités. Lui artiste, elle architecte, ils croient fortement qu'en France l'art n'est pas encore négligée et continue à occuper une place essentielle dans la vie sociale, contrairement à ce qui se passe au sein des deux pays d'origine de Nikos : la Grèce et l'Italie. « Là-bas, il n'y a plus d'espace pour l'art. Il n'est plus question de vivre de son art. Sinon, j'irais certainement travailler en Grèce, c'est mon rêve » explique Nikos qui garde toujours un lien fort avec la Grèce, patrie de son père qui visite régulièrement. Selon lui, aujourd'hui, même à l'heure de la crise « les gens s'intéressent plutôt à acheter un iPhone qu' un tableau. Il préfèrent payer pour aller boire un verre plutôt qu'aller visiter une exposition ». Pourtant, Nikosnous certifie qu'en France aussi la situation est difficile, mais pas impossible : « Il faut du temps et de l'effort ».
Actuellement, le maintien de son atelier chez Rivoli 59, lui donne l'opportunité de créer et de présenter son travail sous le regard d' un grand public qui visite quotidiennement cet endroit atypique. En parallèle de son travail d'artiste, Nikos travaille aussi comme chef cuisinier dans un restaurant italien du quartier Bastille. Une profession principale qui lui permet de vivre.
Un espace de création atypique
Nikos, a découvert par hasard cet endroit de la rue Rivoli. Il s'agit que d'un bâtiment entièrement dédié à l'art au sein de l'une des rues les plus fréquentées de Paris. Même si on ne connaît pas son existence, sa façade réussit bien à attirer l'attention des passants puisque il constitue une sorte d'intervention artistique dans l'ambiance Haussmannienne de la ville. Comme une voix qui nous invite à entrer, toujours gratuitement, et à découvrir à la fois l'art, la création artistique et l'artiste lui même.
Ce bâtiment de six étages, accueille trente ateliers artistiques dont vingt sont dédiés aux artistes permanents, qu'on appelle « les noyaux ?durs » et dix, réservés aux artistes résidents qu'on appelle les « électrons libres » et qui peuvent y rester pour une durée de six mois maximum. « Il s'agit d'une vraie opportunité » raconte Nikos, puisque « avec une petite somme d'argent, on a la possibilité d'avoir un atelier au centre de la ville».
Pour autant, pour arriver jusque la, rien n'était facilement acquis pour ce collectif d'artistes de « noyaux durs ». En presque 14 ans, il leur a fallu surmonter des litiges avec l'Etat français pour qu'ils obtiennent finalement le droit d'y rester. Au début, ils ont commencé par occuper ce bâtiment abandonné et vide comme un « squat ». Par la suite, les artistes ont obtenu officiellement leur espace et ils ont monté une association sous le nom de « Rivoli 59 ». Une vraie réussite tant pour les artistes que pour tous les amateurs d'art et de la création artistique en tant que telle.

Carrefour artistique, culturel et humain.
« Ici, on travaille sous le regard des gens. Au début c'était bizarre mais maintenant je suis habitué. Cela me fait même
plaisir puisque il s'agit d'une vraie interaction avec le public » souligne Nikos qui est déjà au 6ème mois de son séjour au Rivoli 59. En ce qui concerne son expérience de partage de création artistique avec d'autres artistes, il décrit que « bien qu'il n'y ait pas des échanges évidents sur son travail, on coexiste et on co-crée avec des artistes totalement différents de nous et c'est d'une expérience précieuse. En plus, ici ce qui compte le plus, c'est l'artiste en tant que personne, même si son travail n'est pas artistiquement si bon ». Quant à l'absence des artistes grecs et espagnols, Nikos déplore que c'est à cause du coût élevé de la vie à Paris : «Bien qu'on reçoive beaucoup de demandes d'artistes grecs et espagnols, à la fin ils abandonnent car ils ne peuvent pas supporter le coût très élevé de la vie ici. C'est triste.»
La force du regard
Par le travail de Niko (peintures et gravures sur zinc), on se rend compte de la grande importance qu'il donne à son environnant. Par exemple, dans sa série d'?uvres intitulées « fenêtres », il montre la vue qu'il aperçoit d'une fenêtre, métamorphosée par sa propre vision, son propre regard. Il peut s'agir d'une vue d'une fenêtre du centre Pompidou ou même du bâtiment Rivoli 59. « Je prends des photos de ce que je vois, je sors le dessin à l'ordinateur et après je ne sais pas ce qui se passe exactement en moi, je n'arrive pas à l' expliquer, mais il se fait » dévoile Nikos. « Le concept est toujours le même : la ville, les bâtiments et le soleil. Je suis tout à fait influencé par l' espace environnemental dans lequel je vis et je travaille. »
En quête de soleil
« Le soleil, la famille et les amis sont ceux qui me manquent le plus. Je vais vivre quelques années ici mais après je vais rentrer soit en Grèce, soit en Italie. Mon rêve est de vivre un jour en Grèce. C'est le pays qui me manque le plus. Si ce n'est pas pour moi, je l'espère ce sera pour mes enfants » confie Nikos qui laisse transparaître le soleil dans ses oeuvres. En effet, le soleil représente son Ithaki, une île de la mer Ionienne, à l'ouest de la Grèce où il vivra un jour.
Eva Tzimourta (www.lepetitjournal.com/athenes) Jeudi 6 mars 2014

























