Alors que le pays est bercé par une cuisine faite majoritairement à base de crudités et de viandes, Aristotelis Panagiotaros a fait le choix de se spécialiser dans un domaine méconnu dans la gastronomie grecque: le chocolat. Ici pourtant, le chocolat a commencé à se faire un nom qu’au milieu du XIXème siècle. Il n’est ni particulièrement populaire, ni prisé par les locaux. Le chocolatier vient de fêter les 10 ans de sa chocolaterie il y a peu, l’occasion parfaite d’aller sentir et peut-être déguster quelques chocolats !
Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir chocolatier dans un pays si peu friand de cette douceur ?
A vrai dire, je ne pensais jamais que ce métier me serait destiné puisque j’ai tout d’abord commencé ma carrière en cuisine en tant que chef. C’est seulement beaucoup plus tard, lorsque je suis allé en Italie pour travailler avec un grand chocolatier italien, que je me suis vraiment intéressé au chocolat. Après cela, j’ai été bercé par la culture à la fois créative et artistique dans la manière des italiens à envisager le chocolat au point de décider de continuer à me spécialiser dans le domaine. J’ai donc logiquement choisi de m’installer à Paris pour étudier la pâtisserie qui met bien sûr au centre de ses desserts le chocolat. Encore plus tard, j’ai décidé de travailler avec le grand chocolatier français Patrick Roger, c’était une expérience fantastique. C’est à partir de ce moment que je me suis passionné complètement pour le chocolat et que j’ai choisi d’en faire mon métier à part entière.
Comment avez- vous réussi à vous affirmer en Grèce et comment expliquez-vous le succès de votre chocolaterie Darkside of chocolat?
En 2010, quand je suis rentré en Grèce afin d’ouvrir ma propre chocolaterie, ma nation était particulièrement touchée par la Crise de 2008. C’était terrible, la plupart des chocolateries athéniennes fermaient les unes après les autres et le chocolat était pratiquement devenu un produit de luxe. Lorsque j’ai fondé ma chocolaterie à Athènes, je savais le risque que je prenais mais je me sentais prêt. J’avais fait mes armes à l’étranger et me sentais capable de réussir ce challenge. Cela a payé puisque j’ai reçu un fort intérêt des athéniens dès l’ouverture de mon enseigne. Ces malheureuses circonstances m’ont permis de forger ma place plus rapidement qu’escompté. Il n’y avait d’ailleurs pratiquement plus aucune concurrence dans mon secteur quand je me suis installé dans la capitale.
Est ce Patrick Roger qui vous a permis de réaliser ce choix de vie en participant à votre passion pour le chocolat ?
Pour moi Patrick Roger a été la rockstar de ma vie. Dès que j’ai regardé des vidéos de lui sur Youtube afin de découvrir le personnage, j’ai su que nous allions très bien nous entendre. il est un petit peu fou comme moi (il rit…) et en plus de cela nous partageons les mêmes passions. Lorsque nous travaillions ensemble, nous écoutions des musiques de rock en même temps que nous préparions nos différents chocolats dans une bonne humeur générale. Je n’aurai pas pu espérer un meilleur démarrage et bien sûr que Patrick Roger est à l’origine de mon amour pour ce métier.
Les goûts en matière de chocolat entre les deux pays doivent être différents, quand est-il exactement ?
Je trouve qu’à la différence des français, les grecs aiment beaucoup plus les saveurs dites « basiques » qui sont nos grands classiques dans notre domaine. Je pense par exemple aux chocolats « Rose Marie » qui fonctionnent très bien parce qu’ils sont justement simples et bons. Vu que les grecs n’ont pas une connaissance étoffée du chocolat, ils s’orientent vers des saveurs leur permettant de découvrir cette culture le plus facilement possible. C'est pour cela que tout ce qui est élaboré paraît comme « étrange » pour la plupart des grecs concernant le chocolat.
Que représente le business du chocolat en Grèce ?
Cela fait maintenant 10 ans que je suis implanté ici et je suis heureux d’avoir pu résister en ayant établie une bonne réputation. C’est déjà un bon départ. Au-delà de cela, je suis encore plus heureux de me rendre compte que le chocolat plaît à tout le monde, de tout âge et de tout type. Pour moi je vois le chocolat comme un moyen de donner du bonheur aux gens. C’est doux, c’est sucré, c’est plein de saveur, encore une fois ce n’est que du bonheur. Tout ce que j’espère c’est que le chocolat continue à animer les esprits et entretenir les relations sociales. Surtout en cette période de crise où les gens oublient parfois d’être heureux. J’aimerai pouvoir changer cela à mon échelle du mieux possible. Je sais que quand j’ouvrirai à nouveau la chocolaterie aux clients, je contribuerai à leur bonheur. En entrant dans le mond de Dark side of chocolat ils pourront déguster des bons chocolats tout en écoutant du bon rock et ça, ça me rend heureux. Tout le monde est content au final, non ?