Rencontre avec Valérie Vassilicos qui nous raconte son intervention en tant que chef d’îlot, mais aussi son émotion, lors des incendies meurtriers de juillet 2018 en Grèce.
Qu’est-ce qu’un chef d’îlot ?
Dans le cadre du plan de sécurité, l’ambassade de France a mis en place un dispositif d’îlotage. Les ressortissants français vivant dans un pays étranger, et inscrits au consulat, sont répartis par îlot, chaque îlot ayant son propre chef. Le chef d’îlot est désigné sur une base de volontariat.
Sans aucune responsabilité administrative, c’est l’intermédiaire entre les ressortissants français et le consulat. Il doit donc se faire connaître auprès des ressortissants résidant dans sa zone géographique (en leur envoyant un e-mail par exemple), expliquer sa mission et leur demander de mettre à jour leurs coordonnées (postales, téléphoniques, etc.). Ainsi, en cas de situation d’urgence, le chef d’îlot peut les appeler directement afin de savoir s’ils vont bien, ou s’ils ont besoin d’aide, et transmettre les informations appropriées selon le cas de crise.
Valérie Vassilicos, Chef d’îlot dans la région de l’Attique
Valérie Vassilicos, Franco-Grecque, vit à Rafina. Elle est responsable de l’îlot 16, celui qui correspond au pourtour de l’Attique, d’Elefsina à Rafina, en passant par Oropos. Même si elle a le même nombre de ressortissants que les autres chefs d’îlot (à peu près 420), sa zone géographique est particulièrement vaste, ce qui ne facilite pas vraiment son travail : « j’ai besoin d’assistants qui seraient mes yeux et mes oreilles », explique-t-elle.
En effet, son rôle est d’être proactif en cas de situation d’urgence. Si sa zone géographique l’empêche de savoir ce qui s’y passe à tout moment, comment peut-elle accomplir sa fonction correctement ?
Valérie, témoin des incendies de l’été 2018 en Grèce
Dès que les feux se sont déclarés dans son secteur, elle est allée aider des gens à évacuer avec son mari : « Dès le début, dans l’urgence pour aider ce qu’on pouvait aider sur le moment. » Puis elle a commencé à appeler, avec l'aide d'une amie, tous ses ressortissants un à un et s’est rendu compte qu’elle leur apportait le soutien qu’ils n’attendaient pas. Ce coup de fil les rassurait et leur rappelait qu’il y a tout un système derrière, prêt à les aider en cas de besoin. « C’était un gros soulagement pour beaucoup de gens. Même pour ceux qui n’ont pas perdu leur maison dans les feux, c’est un gros choc ! » raconte-t-elle.
Je sentais que je donnais du courage à ces gens-là. Ils ne se sentaient pas seuls. Pour moi, c’est surtout ça le travail du chef d’îlot.
Les incendies de 2018 lui ont donc fait comprendre la réelle utilité de sa fonction. Pas matérielle, non. Psychologique. La plupart des ressortissants allaient bien, d’autres ne répondaient pas au téléphone. Cela a valu des petites doses d’angoisse, mais la saison aidant, la majorité des ressortissants étaient en vacances. Deux ressortissants français ont perdu leur maison durant ces incendies, du moins ceux inscrits sur la liste de son îlot. Valérie a fait remonter l’information aux services consulaires qui ont contacté les victimes le plus vite possible pour leur expliquer la démarche à suivre.
L’après-coup de cette tragédie nationale
Ces incendies meurtriers ont fait plus de 90 morts. Valérie est traumatisée. « On voyait les flammes sauter pour aller allumer un feu plus loin. Le vent était trop puissant. Pendant deux mois, dès que le vent soufflait fort, l’angoisse et la panique montaient. » dit-elle.
À la question du suivi psychologique, Valérie répond avec amertume que la municipalité n’a rien fait et ne fait rien. Heureusement, une association grecque de Nea Makri propose un soutien psychologique gratuit pour les victimes des incendies.
Photo credit : @ Sisyphos23 [CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)]
Jusqu’à l’été dernier, le rôle de chef d’îlot pour Valérie se cantonnait à mettre à jour sa base de données en contactant les ressortissants par e-mail ou téléphone. Maintenant Valérie est convaincue de l’utilité de ce dispositif réactif et surtout, qui permet une présence des autorités françaises au plus près des ressortissants dans le besoin. Elle souhaiterait cependant l’améliorer avec une visualisation des ressortissants sur une carte. L’idée serait de pouvoir situer en un coup d’œil les zones concernées par la situation d’urgence afin d’appeler en priorité les ressortissants les plus proches de cette zone.
Valérie regrette le manque d’implication des autorités locales suite à cette tragédie. Beaucoup de personnes ont été traumatisées par ces feux, et aucun suivi n’a été engagé. Ni d’actions pour faire en sorte que ce qui est arrivé n’arrive plus. Les citoyens cherchent de plus en plus à s’organiser par eux-mêmes. Un des ressortissants de l’îlot 16, pompier, qui s’était proposé de faire une information sur la sécurité incendie, bien avant cette catastrophe, a été rappelé par Valérie. Une réunion d’information sur la sécurité incendie et les premiers gestes de sauvetage aura lieu bientôt.
Fervente défenseuse de l’environnement, ces incendies ont ravagé la nature qui faisait de sa région son charme. Afin de retrouver cette nature disparue, Valérie essaie de mettre en place différents projets, notamment un visant à informer sur la re-végétalisation d’une terre qui a été brûlée.
Informations pratiques
- Pour savoir qui est votre chef d'îlot :
Il suffit de réclamer votre relevé intégral de Registre en consultant le site officiel de l'administration française et en suivant la procédure de ce document.
- Si vous souhaitez devenir chef d'îlot ou adjoint au chef d'îlot :
Contactez directement le consulat par téléphone au +30 210 3391200 ou par email : athenes.consul-france@diplomatie.gouv.fr