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ENTRETIEN - Pierre Vaesen, ambassadeur de Belgique en Grèce

Écrit par Lepetitjournal Athènes
Publié le 1 décembre 2008, mis à jour le 13 novembre 2012

Après 30 ans de carrière diplomatique, Pierre Vaesen, ambassadeur de Belgique en France, revient sur ses 17 ans passés aux quatre coins du monde avec sa famille. Installé en Grèce depuis l'été dernier, il nous livre ses impressions sur le pays, soulignant les bonnes relations entre ces deux partenaires mais également ses attentes

Pierre Vaesen, Ambassadeur de S.M. le Roi des Belges (Photo Ambassade)

- Lepetitjournal.com : 17 ans en poste à l'étranger, quelles sont les grandes étapes de votre parcours ?
Entré dans le service diplomatique en 75, je pars d'abord en poste à Barcelone, juste après la dictature franquiste, au moment des premières élections démocratiques. Un séjour bref de 6 mois pour me familiariser avec l'étranger et apprendre une langue. C'est ensuite en Pologne communiste de 78 à 80, à l'époque de Solidarité que nous avons aménagé, puis au Sénégal de 80 à 83, période de transition avec la démission du président Senghor, première démission volontaire d'un chef d'état en Afrique, et l'arrivée au pouvoir d'Abdou Diouf.
Après Londres de 83 à 88, en charge des questions politiques et culturelles, j'ai été nommé ambassadeur au Togo et au Ghana, avec résidence à Lomé, pendant 2 ans. Ambassade que nous avons fermée en 1990 pour raisons budgétaires. Je suis ensuite devenu consul général au Katanga, poste que je n'ai jamais occupé puisque qelques semaines après ma nomination, au printemps 90, a éclaté une crise politique entre le Zaire du maréchal Mobutu et la Belgique.
J'ai ensuite choisi de partir à Tokyo, en tant que ministre conseiller de cette grande ambassade, un choix dicté par l'éducation de nos enfants afin qu'ils restent dans le système français. D'ailleurs, mon fils a ensuite passé son bac dans l'excellent lycée français de Casablanca où j'étais consul général pendant 3 ans. Nous avons alors demandé de rentrer en Belgique, notamment pour que nos enfants puissent entrer à l'Université là-bas. Je suis ensuite reparti en tant qu'ambassadeur en Israel pendant 2 ans, puis à Kiev et à Bangkok jusqu'en 2004. De retour à Bruxelles, j'ai été directeur de cabinet du ministre de l'aide au développement.

- Quelles sont vos impressions après près d'un an à Athènes ?
C'est un poste très agréable, très intéressant, souvent considéré, psychologiquement et politiquement, comme un peu périphérique par les diplomates. En effet, la distance est insignifiante entre Bruxelles et Athènes en terme d'heures de vol mais il existe un certain isolement psychologique qui est l'héritage du passé, du fait que ce pays ait été coupé pendant plus de quatre siècles du reste de l'Europe sous occupation ottomane. Mais la Grèce rattrape très vite ce retard économique et social depuis son entrée dans l'UE. La société évolue très vite et se rapproche finalement de la société de l'Europe de l'Ouest en terme de conditions de vie et de conception de vie.

- Quels sont les grands axes de votre mission ?
Tout d'abord, développer les relations bilatérales dans un contexte déjà très favorable puisque nous faisons tous deux partie de l'UE et de l'Alliance Atlantique. La Grèce est d'ailleurs un partenaire très motivé, très mobilisé, toujours parmi les pays les plus militants en terme de construction et d'intégration européenne. Avec des positions sur le plan politique très proches, pour ne pas dire identiques à celles de la Belgique.
Développer des coalitions. Ensuite, il y a de nombreux échanges que nous pouvons développer dans tous les domaines. L'UE devient une grande organisation de 27 pays. Et la Belgique, pays de taille et d'importance moyenne au sein de l'UE, a intérêt à dialoguer et à échanger avec des pays qui ont les mêmes intérêts, comme la Grèce, pour faire entendre sa voix.
Echanges commerciaux. Nous sommes le 7ème pays exportateur vers la Grèce donc nous sommes un partenaire important en terme d'échanges économiques. Une vingtaine de sociétés belges assez importantes ont investi dans différents secteurs : chimique, pharmaceutique, distribution ... Nous avons un partenariat avec Alpha Bita, par exemple.
Sur le plan culturel. Il n'existe pas de programme de coopération permanente mais nous essayons de développer des actions dans plusieurs contextes, comme celui de la francophonie. Nous participons au Festival du film francophone. Je reviens de Thessalonique où a été diffusée une rétrospective des oeuvres des frères Dardennes qui ont reçu un prix spécial. L'année prochaine, deux expositions seront consacrées à des peintres belges, James Ensor et Paul Delvaux, au Benaki en septembre 2009 et à Andros à la fondation Goulandris cet été.

- Un petit mot sur la communauté belge en Grèce ?
C'est une petite communauté, très bien intégrée, que nous chiffrons à 3 000 personnes. Nombreux sont ceux qui ont la double nationalité et les couples mixtes. Leurs besoins sont limités par rapport à l'ambassade. Nous essayons de maintenir les contacts. Il existe deux associations, l'une francophone et l'autre de langue néerlandaise qui collaborent étroitement.
De l'autre côté, celui des Grecs de Belgique, la communauté est très importante, du fait de l'immigration dans les années 60. Là aussi, l'intégration est très forte.
Ce qui me frappe, c'est le nombre d'étudiants grecs en Belgique, ils sont des milliers. Nous essayons donc de constituer des listes afin de créer un réseau d'informations et de relations. Je lance d'ailleurs ici un appel aux anciens étudiants grecs de Belgique qui lisent Le Petit Journal !
Propos recueillis par Delphine Millet Prifti (www.lepetitjournal.com/athenes.html) lundi 1er décembre 2008

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Publié le 1 décembre 2008, mis à jour le 13 novembre 2012

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