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La nature revient frapper aux portes des villages grecs

Une renaissance écologique qui provoque cependant la peur et la colère dans les zones rurales, où les attaques se font plus fréquentes.

Ours en GreceOurs en Grece
Écrit par Lepetitjournal Athènes
Publié le 8 décembre 2025, mis à jour le 9 décembre 2025

En Grèce, on assiste à un retour spectaculaire de grands prédateurs tels que l’ours brun et le loup, ainsi qu’à une prolifération de sangliers. Selon l’ONG Arcturos, la population d’ours bruns dans les forêts du nord a presque quadruplé depuis les années 1990, avec environ 870 individus recensés. Les loups ne sont plus confinés aux zones montagneuses reculées : ils ont étendu leur territoire vers le sud, jusqu’aux abords d’Athènes et dans le Péloponnèse. Parallèlement, la population de sangliers a explosé. La réduction de la chasse, des hivers plus doux et l’hybridation avec des porcs domestiques ont contribué à ce phénomène.

 

Plusieurs bergers ont vu leur troupeau attaqué par des ours

Les animaux s’aventurent de plus en plus près des villes et des villages ruraux, voire à l’intérieur des zones habitées, à la recherche de nourriture ou simplement parce que leur habitat naturel devient fragmenté. Face à cette situation, les éleveurs se sentent de plus en plus menacés. Dans des villages comme Levea ou Valtonera dans le nord‐ouest de la Grèce, plusieurs bergers ont vu leurs troupeaux attaqués par des ours. Un fermier témoigne de trois de ses moutons morts sur le sol, les empreintes d’ours bien visibles.

 

Les éleveurs appellent les pouvoirs publics à intervenir davantage

 

Pour se protéger, certains déplacent désormais leurs troupeaux dans des enclos proches de leurs habitations ou renforcent la surveillance la nuit. Mais les coûts augmentent et l’insécurité se fait sentir. Les éleveurs appellent les pouvoirs publics à intervenir davantage. Que ce soit via des indemnités, des mesures de protection renforcées, ou même des autorisations de chasse plus larges. Le sentiment est que la conservation, jusqu’à présent privilégiée, oublie parfois les réalités quotidiennes des familles rurales.

Le risque lié retour de ces animaux se fait également sentir chez les habitants.  Dans certains cas, des ours sont entrés dans des propriétés, et, plus rare mais symbolique, un loup a attaqué une fillette de cinq ans sur une plage de la péninsule de Chalkidiki. Dans les villages concernés, beaucoup affirment qu’il est difficile de sortir la nuit tant les animaux apparaissent à proximité des habitations.

Pour les sangliers, les dégâts se font aussi sentir : cultures ravagées, jardins envahis, mais aussi risques de collision sur route. Ces phénomènes renforcent l’inquiétude des habitants et fragilisent le consensus social autour de la « réussite » de la conservation.

 

Il faut traiter les causes profondes de la proximité animaux-humains

 

Le gouvernement grec réfléchit à des mesures de régulation plus strictes. Dans certains cas, des prélèvements ciblés sont envisagés pour les loups, notamment après des attaques avérées, et la prolongation de la saison de chasse pour les sangliers est demandée par les autorités locales. Des mesures de cohabitation sont promues : éclairage des abords de village, élimination rigoureuse des déchets ou cadavres d’animaux pour ne pas attirer les prédateurs, renforcement des clôtures et des enclos pour les troupeaux.

Mais les spécialistes avertissent que la simple chasse ne suffit pas. Il faut traiter les causes profondes de la proximité animaux-humains : fragmentation des habitats, désertification rurale, mauvaises pratiques de gestion des déchets et des animaux domestiques errants. La situation en Grèce illustre bien l’ambiguïté de la question : d’un côté, le retour des grands carnivores et des sangliers est un signe écologique positif qui reflète un regain de vie sauvage. De l’autre, ce retour crée de sérieux défis pour la sécurité des habitants et la viabilité des exploitations rurales. Il faut trouver un équilibre entre la préservation de la faune et la protection des hommes pour que cette cohabitation devienne possible plutôt que conflictuelle.

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